Chapitre 18

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Je ne prévins aucun loup de mon arrivée imminente et après quelques directives laissées à Daniel, je partis. Nous avions convenu d'une liaison téléphonique journalière afin que je puisse gérer au mieux l'avancement des évènements. Mon retour sur le sol américain me permettrait aussi de rencontrer les membres de la lignée vivant sur ce continent et qui n'avaient pas pu se joindre à nos réunions en personne pour des raisons logiques de distance.

De nos jours, les familles étaient « éclatées » dans le sens où leurs membres vivaient un peu partout sur la planète. Cependant, par tradition et habitude, les sept familles primordiales, c'est-à-dire celles siégeant au Conseil, gardaient leurs « fiefs ». Cela signifiait qu'elles gardaient le contrôle dans la zone qu'elles occupaient depuis des millénaires et les vampires étrangers devaient adapter leurs prérogatives en conséquence. Par exemple sur le continent américain, mes hommes devaient composer selon les règles de Lord Byron. Il s'agissait là encore de jeux politiques et de combats de coq, mais cela se passait relativement bien en général. La seule zone relativement tendue à l'heure actuelle restait l'Europe du Nord et de l'Est, le domaine de Lord Berg.


Le stress ne cessa de croître tout le long du trajet. Le temps passait à une lenteur exaspérante et mon impatience se mêlait à toutes sortes de craintes. Me laisseraient-ils revenir ? Comment serais-je accueilli ? Toutes sortes de pensées accablantes tournoyaient dans mon esprit mais je fis en sorte de toutes les rejeter une par une. Je faisais ce que j'avais besoin de faire. Et en ce moment-même, tout mon corps me criait de rejoindre la meute.


Après des embouteillages pour sortir de Missoula et des heures de route interminables, je finis par arriver en vue de Silver Lake. Je m'arrêtai, encore assez loin pour observer la ville dans son intégralité. Face à la forêt, au lac scintillant, je retrouvai ma quiétude. Je sus alors que j'avais fait le bon choix.


Lorsque j'arrivai, vers l'heure du dîner, chez les Markham, le portail était resté ouvert. Je rentrai dans la cour et sortis de la voiture que j'avais louée pour aller toquer. Ce fut Alec qui m'ouvrit et il fut réellement surpris de me trouver sur le pas de sa porte. Pour sa défense, j'avais masqué mon odeur et ne m'étais pas annoncé. Je me précipitai contre lui dans une étreinte qu'il me rendit. Je l'entendis inspirer profondément puis se détendre contre moi.

— Qui est-ce ? résonna la voix d'Adele.

— C'est Corwyn, répondit l'Alpha.

— Ah ! Je savais bien qu'on aurait un invité surprise ce soir, répliqua-t-elle.

Et en effet, lorsque j'entrai dans la cuisine, la table était mise pour cinq et non pas quatre comme elle aurait dû. Je pris place et le repas reprit le plus naturellement du monde. Bon sang, qu'il faisait bon être de retour chez soi...


Une fois avoir réussi à faire comprendre à Adele que non, je n'avais plus faim, je réussis à m'isoler avec Alec dans le salon. Nous avions des choses à nous dire.

Le loup nous servit des verres de whisky et j'acceptai le mien avec plaisir. A défaut d'améliorer ma diction, l'alcool dénouerait-il peut-être ma langue.

Après un moment de silence gênant, ce fut Alec qui amorça la conversation :

— Merci de m'avoir...ramené. Je n'ai pas eu le temps de te remercier avant que tu ne partes.

Je grimaçai, me sentant coupable alors même que ses mots ne visaient pas ce but. J'avais lâchement fui, car j'avais paniqué.

— Ce n'est rien...tentai-je.

— Rien ? J'étais mort ! s'écria l'Alpha.

Il disait vrai. Je l'avais ramené à la vie. Pour autant, je ne voulais pas m'appesantir là-dessus.

Silver LakeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant