Chapitre 17

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—Est-ce que quelqu'un peut m'expliquer ce qu'il s'est passé ?

Les yeux d'Inès passent d'un visage à l'autre, en quête d'une réponse à la question que nous nous posons tous. Comment cet incendie a-t-il pu se produire ? La chef de la communauté semble à deux doigts de se laisser dépasser par les événements.

—Je n'en sais rien. Vu la vitesse à laquelle se sont propagées les flammes, on ne serait pas là si James n'avait pas pressenti le danger, déclare Vladimir.

—C'est grâce à ma faculté, explique l'intéressé en baissant les yeux. J'ai eu une horrible prémonition. Ça m'a réveillé à temps pour que je puisse prévenir les autres.

—Et tu n'as aucune idée de la manière dont ça s'est produit ?

—Non, désolé, s'excuse James. Enfin si, j'ai senti une présence aussi, mais je n'ai perçu aucune image précise. La décision s'est prise au dernier moment, sinon j'aurai sans doute pu prévoir l'événement bien avant, et il n'y aurait pas eu de blessés...

Alors James aussi se sent coupable de ce qui est arrivé à Alex ?

—Tu n'y es pour rien, lui assuré-je d'une voix ferme. Grâce à toi, on sait déjà que c'est un incendie d'origine criminelle. C'est la personne qui l'a déclenché, la responsable. Sans doute quelqu'un doté d'une faculté, si on en croit l'ampleur du brasier.

—Vous croyez que c'est une Anomalie qui ait déclenché l'incendie ?

Je note que Will a employé « Anomalie », et pas « Privilégié », ce qui veut dire que comme moi, il a la certitude que ce n'est pas un membre de la communauté qui est à l'origine des flammes.

—C'est plus que probable, intervient gravement le Colonel Stevens. J'ai même ma petite idée sur ce qui en est la cause.

Le Colonel ne se laisse pas déstabiliser par les paires d'yeux qui convergent vers lui. Sans doute ses années d'enseignement l'ont-elles habitué à ce genre de regards ahuris. Surtout quand on sait à quel point les nouvelles recrues du Centre semblaient apprécier les entraînements intensifs, et pour le moins matinaux.

—Le Général a dû s'apercevoir que j'étais parti plus tôt que prévu. Il n'est pas non plus impossible que le Président ait envoyé des espions surveiller la communauté. Il n'a pas dû être difficile de repérer la maison que vous occupiez.

—Donc vous pensez que le Président a envoyé quelqu'un provoquer cet incendie, en sachant qu'il s'agissait de notre maison ?

—Oui, parce qu'il devait se douter que je viendrais vous rejoindre. Il n'a sans doute pas apprécié l'idée que ses secrets militaires et stratégiques puissent être révélés. J'espère seulement que Leah est toujours en sécurité.

—Il aurait vraiment pris le risque de tuer tous ceux qui dormaient à l'intérieur ? interroge Inès. C'est abominable !

—Le Président Johnson est un être abominable.

Les paroles du Colonel sont froides et dénuées d'émotions. Je comprends sans mal les raisons qui le poussent à dire une telle chose. Pourtant, même après tout ce qu'il nous a fait subir, je refuse de croire que le Président est né avec un cœur aussi mauvais. Ce sont forcément les circonstances qui ont fait de lui ce qu'il est aujourd'hui, j'en suis persuadée. Ces circonstances doivent être vraiment horribles pour l'avoir perverti à ce point.

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—Tu crois vraiment que le Président aurait pris le risque que tu sois à l'intérieur ? Je veux dire, ça aurait nuit à ses projets, non ?

Anomalie [ EN RÉÉCRITURE ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant