Chapitre 28

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C'est notre dernier jour ensemble avant mon départ en France. Je n'ai pas préparé beaucoup d'affaires à emmener pour mon voyage. En effet, j'ai assez de vêtements chez mes parents si besoin et la seule chose que je serai obligée de porter est un uniforme d'apparat, bien repassé et pendu dans ma chambre d'enfant, de l'autre côté de la mer. Plus les jours passent et plus Alexander est stressé de me laisser partir. Il est en boucle sur ma sécurité, les paparazzi et les journalistes c'en est presque inquiétant. Je mets son comportement sur le compte de son histoire personnelle même s'il commence sérieusement à m'étouffer. Et avec l'inquiétude, il s'éloigne et se ferme, devient lointain. Je n'aime pas ça.

Je le regarde de l'autre côté de la pièce. Il est posté devant la fenêtre et observe le parc de Kensington derrière un voilage ivoire, les mains plantées au fond des poches de son pantalon. Dehors, le ciel londonien s'est couvert de nuages gris peu engageants. Je m'approche de lui et pose mes mains sur ses épaules. Il sursaute, il ne m'a pas entendue rentrer. Son visage se tourne vers moi et il prend mes mains dans les siennes, s'efforçant de dessiner un petit sourire sur ses lèvres.

Alexander: Je ne t'avais pas entendue entrer.
Moi: Je suis douée pour la filature silencieuse je te rappelle.

Son rictus s'élargit un quart de secondes alors qu'il baisse la tête vers nos mains. Il ne dit plus rien et je ne vois pas ses yeux, habituellement mon principal indice pour savoir ce qui se cache dans son esprit. Je suis perturbée autant qu'il l'est et cela pourrait me rappeler de mauvais souvenirs. Je secoue la tête pour me recentrer dans le moment présent.

Moi: Arrête de t'inquiéter pour moi. Tout va bien se passer, je ne pars que 24 heures.
Alexander: Je songe de plus en plus à t'accompagner.
Moi: Nous avons eu cette discussion cent fois depuis une semaine. Que dirais-je à mes parents, à mes supérieurs, mes collègues ? Et tu veux que les paparazzi nous volent notre intimité, après si peu de temps passé ensemble ?
Alexander: Je le sais parfaitement ! Mais je n'arrive pas à m'y faire. S'il t'arrivait quelque chose à cause d'eux, je ne me le pardonnerai pas.

Il évite tout contact visuel avec moi maintenant. Plus le temps passe, plus nous en discutons, plus il se mure dans un mutisme abrutissant et insupportable. Je fais tout ce que je peux en regroupant ma patience et mon amour pour lui, pour essayer de le sortir de cette peur qui le tétanise.

Moi: Ce ne serait pas de ta faute mais de la leur et tu l'as dit toi même, le fait d'être ensemble ne laisserait plus de place aux doutes quant à notre proximité. Je pars demain matin pour être à la remise le soir même et je reviens le lendemain, au petit jour. Je ne serai pas absente longtemps.

Ses yeux bleus perçants me fixent à présent, si humides qu'ils sont presque larmoyants. Notre fameux contact visuel revient aussitôt et nos yeux ne sont plus qu'un immense océan bleu. C'est dans ces instants que je sais à quel point notre intimité est précieuse et encore fragile. Après tout, nous nous connaissons seulement depuis six mois et nous sommes ensemble que depuis trois semaines environ. C'est assez peu pour affronter la vie extérieure, surtout lorsqu'une des deux parties est héritière d'une des plus puissantes monarchies du monde.

Alexander: Ma belle, je ne supporterai ma solitude qu'en sachant que tu reviendras.
Moi: Tu deviens poète Alex...

Il sourit doucement et s'avance pour m'embrasser. Je réponds à son baiser avec autant de douceur et ses bras m'encerclent maintenant avec force et puissance. Je me sens en sécurité contre lui, plus que n'importe où et j'aimerai le lui faire comprendre pour qu'il soit moins méfiant. Notre baiser s'essouffle avant qu'il ne love sa tête dans le creux de mon cou, soufflant entre les mèches de mes cheveux.

L'étoile et le lionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant