Silver Lake

Chapitre 5

Après avoir pris une douche rapide pour me décrasser, je m'étais ensuite réchauffé un reste de pâtes carbonara qui me ravirent les papilles, et l'estomac. J'étais monté me recoucher après avoir englouti mon déjeuner, fatigué malgré mes maigres efforts.

Je me réveillai au bruit de la porte d'entrée s'ouvrant puis se fermant dans un claquement sec. Me frottant les yeux, j'enfilai à nouveau les vêtements que j'avais dévêtus avant de me glisser sous les couvertures et descendis voir qui était rentré. Il s'agissait de Kyle, comme l'avait prédit Alec. En me voyant, le jeune homme me sourit. Je lui demandai comment sa journée s'était passée. Une journée banale de cours résuma-t-il avant de me retourner la question. C'était à mon tour de lui expliquer en deux mots mes activités. La discussion se tarit rapidement d'elle-même et nous vaquâmes à nos occupations l'un et l'autre. Cet échange de banalités avait cependant rétablit un semblant de vie dans ma journée et j'en étais ravi.

La maison ne reprit vraiment vie lorsqu'Adele revint dans la grande bâtisse. Je pus assister depuis ma chambre au bruit d'une cavalcade vers la cuisine pour lui dire bonjour. Je préférais pour ma part rester bien sagement dans ma chambre, occupé à lire un des livres trouvés dans une petite bibliothèque en chêne, simple mais distrayant. La lecture était un plaisir auquel je n'avais pas pu m'adonner depuis bien trop longtemps et j'étais plus qu'heureux de feuilleter les pages entre mes doigts. Je pus écouter le même remue-ménage au retour d'Alec et l'activité se poursuivit pendant ce qui me semblait être la confection du dîner. Adele me donna raison en passant une tête dans ma chambre :

— Corwyn ? Nous dînons. Te joins-tu à nous ?

— Bien sûr. J'arrive, répondis-je doucement.

Elle me sourit avant de refermer la porte sans un bruit. Je posai mon livre, après avoir mémorisé la page où je m'étais arrêté. Je sortis de la pièce et empruntai les escaliers pour rejoindre la meute dans la cuisine. Arrivé-là, on me lança des sourires ou des regards mais les discussions ne cessèrent pas, et dans un sens, cela me fit plaisir. Je n'étais plus l'inconnu qu'on regardait du coin de l'oeil pour le surveiller. J'étais plus ou moins accepté. Pour autant, mon esprit logique me fustigeait en me disant que je n'aurais pas dû m'en réjouir.

Le repas se déroula dans les rires et la bonne humeur, comme cela semblait être la norme ici. Je pris la parole de temps en temps, mais dans l'ensemble je me contentais d'écouter. Je me sentais bien.

Trois jours passèrent selon un schéma routinier mais agréable. Alec attendait que je fusse levé et me tenait compagnie pendant que je mangeais avant de me dire qui rentrerait en premier. Ensuite, je partais courir en forêt ou continuais de m'entraîner aux couteaux et je pus constater que ma forme physique revenait. Cependant, ma blessure ne guérissait pas aussi vite que je l'aurais voulu et cela était pour moi le signe que je devais me nourrir. Mais je ne songeais pas à de la nourriture classique, plutôt à un bon verre de O positif. Je soufflai. Il m'était pour l'instant impossible de croquer la jugulaire de quelqu'un. Je trépignai donc d'impatience en attendant que ma blessure ne fusse plus qu'un mauvais souvenir et cela ne saurait tarder.

J'abordai ce sujet avec Alec lorsqu'il rentra, l'accaparant quelques instants.

— Ma blessure guérit bien, je vais pouvoir retourner travailler. Et je rentrerai chez moi par la même occasion.

— Chez toi ? répondit-il simplement avec un sourcil levé.

— Tu as bien compris...là où je crèche, soufflai-je

Il renifla d'un air de dédain avant de répondre.

— Ce taudis ? Tu es bien mieux ici Corwyn. Et tu peux continuer à travailler tout en restant habiter ici.