Chapitre 15

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Nous avons encore changé de discipline : pour les deux semaines à venir, ce sera lutte tous les matins. Un contre un, au corps à corps. Jusqu'ici, les sports imposés me plaisaient. En ce qui concerne la lutte, c'est une autre histoire. Je n'ai vraiment aucune envie de me prendre des coups, et encore moins d'en donner.

Hier, nous avons commencé par taper dans des sacs. Will et James ont d'ailleurs beaucoup rit devant notre maladresse. Aujourd'hui, nous passons aux choses sérieuses. J'espère au moins que les duos seront équilibrés. Stevens nous annonce les binômes qui sont, pour la plupart, mixtes. Pour un début, je trouve cela un peu fort. Mais notre instructeur veut toujours nous pousser à donner le meilleur de nous même.

Je me trouve face à Miles Anderson, un garçon qui mesure à peu près ma taille et contre qui j'aurai eu mes chances s'il n'avait pas pesé vingt kilos de plus que moi. Je sais que c'est l'œuvre de Stevens : il veut voir de quoi je suis capable.

—Les combats se dérouleront sans faculté dans un premier temps, dit notre instructeur. Je verrai si nous les intégrons pour la deuxième partie du cours. Je veux voir comment vous vous débrouillez avec ce que je vous ai enseigné hier. Je rappelle que le but est seulement d'immobiliser son adversaire, pas de le blesser.

Donc il ne veut pas seulement évaluer comment nous nous battons, il veut aussi évaluer notre capacité à nous maîtriser.

—Je veux trois groupes sur le tapis, c'est parti ! ordonne Stevens devant l'absence de volontaires.

Deux garçons que je sais plutôt bagarreurs se lancent sans hésiter. Et bien sûr, mon binôme les suit sans me consulter. Je suis donc contrainte de m'avancer, suivie par Amy Hall et son binôme, un garçon brun de même corpulence : enfin un duo plutôt équilibré. Nous nous adressons un bref sourire avant que je ne reporte mon regard sur mon adversaire.

Une lueur d'amusement passe dans ses yeux sombres. Je peux percevoir son assurance, rien que dans sa posture, les bras croisés sur la poitrine comme s'il attendait. Je n'aime pas son attitude. Il est déjà dans la perspective d'un combat, ce qui n'est pas le but de l'exercice. Quand Stevens donne le départ après quelques derniers conseils, je m'avance en essayant d'avoir l'air déterminé. Un sourire suffisant étire les lèvres de Miles.

Sans rien voir venir, je me retrouve à plat ventre sur le sol. Je me relève presque aussitôt mais mon adversaire agrippe mon tee-shirt et nous roulons sur le dos. Nous sommes au bord du tapis. Alors qu'il se précipite pour m'immobiliser, il cogne par mégarde ma tête et ma joue heurte le sol nu et irrégulier du gymnase. Stevens annonce la fin du temps imparti. J'en profite pour me dégager de l'emprise de Miles et me relever. Je sens un picotement à l'endroit où ma peau est entrée en contact avec le sol.

—Miles, peste Stevens. J'ai pourtant dit que ce n'était pas un combat.

—Il ne l'a pas fait exprès, c'est moi qui me suis cognée, opposé-je.

Le Colonel soupire avant de demander à Vladimir de m'accompagner désinfecter la peau à vif.

—Attend, dis-je à mon ami lorsque nous passons devant le miroir du couloir, j'ai lu un quelque chose, j'aimerai voir si ça marche avec moi.

—De quoi ? demande-t-il.

—Tu verras, si j'y arrive.

Je pose mes mains sur le rebord du lavabo et me penche vers mon reflet. L'égratignure est très légère, d'ici deux jours elle aura complètement disparu. Voyons si on peut régler ça un peu plus vite. Je ferme les yeux et me concentre sur le picotement dans ma joue.

Je vais puiser de l'énergie au plus profond de moi et la redirige lentement vers mon visage. La plaie est légère, mais je suis loin d'être au point en ce qui concerne l'auto-guérison. Quand j'ouvre les yeux, l'égratignure ne s'est pas résorbée d'un millimètre. Bien décidée à y parvenir, je réfléchis à un autre moyen d'agir. Et si je ciblais mieux l'endroit vers lequel j'envoie l'énergie ? Je pourrais essayer de cibler les cellules de peau pour accélérer le processus de cicatrisation.

Anomalie [ EN RÉÉCRITURE ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant