Silver Lake

Chapitre 29

Comme la veille, mon réveil fut accompagné de bribes de songe. Pas d'énorme fringale, cependant. Seulement un sentiment de fatigue inhabituel et une tension qui me faisait sursauter au moindre bruit. Je ne comprenais pas ces rêves. Les seules souvenirs que j'en gardais étaient des flashs de douleur, des émotions fortes, mais assurément négatives. La peur, la souffrance. Un frisson me parcourut et je me rendis compte que j'étais glacé. Alors que j'enfilais un pull, je me mis à greloter, transi de froid. Je m'effondrai au sol, incapable de me relever et me repliai en position foetale.

— Alec..., gémis-je faiblement avant de glisser dans l'inconscience.

Je me réveillai au bruit de l'eau qui coule. Mes sens se réveillèrent et j'eus un mouvement de recul alors que quelque chose me brûlait la peau.

— Chut, murmura une voix. Ce n'est que moi mon petit loup...

Dans les vapes, je mis un temps avant d'identifier la voix, me servant finalement de mon nez. Alec. C'était son corps contre le mien qui me brûlait. Etais-je froid à ce point ?

— Tu es glacé Corwyn. Qu'est-ce qui ne va pas ?

— J-je n'en s-sais r-rien, réussis-je à articuler alors que mes dents claquaient. J-je m-me suis r-réveillé et j-j'ai eu t-très froid.

Le bruit des gonds grinçants d'une porte me fit me recroqueviller de terreur. Je m'accrochai désespérément à Alec sans comprendre la raison de ma peur.

— Il ne va pas bien, commenta Alec et je compris qu'il parlait à l'autre personne.

Il releva ma tête d'une main douce et me fit ouvrir les yeux. Je le laissai faire avant d'enfouir à nouveau ma tête dans la chaleur réconfortante de son corps.

— On dirait un choc post-traumatique ou quelque chose comme ça. Il est terrorisé.

— Alec, fis-je piteusement, alors que les larmes me montaient aux yeux.

— Je suis là Corwyn...je suis là...

Il me serra contre lui alors que mon corps étaient parcourus de frissons et de sanglots. J'avais si peur...

Je sentis Alec bouger contre moi et je redressai la tête. Il était en train de se dévêtir, tant bien que mal, tout en me gardant le plus proche de lui possible. Il me fit retirer le pull que j'avais réussi à mettre et ce bref moment sans contact suffit à me faire gémir tant j'avais besoin de le sentir contre moi. Dès que cela fut à nouveau possible, je m'agrippai à lui. Il était maintenant nu contre moi et il me souleva tandis qu'il se relevait. Je ne compris sa manoeuvre qu'au moment où ma peau rencontra l'eau chaude, ce qui me fit glapir de douleur. Lentement, Alec nous immergea dans la baignoire. L'eau était moins chaude que sa peau mais j'avais quand même cette sensation de brûlure. Je m'habituai néanmoins à la chaleur, ce qui signifiait que je me réchauffais, sûrement. Pendant tout ce temps, Alec me serrait contre lui. Torse contre torse, j'avais mes jambes enroulées autour de ses hanches et mes bras croisés dans son dos. Ses mains caressaient mon dos ou me massaient les épaules. Je focaliser sur mes sensations corporelles me permettait de juguler ma terreur tant bien que mal.

— Ça va mieux ? demanda Alec.

— Ouais, un peu. Je grelotte plus.

Alec tendit la main et augmenta la température sur le mitigeur. L'eau se remit à couler et je continuais à me réchauffer, lentement mais sûrement. Je me détachai de lui et me retournai, plaquant mon dos contre son torse. Ses mains se croisèrent sur mon ventre dans un geste protecteur et je laissai échapper un soupire tremblant.

— Tu ne sais pas ce qui t'est arrivé ?

— Non...Ça fait quelques nuits que je fais des rêves bizarres. Hier je me suis réveillé affamé, et aujourd'hui, ça.