Chapitre 29

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Ely

-Mon Dieu, ma puce...

J'entends Jane courir jusqu'à moi qui suis restée assise à la même place depuis l'ouverture de la lettre, la tête enfouie dans mes bras appuyés contre mes genoux. La nuit est tombée, et je me sens toujours aussi perdue.

Elle s'assied à côté de moi et me prend dans ses bras comme toute bonne mère, elle me berce très doucement et caresse frénétiquement mes cheveux.

-Il n'a pas le droit de me faire ça...
-Ça va aller, allons ça va aller...
-Je ne veux pas qu'il s'en aille, murmurais-je en fermant les yeux qui laissent échapper une multitude de larmes le long de mes joues.

Elle reste silencieuse. Je sais qu'elle ne sait pas quoi dire, quel chemin emprunter pour essayer de me rassurer. A vrai dire, moi non plus. J'ai le sentiment atroce de ne plus savoir comment faire, ne serais-ce que pour respirer. Jane ne peut rien faire de moi, je suis comme un vieux chiffon trop usé, inutilisable.

-Vous étiez au courant...
-De quoi donc mon trésor ?

C'est vrai qu'elle n'a pas lu la lettre. Je renifle et me dégage tristement de ses bras pour lever mes yeux humides aux siens qui me regardent avec tendresse.

Je porte maladroitement mon poignet contre mes joues pour essuyer mes larmes et lui réponds :

-Vous étiez au courant d'où est-ce qu'il était, d'ailleurs vous l'êtes toujours...

Elle soupire et pince ses lèvres, comme si elle réfléchissait à une manière miraculeuse de me dire les mots qu'il faudrait pour apaiser ma souffrance, sans pour autant y parvenir.

-Je le suis, c'est vrai.

C'est tout ? Je m'attendais à ce qu'elle m'explique sans que j'aie à lui poser les multitudes de questions qui font rage dans ma tête. On croirait qu'elle se retient de parler, comme si elle avait reçu des consignes. Venant d'Harry, sûrement. Je suis certaine qu'il lui a fait jurer de rester muette comme une tombe à propos de lui.

-Quand est-il venu vous parler ?
-Quelle importance ?
-S'il vous plaît, dites moi tout... soupirais-je désespérément.

Elle détourne le regard et se met à observer le jardin.

-Il est venu me voir quelques jours avant que je ne découvre cette lettre, la semaine dernière.

Rien que le fait de penser qu'il n'a été qu'à quelques mètres de moi à mon insu me provoque une profonde déchirure. Je serre inconsciemment les poings et lui pose une autre question :

-Qu'est-ce qu'il vous a dit ?
-Ely, te raconter ce qu'il m'a dit ne t'avancera à rien...
-Dites moi.

Mon ton est de plus en plus sec avec elle. Elle semble comprendre que cette situation m'irrite, le regard craintif qu'elle me lance me le fait savoir.

-J'aimerais te le dire, mais je ne peux pas. Ce serait te faire souffrir un peu plus, et tu vas déjà très mal. Tu sais ce qu'il m'a dit ma puce, alors je ne rajouterai rien, je ne tiens pas à élargir la plaie qu'il a ouverte, tu comprends ?

Je soupire d'indignation et lui réponds :

-Il vous a fait jurer de ne rien me dire, c'est ça ? Mettons juste à l'écart son adresse, qu'est-ce qu'il a dit d'autre ?

Sa commisération m'agace, je veux simplement qu'elle me dise mot pour mot tout ce qu'il lui a dit, ce n'est pas compliqué ! Alors que je commence à ruminer face à son mutisme, elle se lève et emprunte le chemin qui mène hors du jardin pour retourner à l'intérieur, me laissant baigner seule dans mes larmes. Mais avant de disparaître complètement dans l'allée fleurie, elle s'arrête et se retourne vers moi tristement.

H I M / H.S. -Tome II -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant