Ma première réaction est de me dire que je dois beaucoup au télékinésiste qui a arrêté sa sphère à temps. Pourtant, je sais au fond de moi que si je suis encore consciente, c'est grâce à un réflexe inouï que je ne comprends pas moi-même. J'ignore comment, mais je l'ai arrêtée. J'ai arrêté cette sphère ! Cela veut-il dire que je suis télékinésiste ? C'est impossible : je n'ai pas suivi le même programme d'entraînement qu'eux. Alors quoi ?
Soudain, je prends conscience de la situation. Une ronde d'adolescents ahuris, aux yeux fixés sur une fille qui vient d'éviter un séjour aux urgences en stoppant un truc qui aurait pu lui arracher la tête. Bon. Garder sa concentration et son calme. Etape 1 : Faire redescendre doucement la sphère en question. Je détends mes doigts crispés et ramène prudemment mes bras vers moi. La sphère retombe au sol avec un bruit mat. Pour la partie douceur, c'est raté.
Etape 2 : S'extirper discrètement de là. Ce qui n'est pas facile quand on a tous les regards rivés sur soi. J'esquisse un mouvement, mais mes jambes flageolent. J'ai la tête qui tourne et les mains moites. L'avantage c'est qu'elles ne fourmillent plus du tout. Je sens un bras solide me soutenir. Vladimir est toujours là quand on a besoin de lui. Un véritable ami. Tout comme Myra, qui me prend la main et la presse dans la sienne, tout excitée.
—Tu as découvert ta faculté Alice. C'est génial ! s'enthousiasme-t-elle.
—Oui. Enfin, j'aimerai bien comprendre ce qu'il s'est passé.
—Sortons, suggère le Colonel Stevens.
Il est hors de question que je le suive sans mes deux fidèles acolytes.
—Impossible de vous séparer tous les trois ! remarque-t-il avec un sourire dans la voix. Comment tu te sens, Alice ?
Je me laisse tomber sur le rebord d'une fenêtre, de peur d'être prise d'un nouveau vertige. Mes amis se tiennent debout, et Myra paraît toute petite à côté de notre instructeur. Il s'est toujours imposé comme celui qui donne les ordres d'un ton parfois bourru, quelqu'un qu'on respecte et à qui il ne vaut mieux pas essayer de tenir tête. J'ai cependant la certitude qu'il nous apprécie, et que nous pouvons compter sur lui plus que sur n'importe qui ici.
—J'ai la tête qui tourne, mais dans l'ensemble tout va bien. Vraiment bien. En vérité, je me sens comme ... complète. C'est étrange à dire, mais c'est comme ça que je le ressens. En revanche, j'ai des questions.
—Je m'en doutais. C'est la raison pour laquelle je t'ai demandé de venir, m'encourage le Colonel. Pour en parler à l'abri des oreilles indiscrètes.
Il ne se prive pas d'appuyer ses mots par un coup d'œil amusé en direction de mes amis. Coup d'œil que Myra n'hésite pas à soutenir, l'air de dire que c'était nous trois ou rien, quoi qu'il puisse dire. Néanmoins, la volonté de discrétion de la part de notre instructeur laisse entendre que quelque chose n'est pas habituel. Du moins dans la mesure où être une Anomalie est habituel.
—Bon. D'abord, est-ce que quelqu'un pourrait m'expliquer ce qu'il s'est passé ? Parce que je pense qu'il me manque une partie des évènements.
—J'entraînais nos deux télékinésistes à contrôler leur faculté, commence Stevens. Mais la Soldate Hall a perdu le contrôle de sa sphère, qui s'est dirigée droit sur toi.
—Oh, ça je m'en souviens bien. Très bien même. J'ai agi par réflexe en plaçant mes bras devant moi, je n'ai pas pensé que ça arrêterait la sphère. Vous êtes sûr que ce n'est pas elle qui a réussi à le faire ?
—Alice, tu sais bien que c'est toi qui as fait ça, oppose Stevens. Tu n'as donc rien ressenti ?
—Si, avoué-je. Comme un... un flux d'énergie projeté par mon cœur. Mais arrêtez moi si je me trompe, je ne crois pas être télékinésiste pour autant, si ?
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Anomalie [ EN RÉÉCRITURE ]
Science Fiction"-Et pourquoi on n'essaierait pas quand même ? opposé-je. Vous avez vraiment envie de rester ici sans rien faire ? Pas moi. De toute façon, qui ne tente rien n'a rien et puis même si on se fait attraper en essayant de changer les choses, ça vaudrait...