Je me réveille, désorientée, la vue des barreaux métalliques alentours faisant immédiatement naître en moi un sentiment de malaise, en même temps que les événements de la veille me reviennent en mémoire. Will est déjà réveillé et doit percevoir mon malaise car il glisse ses longs doigts entre les miens et presse ma paume dans la sienne.
—Bonjour, murmure-t-il en déposant un baiser sur ma joue. C'est peut-être inapproprié comme question mais, comment tu vas ?
J'apprécie sa manière de me dire bonjour, comme s'il s'agissait de la chose la plus importante à faire avant d'entamer quoi que ce soit d'autre.
—J'ai un peu froid, admis-je en tirant sur les manches de mon tee-shirt déchiré tout en sachant pertinemment que cela ne servira à rien.
A vrai dire, je suis frigorifiée et j'ignore combien de temps s'est écoulé depuis que je me suis endormie. Mais ce qui me frappe le plus, c'est cette impression que le sol bouge sous mes pieds, comme si les vagues n'étaient qu'à quelques centimètres en dessous de nous. Le corps de Will, lui, semble irradier de chaleur et il m'attire à lui pour me réchauffer, comme il l'a fait la veille.
—Tu vas t'épuiser à utiliser ton énergie comme ça, lui dis-je. Surtout si tu dois contrer l'inhibition à chaque fois.
—Ne t'en fais pas pour ça, me rassure-t-il.
Je ne peux m'empêcher de lui transmettre une partie de mon énergie : après tout, c'est à cause de moi s'il épuise la sienne. Il doit sentir le transfert car il sourit.
—Tu sens les vagues ? me demande-t-il. Une tempête se prépare. Je le sens, juste là, m'indique-t-il en désignant le creux de son estomac.
Je suis son geste des yeux et me souviens qu'il n'a plus de tee-shirt depuis qu'il a été fouetté hier. Je revois la scène avec tant de netteté que ce souvenir m'arrache un frisson. Je serre Will encore plus fort dans mes bras, comme si cela pouvait empêcher qu'il lui arrive quelque chose.
—C'est grâce à ta faculté, deviné-je.
Will hoche la tête et fronce les sourcils.
—Tu crois qu'ils se sont aperçus de notre disparition ? m'interroge-t-il en tournant la tête vers l'un des deux hublots.
Il parle bien évidemment des garçons. Je suis son regard et m'aperçois qu'il fait jour dehors, même si le ciel gris ne me donne aucune indication quant à l'heure qu'il peut bien être.
—Je l'espère, dis-je. Inès était au courant que je devais aller espionner, ils se douteront que tu es avec moi.
—Bonjour tous les deux, nous salue une voix en provenance de la cellule voisine.
Le Colonel s'est réveillé – j'ignore depuis combien de temps – et semble en pleine forme, compte tenu de la situation.
—Une bonne nuit de sommeil m'a toujours aidé à relativiser, explique-t-il devant nos mines étonnées.
Il perd légèrement l'équilibre en se relevant mais ne fait aucune remarque quant au fait que le bateau tangue dangereusement. Le Colonel s'étire, fais quelques pas, puis il entame une série de pompes comme si de rien n'était. Sans dire un mot, Will se lève pour l'imiter et, consciente qu'il s'agit sans doute du seul moyen dont nous disposons pour nous dégourdir, je les suis à mon tour.
Plus tard dans la matinée, un militaire vient nous distribuer notre petit déjeuner qui se compose en tout et pour tout de pain et d'eau. J'ai la gorge sèche, et je ne peux m'empêcher d'avaler d'un trait le contenu de mon verre. Je le regretterai sans doute plus tard, mais peu importe. Le reste de la journée semble s'étirer à l'infini. Will et moi ne cessons de chercher – en vain – un moyen de nous échapper de cette cale.
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Anomalie [ EN RÉÉCRITURE ]
Ciencia Ficción"-Et pourquoi on n'essaierait pas quand même ? opposé-je. Vous avez vraiment envie de rester ici sans rien faire ? Pas moi. De toute façon, qui ne tente rien n'a rien et puis même si on se fait attraper en essayant de changer les choses, ça vaudrait...