Anomalie [ EN RÉÉCRITURE ]

Épilogue

A l'instant où la voiture solaire traverse la barrière de protection, la température semble baisser de quelques degrés. L'air pur emplit mes poumons, et je savoure la caresse du vent sur ma peau. J'esquisse un sourire, en lisant pour la énième fois le panneau d'entrée. « Bienvenue au Centre de Formation et de Recherche Myra Ottawa ». Le soleil d'août poursuit sa descente derrière les bâtiments du Centre, et nous traversons les rues baignées de lumière orangée. J'ai toujours adoré les couleurs de la fin de soirée.

Après avoir garé la voiture, Will insiste pour m'aider à descendre. Je secoue la tête, histoire de lui faire comprendre qu'être enceinte ne signifie pas être handicapée, mais j'accepte avec plaisir la main qu'il me tend. Will m'adresse un grand sourire, celui qui creuse une fossette dans sa joue gauche et a fait chavirer mon cœur il y a huit ans.

—Tu crois qu'ils nous ont entendus arriver ? demandé-je en levant les yeux vers le sommet de l'immense tour de verre.

—Je serai prêt à parier que James connaît notre heure d'arrivée à la seconde près depuis qu'il s'est levé, plaisante Will en me prenant la main.

A peine sommes nous entrés que la sonnerie de l'ascenseur retentit à l'autre bout du hall. Les portes de verre s'ouvrent sur les visages rayonnants de James et Vladimir. Ce dernier se précipite pour me serrer dans ses bras, tout en prenant de grandes précautions.

—Vous êtes partis un mois, et j'ai l'impression que tu as encore pris du ventre ! Comment vont les futurs grands-parents ?

—Et ça ne fait que six mois, renchéris-je. Ils étaient ravis de nous voir, et Louis était surexcité ! Ils vous envoient le bonjour, d'ailleurs.

Je ris intérieurement en pensant à mon frère, qui du haut de ses treize ans, prend déjà son rôle de futur tonton très au sérieux.

—Et toi, comment tu te sens ? m'interroge James après avoir échangé une accolade avec Will.

—En forme, même si ça commence à être un peu fatiguant. Quoi de neuf ici ?

—Les nouveaux élèves ont commencé à s'installer, explique James. On a commencé à voir les emplois du temps et les répartitions des groupes, mais on parlera de ça plus tard. On va vous laisser vous reposer avant ce soir.

—Ce soir ?

—Oui, on a...

—Mais chut ! l'interrompt Vladimir en posant sa main sur la bouche de son petit ami. On avait dit que c'était une surprise ! Tu ne sais toujours pas tenir ta langue ?

—De toute façon, se défend James en se dégageant, je suis sûr qu'il se doute de quelque chose !

—Je crois que je ferai mieux d'aller récupérer les sacs dans la voiture, déclare Will avec un sourire en coin.

Je m'apprête à le suivre, mais il me coupe dans mon élan.

—Non, je ne t'autorise pas à venir m'aider. Ce n'est pas négociable, d'ailleurs. Repose-toi, m'intime-t-il en déposant un baiser sur mon front.

J'attend que Will – qui s'est éclipsé pour ne pas gâcher la surprise qui n'en est plus vraiment une – ait franchi la porte, pour me tourner à nouveau vers James et Vladimir, curieuse.

—Qu'est-ce que vous lui avez préparé ?

—On te le dit seulement si tu promets de ne rien lui dire.

—Je crois que je devrai tenir jusqu'à ce soir. Alors ? m'impatienté-je.

—Bon. Tu sais, vous n'étiez pas là pour son anniversaire. On s'est dit que ce serait cool d'organiser une petite soirée. Mais rien d'extravagant, ce sera juste entre nous !