Le lendemain, après le déjeuner, Vladimir, Myra et moi décidons de retourner dans notre maison, estimant le soleil de midi bien trop chaud pour faire quoi que ce soit qui implique de sortir. J'enclenche la climatisation de la chambre avant de m'asseoir sur mon lit, en savourant l'air frais qui souffle dans la pièce. Nous sommes assis depuis moins de dix minutes quand quelqu'un frappe à la porte. Je me lève, surprise, et me dirige vers la porte d'un pas intrigué. Il me faut moins d'une seconde pour reconnaître le jeune homme aux cheveux châtain clair qui se trouve devant moi.
—Alex ?
—En personne, répond le nouveau venu en souriant.
Cela fait si longtemps que je n'en crois pas mes yeux. J'ignore combien de temps nous restons plantés sur le pas de la porte, trop ravis pour savoir quoi dire. Alex finit par me prendre dans ses bras, et c'est alors que je remarque à quel point il a grandi. Je m'écarte pour mieux détailler ses traits. Il a quitté Denver en tant qu'adolescent de seize ans, et voilà que son visage est presque celui d'un homme. Malgré tout, il n'a pas changé. Son sourire franc est toujours celui du garçon que j'aimais considérer comme mon grand frère, ses yeux presque noirs ceux qui ont veillé sur moi quand il m'apprenait à grimper aux arbres.
—Tu m'as manqué Miss Catastrophe, murmure-t-il.
Je ne peux m'empêcher de rire au souvenir de mon vieux surnom. Ce dernier fait ressurgir des dizaines de souvenirs, témoins de ma maladresse légendaire dont Alex a fait les frais plusieurs fois lorsque nous étions petits.
—Je suis si heureuse de te voir Alex ! m'enthousiasmé-je. Entre, je t'en prie.
Je m'efface pour le laisser passer et referme la porte derrière lui.
—Voici mes amis, Vladimir et Myra.
Mon vieil ami serre la main à Vladimir et embrasse Myra sur les deux joues. Je crois la voir légèrement rougir. Le jeune homme lui sourit, ce qui ne fait qu'accentuer son trouble. Pour le cacher, elle lance la conversation.
—Enchantée Alex. C'est donc toi le fameux voisin dont Alice nous a parlé ? le questionne-t-elle.
—C'est bien moi. Même si cela fait longtemps qu'on ne s'est pas vus.
—Trois ans, précisé-je. Tu n'as pas changé pour autant.
—En ce qui me concerne, j'ai failli ne pas te reconnaître. Tu étais encore une enfant lorsque je suis parti.
—C'est vrai, j'avais treize ans, acquiescé-je.
—J'ai raté tellement de choses, se désole Alex. Quand j'ai entendu dire qu'une certaine Alice Carter me cherchait, je me suis empressé de venir. Je me suis demandé tant de fois comment tu allais !
—J'espère que cela ne t'a pas fait perdre de temps de venir me voir.
—Pas du tout ! s'exclame-t-il. Je suis en pause jusqu'à 15h. Et mes parents ? Ils vont bien ?
—Ils vont très bien, le rassuré-je avant d'entamer un résumé des trois dernières années, tentant au mieux d'anticiper ses questions.
Vladimir et Myra écoutent d'une oreille attentive, même si je crois que cette dernière est bien plus occupée à admirer mon interlocuteur. Je lui parle de ses parents, de Louis auquel il était aussi très attaché, de l'école où nous allions tous les deux. Je finis par mon test et mon arrivée au C.F.J.A.
—Je dois t'avouer que je n'aurai jamais soupçonné l'existence du Centre. Je ne me serai même jamais doutée qu'un jour on me qualifierait d'Anomalie, dis-je en fronçant les sourcils.
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Anomalie [ EN RÉÉCRITURE ]
Science Fiction"-Et pourquoi on n'essaierait pas quand même ? opposé-je. Vous avez vraiment envie de rester ici sans rien faire ? Pas moi. De toute façon, qui ne tente rien n'a rien et puis même si on se fait attraper en essayant de changer les choses, ça vaudrait...