Alec avait crié mon nom, mais je ne m'étais ni retourné ni arrêté. J'avais continué de courir jusqu'à me retrouver près de l'étang où nous nous étions arrêtés, Alec et moi, lors de notre dernière course à travers bois.
Je m'accroupis au bord de l'eau, tremblant. Après m'être rafraîchi, je reculais jusqu'à finir adossé contre un arbre. Je repliai mes genoux contre mon torse et les enserrai de mes bras. Je me sentais perdu. Les sentiments que j'avais, comme qui dirait, balancés à la figure d'Alec étaient bien présents, je m'en rendais compte maintenant. J'avais juste préféré me voiler la face auparavant. Mais la jalousie, le manque, l'envie de sa présence, étaient autant de signes irréfutables d'une attirance réelle. Mais lorsqu'il m'avait embrassé, que je m'étais retrouvé coincé contre cet arbre, j'avais paniqué. A cause de Nick, de ce qu'il m'avait fait.
Des larmes coulèrent le long de mes joues et je les essuyai d'un geste rageur. Pleurer n'arrangerait pas mon affaire, pourtant je devais reconnaître que ça me faisait du bien, un peu. Petit à petit, j'évacuai le trop plein d'émotions. La frustration, la peur, l'angoisse, l'envie, le désir. Un maëlstrom d'émotions se déchaînait en moi et se déversait en excédant lacrymal. Je forçais ma respiration tremblante à redevenir régulière et mes sanglots cessèrent. Je me mis alors à réfléchir.
La réaction d'Alec montrait vraisemblablement que mes sentiments étaient partagés. Sinon, je doute qu'il m'ait embrassé comme il l'avait fait, avec une telle intensité, une telle passion. Il était donc trop tard pour que nous nous voilions la face et j'allais être confronté à cette attirance. Cette simple pensée m'envoya un frisson désagréable le long du dos et je me recroquevillai un peu plus. Car qui disait attirance, disait désir, et qui disait désir, disait sexe. Or à l'heure actuelle, je doutai être capable de coucher avec un homme, même s'il s'agissait d'Alec. Pour autant, je le désirais, sans aucun doute. Mon corps avait tout de suite répondu au sien tout à l'heure avec une manifestation tout à fait masculine qui m'avait compressé dans mon pantalon.
Plongé dans mes réflexions, je n'avais pas entendu le loup qui avait pénétré dans la clairière. Il se racla la gorge, me faisant sursauter :
— Je peux m'asseoir ? demanda Alec.
J'acquiesçai et il se laissa tomber à mes côtés, sans me toucher néanmoins. Après un silence gênant, il prit la parole :
— Ce que tu disais tout à l'heure...tu le pensais ?
Je pus déceler une note inquiète dans sa voix et m'en étonnai.
— Oui, je le pensais, murmurai-je.
Le loup soupira de soulagement et se pencha vers moi. Il attrapa mon visage d'une main, me forçant doucement à le regarder et je me laissai faire.
— Corwyn, mon adorable petit loup, je crois que je suis aussi amoureux de toi.
Il ponctua sa phrase d'un baiser, doux cette fois. Ses lèvres se contentèrent d'effleurer les miennes avant qu'il ne se recule, et cela ne provoqua aucune réaction négative chez moi, à mon plus grand soulagement, mais seulement des papillons agréables dans mon ventre.
— Ça faisait quelques semaines que j'y pensais, avoua Alec. Plus le temps passait, plus j'étais attiré par toi. Ton odeur, ta présence, tes sourires...J'étais avide de contact, de ta chaleur. J'ai d'abord mis ça sur le compte du lien particulier qui nous unit, avant de me rendre compte que je me voilais sûrement la face et que c'était une attraction d'une toute autre nature. Alors quand tu es passé aux aveux tout à l'heure, je n'ai pas pu résister et je t'ai sauté dessus, je le reconnais. D'ailleurs, pourquoi t'es-tu enfui ?
— Je..., commençai-je avant de chercher mes mots. Des mauvais souvenirs sont remontés. Nick, tout ça, fis-je en baissant la voix.
— Oh je suis désolé ! Je n'avais pas pensé que tu puisses réagir comme ça, répondit Alec d'un air piteux. Je...n'y avais pas pensé, répéta-t-il.
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Silver Lake
FantasiaCorwyn Alucard fuit depuis maintenant trois longues années les vampires à ses trousses. En arrivant à Silver Lake, il ne pensait pas que les évènements prendraient cette tournure. Maintenant, il est presque prisonnier de cette ville et de sa meute d...