Le bruit des pas sur la roche dure me fait frissonner. Mon ventre se tord déjà, se préparant aux coups qui vont pleuvoir. Je n'en peux plus. Je suis faible, affamé, mes plaies exsangues ne se referment plus.
Le loup rentre dans ma geôle, et s'approche de moi. Il me pousse du bout de sa botte. Je ne bouge pas.
— Eh, la sangsue, t'es vivante ?
Même si j'avais voulu lui répondre, je n'en avais pas la force. Plus la force. Même mes larmes s'étaient taries.
— Changement de plan pour toi, mon mignon. Notre patron veut que tu fasses un bel appât.
Ses mots entrent dans mes oreilles, mais sans faire de sens. Un appât ? Pour qui ? Pour quoi ?
— Direction la Nouvelle-Orléans, chantonne l'homme en sortant de ma cellule.
La Nouvelle-Orléans ? Cela ne présage rien de bon...
Un vertige me prit et une succession d'images passa devant mes yeux. Une grotte, les bottes d'un homme, et une porte entr'ouverte.
— Ça va ? me murmura Alec à l'oreille, qui avait senti mon trouble.
J'acquiesçai pour le rassurer, bien que l'absence de sens que je trouvais à ces visions m'inquiétait. Marie Laveau reprit la parole, interrompant mon flux de pensées :
— Avant toute chose, retranchons-nous où aucune oreille indiscrète ne pourra nous écouter.
Elle claqua des doigts, et nous nous téléportâmes dans un salon aux couleurs rouges. Je reconnus la maison que ma tante avait dans le Vieux Carré, au bord du Mississippi.
— La maison Alucard n'était pas assez sécurisée ? demandai-je.
— Mon cher neveu, depuis la mort de ton père, ses runes se sont malheureusement affaiblies. Elles restent très puissantes, mais je préfère m'entretenir dans un lieu dont je connais la sécurité, comprends-tu. Cependant, si tu le désires, j'irai personnellement tisser de nouvelles protections autour de ta maison.
— Avec plaisir, ma tante. Je dormirai plus tranquille également, avouai-je.
— Bien, fit-elle en se retournant vers l'ensemble du groupe. Nous allons montrer à ces inconscients qu'ils ont choisi le mauvais terrain de jeu. Ils sont bien fous de penser qu'ils pourraient traverser mes barrières sans en déclencher les alarmes. Même si j'avais été éloignée de la Nouvelle-Orléans, ils auraient été repérés. Mais nous allons jouer de cette illusion, en sabotant volontairement les runes.
— N'est-ce pas trop dangereux ? D'autres êtres pourraient pénétrer dans la ville sans que nous ayons conscience, avançai-je.
— Je guetterai leur arrivée, et au moment où ils feront usage du quelconque subterfuge censé leur permettre d'entrée sur mon territoire, je leur ouvrirai moi-même la voie.
— Et une fois dans la ville, Maîtresse ? demanda Antoine.
— Ensuite, nous les laisserons avancer jusqu'à mon tombeau, si tel est leur but. Mais nous les y attendrons, et de pied ferme. Je vais renforcer les défenses autour de mon caveau et sécuriser le cimetière.
— Et pour les habitations autour ? s'enquit Alec. Les bruits de nos affrontements risquent d'attirer l'attention, non ?
— N'ayez crainte, Messire Loup. Une fois que j'aurai activé mon sort, toute entrée et sortie du cimetière ne sera permise tant que je n'en aurai décidé autrement. Le bruit sera confiné à l'intérieur, et quiconque souhaitant s'aventurer près des champs du repos en perdra toute envie en s'approchant de mes runes;

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Silver Lake
FantasyCorwyn Alucard fuit depuis maintenant trois longues années les vampires à ses trousses. En arrivant à Silver Lake, il ne pensait pas que les évènements prendraient cette tournure. Maintenant, il est presque prisonnier de cette ville et de sa meute d...