Mari, Steve.

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Après une journée particulièrement épuisante de marche accompagnée de luttes diverses avec les habitants naturels du coin, ils trouvèrent finalement un arbre assez large pour pouvoir s'y installer sans craindre les animaux rampants. Steve grimpa donc, en donnant des coups à l'ecorce afin de créer des sortes de marches, Mari accrochée à son dos. Bien qu'il n'eût aucune sensibilité physique à toute forme de contact, le fait de la savoir contre lui lui procurait une certaine forme de bien-être. Il ne lui avait jamais vraiment dit ce qu'il pensait d'elle, encore moins ses sentiments. Elle avait été la première personne qui n'eût montré aucune crainte ni aucun malaise face à sa condition. Pas même au premier regard. Et c'était précisément la raison pour laquelle il était tombé follement amoureux d'elle, depuis le moment où il avait senti son regard posé sur lui pour la toute première fois. Il était presque certain que son amour pour elle ne pourrait jamais lui être rendu de façon égale. Il s'en fichait complètement, car dans le monde de Steve, quelque chose d'aussi simple que la présence de celle qu'il aimait était tout aussi bien que n'importe quel mariage.

De son côté, Mari voyait clairement ce qui se passait dans le cœur de Steve. Et bien qu'elle n'ait jamais envisagé une seule fois la moindre relation plus intime, avec lui comme avec tout agent des nettoyeurs, professionnalisme oblige, que celle qu'ont deux collègues ayant un bon contact, penser qu'un homme, en particulier quelqu'un d'aussi innocent et honnête que Steve, soit capable de l'aimer ainsi l'emplissait d'une émotion qui lui était assez nouvelle et qu'elle n'avait pas encore pu identifier. Un oiseau, probablement un rapace, vu ses cris peu harmonieux, commença, à lui tout seul, l'équivalent en matière d'abomination sonore de deux concerts de "thrash-metal" simultanés. Mari ne croyait en aucun dieu et ce n'était certainement pas cette horreur qui lui ferait changer d'opinion. Ce maudit volatile la déconcentra tellement qu'elle en oublia presque comment elle s'appelait. En réalité, c'était surtout la fatigue, et comme Steve la déposa avec toute la douceur dont pouvait faire preuve un massif rocheux doué de parole sur une branche aussi épaisse que trois hommes, elle s'endormit immédiatement, tandis que l'oiseau mélomane s'envolait au loin, afin, probablement, de déranger d'autres créatures par son chant cacophonique.

Des dieux parmi les hommes (terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant