Ruedi Birke, Winterthur, Suisse.

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Le temps ne cessait d'empirer depuis quelques temps. Si bien que Ruedi avait dû ressortir sa polaire. Et on n'était qu'en fin novembre. Il se trouvait actuellement à un arrêt de bus à Winterthur, en suisse. Ses frissons n'étaient pourtant pas le genre qu'on devrait avoir avec un temps pareil. C'étaient plutôt des frissons d'inquiétude. Il connaissait fort bien la différence, ayant passé sa vie avec cette petite particularité qui était la sienne. D'aucuns auraient parlé d'animosité forte, de comportements primitifs, mais au fond de lui, il savait ce qu'il en était vraiment. Il se trouvait qu'il était similaire à un léopard, ou encore un tigre : vif, fort, et doté d'un instinct animal plus que fonctionnel. C'est cet instinct qui était en train de lui hurler de toutes parts qu'il devait fuir. Pourtant, de peur de trop se faire remarquer, il avait appris à ignorer cette voix. Au lieu de réagir d'une façon à attirer l'attention inutilement, il décida d'opter pour la solution calme. Il jeta, d'une lassitude feinte, un regard circulaire dans les environs pour éventuellement repérer le danger imminent. Il était seul. Du moins c'est ce qu'il avait crû, jusqu'au moment où il entendit quelqu'un se racler la gorge à moins d'un mètre à sa droite. Il fit brusquement volte face, pourtant certain de n'avoir vu personne quelques secondes auparavant. Un jeune homme (il ne devait pas avoir plus de 23 ans), se tenait assis là, juste à côté de lui, sur le banc de la station de bus. "c'est bon, paniquez pas, j'ai lu votre dossier. Je voulais pas vous faire fuir alors j'ai décidé de tenter la feinte." lança le jeune homme, nonchalant. Il avait un accent allemand irréprochable. "Vous avez l'air perturbé alors je vous explique. Je suis membre d'une organisation visant à aider les gens comme vous. Les gens comme moi. Ils m'ont aidé, moi aussi, grâce à eux j'ai même pu trouver un emploi à ma convenance. Voyez ?" il demanda à Ruedi si il pouvait s'allumer une sèche ou si cela le dérangeait. "Non, non, allez y, mais ce qui me travaille, là, pour être honnête, c'est une simple question : que voulez vous de moi ? Je veux dire, vous allez pas tout simplement me prendre sous votre aile sous le simple prétexte que j'ai des griffes et des dents un peu pointues. Alors vous voyez, moi, je suis pas vraiment fan des arnaques." à voir l'air surpris qui se lut soudain sur le visage de l'étranger, il ne s'était pas attendu à avoir à répondre à des questions aussi pertinentes d'un type portant une moustache. Ruedi le fixa encore un instant dans les yeux, d'un air mi-menaçant, mi-amusé par ce manque flagrant d'expérience. D'un coup, il se leva, tourna le dos au petit novice, prit son élan et courut aussi vite que ses jambes le lui permettaient. Il s'attendait à être pris en chasse par le jeune homme mais tout ce qu'il entendit, fût un étrange bruit, similaire au tic-tac régulier d'une horloge. Soudain, le désagréable petit bruit méchanique cessa. C'est là qu'il le sentit. Il n'en était pas certain mais il se pouvait que son cœur vienne de lâcher. Il s'arrêta net et tomba à genoux. Le jeune homme apparut comme par magie devant lui, accompagné d'un deuxième homme, en capuche. "Bien joué, N" lança-t'il. "Et toi, le chaton, t'aurais mieux fait de simplement me suivre" sur quoi Ruedi se dit qu'il aurait surtout du commencer à courir plus tôt. Ce fût là la dernière pensée de Ruedi Birke. Ensuite, le noir complet. Plus rien.

Des dieux parmi les hommes (terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant