Egor, Prague.

21 2 0
                                    

Il ne se sentait pas très à l'aise ce dimanche matin. Comme s'il pressentait, grâce à une sorte de sixième sens, que cette journée ne serait pas de tout repos. Il décida d'aller se réveiller avec un bon café dans un établissement se situant à quelques bâtiments de celui où se trouvait Jeanne, réfléchissant à un plan devenu superficiel. Le hasard voulut qu'elle regarde par une des baies vitrées du restaurant au moment où Egor passait devant. Elle avait suffisamment regardé sa photo pour savoir qu'il s'agissait bien de sa cible. Elle posa quelques pièces sur la table et quitta hâtivement le bâtiment, laissant son café à moitié bu sur la table.

"monsieur ! monsieur Votrochev !" quelqu'un venait d'interpeller Egor dans un Tchèque assez approximatif. L'inconnue avait commis une erreur de débutante : prononcer son nom sans être suffisament proche de lui. En effet, ce n'était pas la première fois que des personnes lui étant étrangères tentaient de prendre contact avec lui. Tous voulaient lui extirper l'information de comment il avait commis les vols. Sa réaction, venant avec l'habitude, avait été presque automatique. Il tourna dans la première ruelle à sa droite et se mit à détaler, manquant renverser quelques passants. Sa poursuivante ne se fit pas prier et se lança après lui au pas de course. Elle avait l'avantage d'être assez fine et donc, par la même occasion, relativement légère, ce qui n'était pas le cas d'Egor. Il décida que la meilleure solution pour la semer était d'user de sa petite "manche secrète" comme il aimait à l'appeler. Mais d'abord il devait prendre de l'avance. Si elle le voyait user de son pouvoir ça ne pouvait pas être bénéfique pour lui. Il monta à toute vitesse, barreau par barreau, l'échelle à incendie du bâtiment devant lequel il s'était arrêté un court instant pour réfléchir. Il fallait la semer par les toits. Personne, ou presque, ne connaissait prague aussi bien que lui. Arrivé en haut, il entendit le grincement caractéristique de l'échelle. Décidément, elle était bien plus rapide qu'il semblait. Il prit donc son élan et sauta jusqu'à la bâtisse d'en face.

Les toits. Il n'allait quand même pas sauter de toit en toit tel un ninja. Jeanne regretta de n'avoir pas pris de chaussures de course mais se félicita d'avoir pensé à laisser celles à talons dans le placard. Sa cible semblait savoir ce qu'il faisait, il faudrait être vigilante. Elle sauta sur le même bâtiment que Votrochev, quelques secondes plus tôt, et continua sa course.

Il fallait qu'il réussisse à atteindre l'entrepôt abandonné, sa cachette habituelle. Une fois qu'il y serait il n'aurait plus rien à craindre. Les portes étaient épaisses de vingt centimètres et en acier renforcé. Il passa encore quelques immeubles avant d'arriver devant (puis à travers) le fameux entrepôt. Malheureusement pour lui, Jeanne avait eu le temps de voir sa destination, malgré son léger retard sur lui.

Jeanne se tenait devant la porte métallique, sachant déjà ce qui lui restait à faire. Elle avait vu suffisamment de films d'espionnage et de science-fiction pour ça.

Egor, encore occupé à reprendre sa respiration et à essayer de remettre de l'ordre dans ses idées, ne remarqua pas tout de suite la lueur venant de la grande porte. Une fois qu'il eût compris ce qui se passait, trois pensées le parcoururent. Sa première pensée fut la question de comment elle avait pu courir avec un chalumeau sur elle. Sa deuxième pensée fut destinée au petit grésillement et à l'éléctricité statique qui emplissaient de plus en plus intensément la pièce. sa troisième pensée fût que tout ce qu'il avait demandé était un simple café.

Des dieux parmi les hommes (terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant