L'étoile et le lion

Chapitre 3

L'avion pose ses roues au sol peu de temps après l'annonce de notre cheffe de cabine et quelques minutes plus tard, je me retrouve dehors. Mes bagages me sont apportés et un steward me guide jusqu'à la salle des arrivées où mes parents et mon frère m'attendent ainsi que d'autres personnes que je ne reconnais pas.
Ma mère a les bras croisés et elle me regarde comme un vulgaire chiffon. Une fois arrivée à leur niveau, je salue tout le monde et m'excuse.

Moi: Je suis désolée pour ce retard mais le voyage a pris plus de temps que prévu.
Maman: On peut savoir comment tu as fait pour venir jusqu'ici sans être dans l'avion et en ayant déchirer ton billet ?
Moi: Je suis venue en jet.
Papa: Je te l'avais dit Marie.
Maman: Et depuis quand tu voyages en jet ?
Moi: Depuis que j'en ai acheté un, l'an dernier. Mais lorsque je l'ai annoncé vous étiez peut être plus occupée.
Maman: Tu n'as pas les moyens.
Moi: Bien sûr que si. Mon salaire est considérable grâce à mon grade et mon nombre de décorations. De plus, la fortune qui m'a été léguée est énorme. J'ai donc placé cet argent intelligemment, voilà tout.

Ma mère a un regard plein de jalousie mais aussi un peu surpris à ce moment même, c'est plutôt satisfaisant. Je pose enfin les yeux sur Albert et Andrew, les cousins qui vont nous héberger. Cela doit faire des années que je les ai pas vus. Ils sont postés légèrement en retrait derrière mon père et paraissent un peu mal à l'aise. Ce n'est pas moi qui ait commencé les hostilités et les nobles anglais sont coincés de nature. Je m'adresse à eux affichant un simple sourire.

Moi: Bonjour, je suis ravie de vous revoir. C'est gentil d'être venus nous accueillir à l'aéroport mais il ne fallait pas vous donner cette peine.
Andrew: Bonjour Rose, bienvenue en Angleterre. Nous y tenions, cela fait longtemps que nous ne vous avons pas vus.
Moi: Mais vraiment, vous auriez pu rester chez vous. Ma mère déteste qu'on vienne la chercher à l'aéroport, elle trouve cela absurde. En tout cas, je suis contente de vous voir.

Ils sourient timidement avec leurs deux mains enfoncées dans les poches de leurs pantalons rayés et trop larges. J'ai fait exprès de le dire car ma mère va m'humilier toute la durée du séjour alors c'est de bonne guerre. Mes cousins ne sont pas très bavards mais nous guident jusqu'à l'extérieur de l'aéroport où nous attendent les rutilantes Bentley de nos hôtes. Durant tout le trajet jusqu'à la propriété de Londres, personne n'a lâché un mot. Ça commence vraiment très bien.

***

Une fois arrivés sur place, une visite guidée de la maison qui n'a en réalité pas tant changé depuis notre dernière venue il y a deux ans, nous a été faite puis on nous a attribué les chambres. J'ai donc hérité d'une assez grande chambre aux belles teintes de bleu légèrement vieillotte, mais mignonne où j'ai pu enfin m'installer dans le calme, loin des reproches et du délire de ma mère. En fait, c'est celle que j'ai toujours eue lorsque nous venions ici. Ma seule sortie a été de me rendre à la bibliothèque du premier étage pour obtenir le code internet.
Après être revenue dans ma chambre, j'ai consulté mes mails professionnels. Rien de bien intéressant. Je ferme donc l'ordinateur que j'ai apporté au moment même où ma tante Victoria, maîtresse de maison et sœur de mon père m'annonce qu'il y aura une réception avec beaucoup de membres de la noblesse et de la famille ce soir. Elle pourrait être la jumelle de mon cher papa : douce, gentille, avec la même classe et le même accent anglais. Je la remercie de m'avoir informée et commence déjà à réfléchir à ce que je vais mettre. Comme je me doutais que tout ce séjour serait rythmé par ce genre d'événements, plus réguliers durant la période de Noël, j'ai apporté la parfaite panoplie de la poupée noble.
Paradoxe de ma vie : je suis militaire et arrive à me contenter de très peu, mais en même temps j'adore m'apprêter et me montrer sous mon meilleur jour.