Chapitre 26

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Je peux les entendre courir après moi. Je peux entendre les brindilles, les feuilles craquer sous leur poids. Ils sont plus lourds, je suis plus agile. Ils connaissent mieux la forêt. Je ne parviens pas à les distancer, mais ils ne parviennent pas à me rattraper. Cela fait des heures que la chasse dure. Je peux continuer longtemps, mais eux aussi.

La lune nous éclaire de sa lumière blafarde. Elle a une teinte presque maladive, ce soir. Pas ce beau blanc que j'aime, mais un jaune sale.

J'entends le souffle des bêtes, leurs râles, leurs cris. Je n'ai jamais eu aussi peur de ma vie. Je ne me suis jamais senti aussi vivant non plus.

Un se détache du groupe pour venir me prendre sur le côté. Je dévie de ma trajectoire pour faire capoter sa tentative. Mais, sûrement était-ce leur tactique, car l'écart que je fais me fait chuter dans une large crevasse. A peine atterri, je suis de nouveau sur mes pieds, mais c'est trop tard. Les chasseurs sont là.

Un premier loup, gris sombre peut-être, me saute dessus. J'esquive son attaque grotesque mais il continue à vouloir m'attraper de la sorte. Nous entamons donc cette danse macabre, deux adversaires se jugeant. 

Mais les loups chassent en meute, il m'est impossible de l'oublier. Bientôt, d'autres bêtes se joignent à la ronde et je peine de plus en plus à ne pas être blessé. J'écope de quelques morsures, je rends férocement les coups. Je finis pourtant par me fatiguer, et la meute m'a à l'usure.

Alors que je me recroqueville, que les coups de dents se font de plus en plus brutaux, j'entends qu'on m'appelle au loin...


— Corwyn...Corwyn ! Réveille-toi !

Je me redressais d'un coup dans le lit. Alec me regardait d'un air inquiet, alors que je faisais en sorte de calmer ma respiration et d'apaiser mon palpitant. Des bribes de mon rêve dansaient encore devant mes yeux alors que j'essayais d'en comprendre le sens.

— Ça va ? demanda mon Alpha d'un air inquiet.

— Oui, oui. Juste un mauvais rêve, le rassurai-je. Rendors-toi.

Il grommela quelque chose à propos des « mauvais rêves » qui me faisaient gémir et gigoter dans mon sommeil. Je m'allongeai sur le côté et le laissai m'étreindre. Lui s'apaisa vite, mais le sommeil me fuit pour le restant de la nuit.


Thé à la main, j'épluchais depuis une bonne heure les différents rapports que Daniel m'avaient fait parvenir. Tous détaillaient les rixes qui se multipliaient sur la côte ouest.

— Déjà debout ? questionna Alec en pénétrant dans la cuisine.

— Ouais, j'ai pas vraiment réussi à dormir cette nuit.

— Ah ? fit-il, une légère note inquiète dans la voix.

— Un peu trop de choses en tête.

L'Alpha s'assit face à moi en silence. Après avoir bu son café et poussé un soupire de contentement, il reprit :

— Tu bosses sur quoi ?

— Les récentes tensions entre loups-garous et vampire. Daniel m'a envoyé des rapports.

— Ça donne quoi ? s'enquit-il en venant lire derrière mon épaule.

— Pour l'instant, pas grand chose, soupirai-je. Je n'arrive pas à déterminer la raison de cette soudaine animosité. Les garous ne se prononcent jamais quand on les interroge à ce propos.

— C'est étrange en effet...Depuis quand ont commencé ces incartades ?

— Entre trois et quatre mois, environ.

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