Icar Pariguos, océan atlantique nord.

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Une tempête se préparait. Icar craignait l'orage plus que tout autre événement naturel. À ses yeux, c'était comme si Dieu ne voulait pas qu'il parte. Icar était un Brésilien né dans les favellas, élevé dans les favellas et il serait probablement mort là-bas si il n'avait pas pris le premier bateau clandestin partant pour Porto. Il ne possédait pas beaucoup d'argent. À vrai dire, il n'en possédait pas du tout, mais il avait réussi à s'obtenir une place sur le paquebot pour deux raisons : il était capable de vous concocter un miracle gustatif avec un poisson et quelques patates et il avait un certain talent, autre que la cuisine. Icar était un télékinésiste, il pouvait déplacer toutes sortes d'objets par la pensée. Il avait réussi à se faire passer pour un magicien de rue grâce à quelques tours de cartes et s'occupait à présent de l'alimentation (il utilisait aussi son don pour pêcher) et du divertissement. Mais cette nuit n'était pas vraiment sa nuit. Il avait le mal de mer depuis maintenant trois jours et ça n'en faisait que cinq qu'ils étaient partis de son pays natal avec, jusqu'alors, une seule escale non loin du honduras. L'appel d'un des membres de l'équipage, un certain sebastian, l'extirpa de ses souvenirs. "Qu'est-ce que tu fous encore sur le pont ? Le capitaine me fait envoyer te chercher depuis un quart d'heure pour que tu te bouges les miches et nous fasses tes fichus tours avec tes verres et tes jeux de cartes bidons !" Avec cette tempête imminente, il était obligé de crier pour se faire comprendre. Icar répondit qu'il n'était pas bien et demanda à sebastian d'aller dire à raùl, leur capitaine, qu'il désirerait faire une petite pause, côté représentations, le temps que la tempête se calme. Sur quoi Sebastian lui balança (comme à son habitude bien accompagné de jurons) une bonne vieille réplique provocatrice. "Qu'est-ce que je peux bien en avoir à putain de foutre ? moi aussi ça me les brise tes spectacles de cabarets, mais t'es pas à Ibiza ici, faut te bouger le cul si tu veux pas être largué à la prochaine halte, ducon". Icar n'était pas quelqu'un de particulièrement patient, même s'il faisait de son mieux. "Ton opinion personelle, tu peux te la mettre là où le soleil ne brille jamais, d'accord ? je remplis de mon mieux et quotidiennement deux rôles qui ont arrêté d'être amusants après les deux premiers jours alors je peux bien faire une pause de deux jours tout au plus. Tu dois savoir ce que c'est, t'es quoi déjà ? femme de ménage ?" sur quoi Sebastian se lança sur lui à toute puissance tel un taureau enragé. Le premier réflèxe d'Icar aurait été d'esquiver mais il avait été trop lent et son adversaire était déjà presque sur lui. Il fut alors contraint de passer au plan B et de suivre son instinct. Il envoya Sebastian à bien dix mètres au dessus du pont avant de le relâcher quand il réalisa ce qu'il venait de faire. Là aussi, il fit une monumentale erreur, et Sebastian partit s'écraser la tête la première sur le pont, se brisant la nuque, et mourut sur le champ. Heureusement, il n'y avait eu aucun témoin à la scène et toujours personne dans les parages. Ayant appris à se débrouiller dans ce genre de situations depuis bien longtemps, il fit ce qu'il fallait faire, si il tenait à sa propre vie. Il partit vite chercher un bout de cordage et un sac de pommes de terre de 5 Kg dans la remise (il avait la chance de savoir où ils se trouvaient, grâce à se petite vocation) attacha le sac avec le cordage à la jambe du jeune homme et le jeta au large, après avoir vérifié que personne n'était là. Après ça, il se dit qu'il vaudrait mieux ne pas éveiller les soupçons et qu'il pourrait bien reporter sa pause surprise à un autre jour ; il se rendit donc dans une des petites pièces, qu'on avait installé comme une salle de jeux à l'américaine pour faire ses fameux "spectacles de cabarets".

Des dieux parmi les hommes (terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant