Je crois que quelqu'un frappe à la porte. C'est un bruit lointain, qui finit par me tirer de mon sommeil. Je m'étire avant d'ouvrir les yeux, tendant l'oreille. Les battements contre la porte se font plus insistants et finissent par réveiller Will. Ce n'était pas le fruit de mon imagination : quelqu'un frappe à la porte d'entrée.—J'y vais, lancé-je en me levant.
—Non, attend je viens avec toi, dit Will d'une voix ensommeillée.
Je passe dans le salon. Liam est attablé à la cuisine, et Alex vient d'ouvrir la porte à notre visiteur. Qui peut bien venir nous voir à cette heure-ci ? Je rejoins mon ami, intriguée. Une lueur d'affolement brille dans les yeux verts du jeune homme qui se trouve sur le perron.
—Aaron ? Mais qu'est-ce que tu viens faire là à cette heure-ci ?
—Il fait jour depuis plusieurs heures Alice, lâche-t-il en désignant le ciel dégagé d'un geste de la main.
Je ne m'étais pas rendue compte qu'il était si tard, je pensais avoir dormi quatre heures, tout au plus. Je fronce les sourcils : pourquoi est-ce que je sens venir une mauvaise nouvelle ?
—On est mal, poursuit Aaron, confirmant mon intuition. Votre Président, Johnson, il est au Grand Hall.
—Quoi ?! m'étranglé-je. Qu'est-ce qu'il fait là ? Il est venu voir ta mère ?
Aaron hoche la tête.
—Oui. Il veut négocier un arrangement.
—Un arrangement ? Je ne comprends plus rien, fait Alex. Pourquoi le Président voudrait-il d'un arrangement ?
—Justement, je n'en sais rien, explique Aaron. Mais il sait que vous êtes là, et il veut vous voir. Tout de suite.
Vladimir et James débarquent à leur tour et nous dévisagent, abasourdis, sans doute témoins de la fin de la conversation.
—Je suppose qu'on n'a pas le choix ?
—Pas vraiment, non.
Ma gorge se noue : finalement, nous allons revoir le Président plus tôt que prévu.
****
Quelques minutes plus tard, nous gravissons l'immense escalier de pierre du Grand Hall, à la suite d'Aaron.
—Cela fait longtemps qu'ils discutent ? demande James alors que nous arrivons à hauteur du bureau d'Inès.
—Ça faisait environ un quart d'heure quand je suis venu vous chercher, répond Aaron.
Je tends l'oreille, dans l'espoir de n'entendre que les monologues habituels d'Inès dans son bureau. Pourtant, c'est bien le Président Johnson que j'entends parler à travers le bois. Aaron frappe à la porte, comme il l'a fait plus tôt chez nous.
—Entrez, lance Inès depuis l'intérieur.
Aaron s'exécute le premier, suivi de James et Alex, avant que je ne me décide à entrer à mon tour.
—Ma chère Alice ! s'exclame le Président d'un ton enjoué.
—Monsieur le Président.
Ces trois mots sont prononcés avec un évident manque d'entrain. Je balaye la pièce du regard, à la recherche d'un garde du corps ou je ne sais qui d'autre. Le Colonel Stevens, peut-être.
—Vous êtes venu seul ? m'étonné-je.
—Ne t'inquiète pas pour moi, deux hommes m'attendent à l'entrée de la communauté.
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Anomalie [ EN RÉÉCRITURE ]
Ciencia Ficción"-Et pourquoi on n'essaierait pas quand même ? opposé-je. Vous avez vraiment envie de rester ici sans rien faire ? Pas moi. De toute façon, qui ne tente rien n'a rien et puis même si on se fait attraper en essayant de changer les choses, ça vaudrait...