Olivier, Le Colonel Magellin, Frontière Franco-Belge.

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Le petit garçon avait passé toute la journée au lit, dormant à poings fermés. Ce qui avait permis au colonel de mener quelques recherches au sujet de ce jeune miraculé. Il avait très vite été fixé sur la véracité des propos d'Olivier. A présent, il ne savait plus comment se positionner à son sujet. Le garçon était clairement un cas qui méritait des investigations plus profondes, mais il demeurait tout de même un enfant, et aucun enfant ne devrait avoir à vivre ce genre de situations de "semi-pénitence", encore moins après le choc qu'avait dû être l'attaque de Bruxelles.

"Monsieur ?" entendit-il une petite voix demander derrière lui, alors qui'il était affairé à remplir son rapport de mission, concernant un nouvel essai de survol en drone aux résultats peu concluants. "Je suis désolé mais je voulais aller manger et je suis tombé, ça fait pas mal mais j'ai quelque chose dans le ventre. Tu peux regarder, monsieur ?" Le colonel se retourna, souriant, pour consoler le jeune enfant, mais son sourire se changea vite en un mélange entre de la stupeur et du dégoût quand il vit dans quel état se trouvait Olivier. Un morceau de bois, probablement un des pieux situés un peu plus loin, à proximité d'une ferme abandonnée, transperçait le petit de part en part, au niveau de l'estomac. Olivier ne semblait pourtant pas avoir mal et pour ce qui était de la peur, il avait plutôt l'expression de l'enfant qu'on va gronder quand il a fait une bêtise. Quand le colonel finit enfin par reprendre ses esprits, il demanda au garçon de bien vouloir venir vers lui. Après lui avoir demandé si ça faisait mal, ce qui lui avait valu un regard perplexe qui semblait dire "pourquoi est-ce que ça ferait mal ? Ce genre de maladresses m'arrivent à peu près tous les matins !" il prit une paire de ciseaux sur la table sur laquelle il travaillait tranquillement, à peine quelques minutes auparavant, et s'empressa de découper le T-shirt de l'enfant. Encore un peu sous le choc, sa main dérapa, ce qui provoqua une coupure de quelques centimètres de long sur le torse d'Olivier. Il allait se lever pour chercher une mallette de premiers secours quand son regard se posa à nouveau sur la blessure. Quelle ne fût pas sa surprise lorsqu'il pût voir celle-ci se refermer, en l'espace de quelques secondes, sous ses yeux ébahis. Comprenant enfin l'absence totale d'inquiétude de la part du jeune enfant, ainsi que la raison pour laquelle il n'avait subi aucune séquelle de l'explosion, pourtant survenue à quelques centaines de mètres de chez lui, il agrippa fermement le pieu de ses deux mains, demanda à Olivier de compter avec lui jusqu'à trois, puis, tira d'un coup sec l'objet en bois, l'éjectant du corps du pauvre enfant. Comme il l'avait prédit, le trou causé par le pieu commençait déjà à se refermer. Il fût comme hypnotisé par la reconstruction de tous les organes, tissus et autres ossements, se régénérant à une vitesse inhumaine. Ce fût à ce moment que le colonel Magellin sût ce qu'il allait faire du petit Olivier. Il connaissait bien le gouvernement pour lequel il travaillait, et savait ce qu'ils feraient avec l'enfant, s'ils venaient à découvrir sa capacité de régénération. Il allait donc faire quelque chose d'extrêmement dangereux, complètement fou, même, mais qu'il savait être la meilleure chose à faire. Il ne rejoindrait probablement plus jamais l'armée, et serait même sûrement emprisonné pour ce qu'il s'apprêtait à faire, mais cet enfant était bien trop spécial pour qu'il fasse passer son emploi avant lui. "Ce soir" pensa-t'il "à la tombée de la nuit, je prendrai cet enfant avec moi et nous partirons le plus loin que nous le pourrons. Pourquoi pas même quitter le continent ? Si je vole un des hélicoptères de la base nous pourrions arriver en Grande-Bretagne avant l'aube."

Des dieux parmi les hommes (terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant