Olivier, colonel Adrien Magellin, frontière franco-belge.

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Après leur conversation assez infructueuse avec le petit garçon, les deux soldats qui l'avaient trouvé l'avaient immédiatement ramené à leur base afin que le colonel puisse en juger par lui-même. Magellin était dans le milieu militaire depuis déjà deux décénies, et quand on constatait les cicatrices sur son visage, il était assez difficile d'avoir des doutes sur le fait qu'il avait fait la guerre. Plusieurs guerres, d'ailleurs. Il n'était pas le genre de personnalité avec qui on faisait des plaisanteries quotidiennement. Magellin était pourtant un homme juste et bon. Il n'avait jamais tué personne durant les combats, avait toujours fait en sorte que ses ennemis soient neutralisés sans avoir à mourir. Ainsi, quand les soldats Charles et Thierry pénétrèrent dans la salle de contrôle, où il était occupé à superviser l'un des passages de routine d'un drône au dessus des ruines de la capitale belge et de ses alentours visant à retrouver de potentiels survivants, il eut peine à cacher sa désolation face à l'allure misérable d'Olivier. Celui-ci était vêtu dans ce qui ressemblait fortement à une taie d'oreiller trouée et il était pieds nus. Ses pieds, d'ailleurs, bien que sales, ne présentaient aucun signe des dommages qu'auait du lui causer la marche sur les débris, déchets et autres matières coupantes que l'on trouvait disséminés un peu partout dans le pays. Il ordonna à ses deux subordonnés de retourner à leur poste afin de parler seul à seul avec le garçon. Chose qui lui semblait assez judicieuse étant donné que personne, pas même les soldats eux-mêmes, n'aimait vraiment parler de vécu personnel devant tout un paquet de militaires armés.

Arrivés dans son bureau, il posa la question la plus pertinente qu'on aurait pu poser : "Écoute, je suis certain que tu es sous le choc, avec ce qui s'est passé, mais je dois te demander une chose. Les deux messieurs que tu as vu en arrivant m'avaient précisé, avant que vous arriviez, que tu ne venais sûrement pas de l'extérieur du pays. Alors ma question est simple, d'où viens-tu exactement?"

-De Bruxelles, monsieur.

-Et tu étais là-bas quand il y a eu l'explosion ?

-oui, monsieur, j'étais à la maison, je regardais la télé quand ça a fait boum.

-et elle était où ta maison ?

-juste à côté de l'école pour les grands, monsieur.

-tu parles de l'université, je suppose. Celle avec le grand parc où on peut voir des perroquets ?

-c'est ça, monsieur.

Lorsqu'il comprit que ce jeune enfant avait été littéralement à quelques dizaines de mètres de l'emplacement présumé de l'impact, il dût s'assoir un moment afin de remettre ses idées en place. Décidément, il était vraiment trop vieux pour ces conneries.

Des dieux parmi les hommes (terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant