Chapitre 25

295 6 3
                                    

Le bruit du chant des oiseaux parvient doucement à mes oreilles. Et comme chaque matin depuis mon réveil à l'hôpital, de légères douleurs fantômes remontent de mon mollet jusqu'à ma hanche. Le paradoxe entre ces deux sensations est trop étrange pour bien commencer la journée. J'entrouvre les yeux et aperçois la lumière pâle du jour entrer par la large fenêtre en face de moi. Les rideaux de couleur crème empêche les rayons du soleil d'éclairer entièrement la pièce où j'ai dormi. Mes paupières papillonnent et je découvre une tapisserie murale entièrement bleu ciel. Un travail de tissage dessiné des arabesques satinées sur un fond plus mat. Des meubles en bois plaqué et ornés de dorures décorent l'immense chambre dans laquelle je suis. Mais où suis-je exactement ? Je ne reconnais définitivement pas cette pièce trop grande et trop haute pour être ma chambre. En essayant de rester calme, je sursaute et je redresse pour tenir assise sur le lit. Je suis glissée dans les draps encore habillée et, à côté de moi, les draps ont également été défaits. Je cherche du regard des indices. Je ne tarde pas à tomber sur des photos magnifiquement encadrées sur la table de chevet de l'autre côté du large lit, surplombé d'un baldaquin aux tentures nuancées de bleu elles aussi.
Alexander, encore enfant, joue dans un parc extérieur aux côtés d'une femme et d'un autre petit garçon un peu plus grand que lui. Une autre photo est un portrait de cette même femme en tenue d'apparat. Un second portrait ovale expose le visage dun jeune homme en costume, à l'allure très distinguée. La dernière photo semble avoir été prise lors d'un mariage : Alexander est appuyé sur le capot d'une voiture ancienne devant laquelle pose un couple dont le marié est ce même jeune homme. La robe de la mariée est immaculée. On a l'impression qu'ils sont tous les trois devant une demeure immense. Je suis dans la chambre d'Alexander, à Kensington Palace.

Soudain, la porte s'ouvre, me faisant véritablement sursauter. Je n'aimerais pas être surprise par un de ses valets ou autre majordome dans cet état et dans son lit.

Alexander: Bonjour !

Il parle en français et son accent est charmant. Ses cheveux sont tout ébouriffés par la nuit je suppose. Il porte un ensemble de pyjama, légèrement trop ouvert sur son torse. Il pousse la porte et entre de dos. Il faut quelques pas de plus et recule en manœuvrant un plateau roulant sur lequel trônent toutes les choses dont on pourrait rêver pour un petit déjeuner. Les bonnes odeurs emplissent toute la pièce. Il ferme la porte en la poussant d'un coup de pied puis approche le plateau le plus près possible du lit. Il se précipite vers les rideaux et écartent les pans en taffetas, ne laissant que le voilage courir le long des vitres.

Alexander: Je nous ai préparé le petit déjeuner.
Moi: Quelle heure est-il ?
Alexander: Il est huit heures et quart. Je suis désolé, je suis un peu matinal. Je pensais que ça ne gênerait pas un militaire de terrain comme toi.
Moi: Mais oui moque toi !

Je réponds sur le même ton espiègle que lui. La grosse horloge qu'il m'indique confirme l'heure à laquelle je m'éveille. Les souvenirs de la soirée d'hier me reviennent peu à peu ; nous regardions un vieux film à la télévision après un repas enchanteur. J'ai du m'endormir. Soudain, je prends conscience de ma situation. Je suis habillée avec mes vêtements de la veille, encore maquillée et sous doute terriblement coiffée après avoir si bien dormi.

Moi: Je dois être affreuse.
Alexander: Non tu es très bien ! Ton mascara n'a pas débordé. Tu es très belle au réveil.

Son sourire découvrant ses dents le prouve. Il est d'excellente humeur. Je suis heureuse que cette matinée soit la continuité parfaite des moments partagés hier.

Alexander: Nous déjeunons et après tu iras te préparer si tu veux.
Moi: Comment ça ?
Alexander: Allez, ne perdons pas de temps. Je meurs de faim.

L'étoile et le lionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant