Chapitre 15

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Ely

Je ne sais pas comment agir, comment penser comme il le faudrait. Ça fait si longtemps que je n'ai pas vu ma mère fière de moi. Et voilà que je m'échappe avec Harry, sous ses yeux.

Il faudrait que j'agisse et que je pense comme elle le voudrait, je sais. Que je me raisonne. Que je sois saine d'esprit. Sage. Obéissante. J'ai été cette fille, un jour. Mais je ne le suis plus. Quelque chose a changé, a fait tourner les choses différemment.

Pas quelque chose, mais plutôt quelqu'un.

Quand je le regarde, je vois cette partie oubliée de moi. Ce côté caché que je garde endormi. Je me sens bien quand je suis à côté de lui, quand il me regarde je me sens belle, et quand il me parle je me sens forte. Quand il me touche, je me sens vivante.

Alors désolée si je te déçois maman, mais j'aime la personne que je suis quand il est avec moi.

-On arrive dans un quart d'heure environ, m'informe-t-il.

Harry change de vitesse, le moteur produit un son plus grave, emporté par l'accelération. Je tourne la tête à droite et regarde par la vitre. Nous sommes au beau milieu de rien. Juste un vaste terrain de hautes herbes. La route est étroite, c'est un petit chemin de campagne, quelques maisonettes sont parsemées par-ci par-là, au bord du chemin de goudron.

C'est rassurant de constater que notre appartement est éloigné de tous ces soucis. De Des. De cette ville. Je ne me sentais plus en sécurité, même si Harry et les garçons étaient avec moi.

-Merde... y'a presque plus d'essence, et évidemment il n'y a aucune station d'essence ici, grogne-t-il.

Je ne tiens pas à être bloquée au milieu de nulle part. Il m'a l'air tendu.

-Ne t'inquiète pas, ça va le faire.

Je tends mon bras pour ouvrir la boîte à gants devant mes genoux. Il y a un boîtier de CD user et poussiéreux qui nage au milieu d'une lampe torche, de papiers et d'une trousse de premiers secours. Je souffle dessus et produis un petit nuage de poussière qui finit par le faire tousser. Il grimace.

-Désolée, gloussais-je.

Je fais mine de ne pas remarquer le regard noir qu'il me lance et ouvre le boîtier pour insérer le disque dans le lecteur.

-Qu'est-ce que c'est ?

-Un vieux CD qu'un ami a dû oublié ici.

Son ton sonne faux. Ce CD a l'air de le gêner.

-Pourquoi est-ce que tu ne m'avoues tout simplement pas que c'est à toi et que tu aimes ?

Il me lance un regard en coin en fronçant les sourcils.

-Parce que, figure toi que ce n'est pas à moi et que je n'aime pas ces foutues chansons.

-Pourquoi est-ce que t'es si ronchon d'un coup ?

Sa réponse n'est qu'un vaste soupir. Je hausse les sourcils et le dévisage.

-Ok, très bien.

J'appuie sur play, quelques notes de musiques se mettent aussitôt à remplir tout l'espace de la voiture. C'est un son plutôt joyeux et entraînant. Le style de musique est plutôt ancien. Je me mets à bouger la tête au même rythme que la musique et le regarde en souriant.

Il ne me prête pas attention, son visage reste neutre et fermé. Je me penche un peu vers lui pour sonder son regard braqué sur la route.

-Tu ne veux pas me faire un petit sourire ?

H I M / H.S. -Tome II -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant