« A quoi penses-tu qu'il ressemble ? »
« Alors on va vraiment le rencontrer ? »
Voilà le genre de questions qui fusent dans l'auditorium, à quelques minutes de l'arrivée du Président. L'excitation est presque palpable dans l'immense amphithéâtre. L'annonce officielle de la venue du Président a été faite il y a seulement deux jours et depuis, j'ai l'impression que tout le monde ne parle que de ça. La seule chose que nous ayons vue pour l'instant est une limousine noire aux vitres teintées, à l'heure du petit déjeuner. Nous avons tout de même eu droit à notre traditionnel entraînement matinal, avant de nous rendre au réfectoire pour le déjeuner. Et, en ce début d'après-midi, voilà maintenant une demi-heure qu'il se fait attendre.
—Ah, voilà le Général Walker, remarque Vladimir alors que la luminosité baisse et que l'écran géant s'allume.
Je n'ai vu le Général qu'une seule fois, le jour de mon arrivée. Il a la même posture que dans mon souvenir : forçant le silence malgré sa cinquantaine et ses cheveux gris. Il arrive sur la scène d'un pas décidé, conscient du fait que tout le monde le suit des yeux. Même les instructeurs semblent se redresser sur son passage. Il marque une pause, parcourant l'assemblée du regard, avant d'entamer son discours :
—Bonjour à tous ! Avant d'accueillir notre Président comme il se doit, je vais vous demander quelques minutes d'attention. Un court film va être projeté, pour vous rappeler l'importance qu'a la mission que nous menons. Mais je ne vous en dit pas plus, vous comprendrez en regardant cette vidéo.
Il utilise le clavier incrusté dans le pupitre posé devant lui pour lancer le film. La pièce se retrouve plongée dans le noir total, à l'exception de l'immense écran sur lequel commencent à apparaître des images ou des vidéos amateurs de la Catastrophe.
Les explosions, les tsunamis, les incendies : tout défile devant nos yeux. Il est une chose de savoir ce qu'il s'est passé, s'en est une autre de le voir de ses propres yeux, même si ce n'est qu'une vidéo. Je suis scotchée devant la violence de ces scènes et je me demande comment des gens ont pu avoir l'idée d'aller filmer ça. Enfin, je ne doute pas que cela constitue un témoignage non négligeable des événements, mais c'est tout de même étrange à regarder. Des images post-Catastrophe remplacent peu à peu les autres, bien que peu nombreuses.
On voit ensuite des montages retraçant la construction du C.F.J.A, construction qui a dû prendre des années à en juger par l'ampleur des travaux. Le film comprend aussi des témoignages des premiers jeunes à avoir été amenés ici. On voit à leur visage qu'ils sont perdus, mais tous affirment être conscients de la chance qu'ils ont de pouvoir vivre au C.F.J.A. Je me demande si on leur a dicté leurs paroles ou si elles viennent vraiment d'eux, avant de réaliser que le Lieutenant Clarke est venue me filmer la pendant la séance de l'après midi.
Et si j'apparaissais sur la prochaine version de ce film ? L'idée ne m'enchante pas. La vidéo se termine sur un générique indiquant le nom de tous les jeunes Soldats ayant parlé dans le film, ainsi que celui des réalisateurs.
—Bien, reprend le Général Walker. Je vous remercie de l'attention que vous avez su porter à cette projection. J'espère que vous êtes vous aussi conscients de la chance que vous avez.
Il marque une pause, comme pour nous laisser nous imprégner de cette dernière phrase. Une chance ? Vraiment ?
—Sachez que cet endroit n'existerait pas sans lui, poursuit le Général, c'est pourquoi je vous demande d'accueillir comme il se doit notre cher Président, Adam Johnson !
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Anomalie [ EN RÉÉCRITURE ]
Science Fiction"-Et pourquoi on n'essaierait pas quand même ? opposé-je. Vous avez vraiment envie de rester ici sans rien faire ? Pas moi. De toute façon, qui ne tente rien n'a rien et puis même si on se fait attraper en essayant de changer les choses, ça vaudrait...