Chapitre 37

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Cachés par un sort de Marie, nous nous tenions en embuscade dans le cimetière de Saint Louis, depuis un point de vue dégagé sur l'entrée du caveau de la Maîtresse de la Nouvelle-Orléans. Cette dernière nous avait donné pour ordre d'attendre son retour, elle-même occupée à ouvrir le chemin aux ravisseurs d'Arthur.

Un instant après, la mage se tenait à nos côtés.

— Voilà, ils sont en route, nous apprit-elle. Je confirme qu'ils ont avec eux le jeune Médicis, et que leurs pas les mènent a priori au cimetière. Néanmoins, avant de sortir de notre manteau d'ombres, je souhaite savoir quels sont leurs desseins. Patience, donc.

Obéissant sagement aux ordres, nous nous tînmes immobiles, et nos ennemis ne tardèrent pas à arriver. Quatre loups-garous sous forme humaine escortaient une personne avec un sac en toile sur le visage. Arthur.

Plus surprenant, deux vampires se tenaient en retrait du groupe. Compte tenu des relations actuelles entre vampires et loups, leur présence était oiseau de mauvais augure.

Arthur trébucha sur une pierre du chemin et tomba face contre terre. Les mains liées dans le dos, il peinait à se remettre debout et je dus me faire violence pour rester immobile.

— Avance, saloperie, fit un des loups en lui donnant un coup de pied.

Le râle de souffrance de mon ancien amant me fit bouillonner. Je n'avais qu'une hâte, que Marie nous donne l'ordre d'attaquer. A mes côtés, je pouvais voir Antoine et Alec tout aussi désireux d'en découdre.

— Qu'est-ce qu'on fait maintenant ? demanda un loup aux vampires.

— On attend, répondirent ceux-ci à l'unisson. Notre allié ne devrait pas tarder à se montrer.

En effet, une silhouette se faufilait entre les tombes et parvint au groupe, devant le caveau de Marie. Le nouvel arrivant fit tomber sa capuche et t révéla le visage d'une jeune femme.

— Par tous les saints ! s'exclama Antoine à voix basse. C'est Daphné !

— Qui est-ce ? demandai-je curieusement.

— Une de mes mages, nous informa Marie. Je ne sais pas ce qu'elle prévoit, mais qu'elle profite de ses dernières minutes.

Le visage de la Reine du Bayou était sinistre. Nul doute, aucun des intrus, ou des traîtres, ne survivrait à cette nuit.

— Vous avez apporté le nécessaire ? s'enquit Daphné.

Pour toute réponse, un loup retira le tissu de la tête d'Arthur. La mage eut un hochement de tête approbateur avant de s'approcher de la porte du caveau.

— Je vais tisser le sortilège d'ouverture, pendant ce temps, prélevez de son sang.

Nous étions tous tendus comme des arcs, attendant le signal de Marie. Lorsque celui-ci vint, Alec et moi bondîmes vers nos ennemis, Antoine sur nos talons, tandis que la Reine de la Nouvelle-Orléans traçait quelques runes pour activer ses sorts. Un frisson de magie parcouru l'air alors que les barrières scellaient la zone, isolant le cimetière du reste du monde.

Les vampires furent les premiers à faire volteface. D'un geste, ils activèrent leurs protections, et nous nous heurtâmes sur le mur runique.

— Magie coopérative, indiqua Antoine après un rapide coup d'oeil à l'ouvrage.

Cela signifiait que le sort ne pourrait pas être brisé aussi facilement. La base de la magie coopérative était de créer un ouvrage à plusieurs tisseurs afin d'en augmenter le degré de complexité, le rendant ainsi beaucoup plus compliqué à détruire. C'était un art très compliqué que seuls peu arrivaient à maîtriser. Les vampires, visiblement jumeaux, avaient offert un temps précieux à Daphné, qui poursuivait son sort.

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