—Ça fait longtemps que tu n'es pas venue t'entraîner, reprend la voix métallique.
Je ne sais pas quoi lui répondre. Allez Alice, c'est à toi de jouer ! Mais comment lui faire part de ma requête ?
—Et de toute évidence, ce n'est pas ce que tu es venue faire.
Mince ! J'avais oublié que cette machine lit dans mes pensées...
—La machine s'appelle Alan.
... et qu'elle est susceptible ! Cette scène a des couleurs de déjà vu. J'imagine le sourire d'Alex derrière les parois sans tain de la cabine.
—Excuse-moi Alan, je ne voulais pas te vexer.
—Je commence à avoir l'habitude avec toi. Je me souviens aussi que tu m'as demandé de ne pas entrer dans ta tête sans autorisation.
Des dizaines de remarques sarcastiques menacent d'irriguer mon cerveau, mais je les interromps avant qu'elles ne parviennent à Alan. Le vexer est bien la dernière chose qu'il me faille faire. Même s'il prétend ne pas lire mes pensées.
—Tu as raison, je ne suis pas venue m'entraîner. J'ai besoin de toi. On a besoin de toi.
Alan ne répond rien, mais je peux percevoir sa curiosité. Ma faculté commencerait-elle à fonctionner sur des ma... Alan ? Je secoue la tête. Ce n'est pas le moment de penser à ça. Cela demanderait trop de temps de tout lui expliquer. Or, du temps, nous n'en avons pas vraiment. Je vais devoir renoncer à certains de mes principes.
—Ecoute Alan, je vais t'autoriser à entrer dans ma tête, pour que tu comprennes ce qui m'amène.
—Ça doit être vraiment important, fait remarquer mon interlocuteur.
—Oui, ça l'est.
—Je ne serai pas long.
Ses paroles sont suivies de la curieuse sensation de sentir un corps étranger progresser à travers mon esprit. Je me concentre sur toutes les informations susceptibles de l'aider à comprendre l'urgence de la situation. J'espère qu'Alex parvient toujours à brouiller notre activité. Le temps me paraît s'écouler cent fois plus lentement que d'ordinaire, malgré la promesse d'Alan. Comprendra-t-il vraiment ce que nous attendons de lui ? Je regrette aussitôt cette question silencieuse.
—Oui, j'ai compris, rétorque Alan.
Son irritation me semble feinte, pourtant. Je ne comprends rien à la manière dont il fonctionne, ni comment il fait pour ressentir des émotions si semblables à celles d'un être humain.
—J'apprends des gens avec qui je suis connecté. Si mon comportement semble si humain, c'est parce je calque ma personnalité sur la vôtre, en enregistrant vos réactions, les intonations de voix liées à chaque émotion.
—C'est... impressionnant.
—C'est la première fois que tu es si spontanée avec moi, fait remarquer mon interlocuteur.
—Tu as trouvé un moyen de déconnecter les puces ? questionné-je, désireuse de changer de sujet.
—Oui, c'est fait.
—Quoi ?! Déjà ?
—Regarde par toi-même, si tu ne me croies pas.
Des images envahissent alors les parois de verre qui m'entourent. J'ai l'impression d'être de retour à la communauté. Les rues dévastées n'ont pas changé, mais quelque chose attire mon attention. Plusieurs dizaines de visages inconnus ont rejoint le camp de Privilégiés et parmi eux, deux qui me sont familiers. Leurs cheveux de jais, trahissant leur lien de parenté, sont couverts de poussière et leurs visages maculés de crasse. Mais peu importe : ils ont réussi. A cette pensée, mon cœur fait un bond dans ma poitrine. Yan et Linh sont de retour. Ils ont l'air épuisé, et portent les stigmates de bagarres très récentes. Mais pourquoi sont-ils tous immobiles ? Ils semblent abasourdis. Ce n'est qu'alors que je remarque les corps, jonchant le sol constellé de débris. Les Anomalies.
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Anomalie [ EN RÉÉCRITURE ]
Ciencia Ficción"-Et pourquoi on n'essaierait pas quand même ? opposé-je. Vous avez vraiment envie de rester ici sans rien faire ? Pas moi. De toute façon, qui ne tente rien n'a rien et puis même si on se fait attraper en essayant de changer les choses, ça vaudrait...