La convocation du conseil

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Je me réveille doucement dans mon grand lit, couverte des draps de satins poudrés qui l'orne. Alexander n'est pas à mes côtés mais il arrive subitement de derrière la porte en portant dans ses bras musclés un plateau d'argent chargé.
Son visage est clair et lumineux, il me fait sourire et dès qu'il s'assoit à mon côté en posant le plateau, je l'embrasse. Un baiser doux qui témoigne de notre bonheur réciproque. Il est tout fier de me présenter son plateau.

Alexander: Voilà un petit déjeuner royal pour son Altesse royale la princesse d'Angleterre !
Moi: Tu es adorable mais je ne suis pas véritablement une princesse.
Alexander: Et si, il va falloir t'y faire. En m'épousant tu as gagné ton tour dans la grande loterie de la monarchie et ton tour s'appelle plus communément un titre de noblesse.

Je ris car il a raison mais son ton est léger et fait ainsi passer la pilule. Il inspire profondément et commence à se montrer un peu trop sérieux, la voix qu'il prend me faire rire aux éclats.

Alexander: Donc Madame, voici votre petit-déjeuner. Il y'a de la brioche, du chocolat chaud, du pain perdu, de la confiture, des croissants, du jus de fruit et bien sûr des mets que nous vous laissons apprécier.
Moi: Je suis bien heureuse d'être mariée au comique le plus drôle de toute la dynastie.

Il rit aussi et reprend sa voix habituelle.

Alexander: Tu vois, rien ne changera à part que nous serons encore mieux.

Il prend alors ma main et la caresse tout doucement avant de venir embrasser l'anneau qu'il m'a donné hier. Ce moment est si intense dans nos yeux que le refus qui naissait au premier étage ne nous perturbe pas avant quelques minutes.
Alexander se tourne en fronçant les sourcils et enfile un peignoir et des pantoufles. Il sort de la chambre et je le suis sans faire de bruit après avoir pris un peignoir également.
Je découvre un homme d'un certain âge habillé d'un uniforme très solennel et qui se dispute avec le majordome de notre maison. Dès qu'il aperçoit Alexander, l'homme délaisse le majordome pour venir à sa rencontre. Il se courbe devant lui, puis devant moi.

Lord Winston: Vos altesses royales excusez moi pour ce dérangement si tôt après vos noces.
Alexander: Qu'y-a-t-il Lord Winston ?
Lord Winston: Votre Altesse, le conseil a jugé ce matin très tôt qu'il était temps pour vous et votre royale épouse de recevoir ceci.

Il tend une enveloppe scellée à Alexander qui la saisis avec exaspération. Il l'ouvre et je ne tente pas de lire. Il finit par lever ses yeux au ciel et se massant un instant le front. Sa voix devient dure et laisse paraître la pointe de colère qu'il ressent.

Alexander: Cela est-il réellement nécessaire ?
Lord Winston: Oui. La dynastie va bientôt être endeuillée et ce sera à vous de reprendre la couronne. Des instructions la concernant en votre cas vous serez délivrées à Clarence House par les membres de votre secrétariat.
Alexander: Mais nous sommes installés ici !
Lord Winston: Je suis désolée votre Altesse mais c'est la décision ferme du Conseil et elle est irrévocable. Permettez moi de prendre congés.
Alexander: Bon, très bien. Oui oui, rompez Lord Winston, rejoignez votre conseil.

Le Lord nous salue encore et quitte le château. Alexander est très énervé, il souffle et remonte précipitamment dans notre chambre. La gouvernante Barbara qui est une femme généreuse et attentionnée se précipite pour le suivre. Je la connais depuis que j'habite avec Alexander et je l'arrête dans son élan.

Moi: Ne vous inquiétez pas Barbara, ce n'est pas bien grave.
Barbara: Oh la la la la, je savais que ce jour arriverait ! Ce n'est pas grave sauf pour lui ma chère.
Moi: Mais qu'est-ce donc que cette enveloppe à la fin ?
Barbara: C'est celle qui lui donne officiellement le rôle de futur monarque, ce que signifie que...
Moi: Je m'en occupe.
Barbara: Je m'occupe de lui depuis qu'il est petit, s'il vous plaît, laissez moi y aller.
Moi: Je vous remercie de l'avoir fait et d'être toujours là mais je crois que cette lettre me concerne aussi lors je m'en occupe et je vous fait savoir dès qu'il est seul.
Barbara: Merci votre Altesse.
Moi: Continuez de m'appeler Rose s'il vous plaît Barbara, ce sera beaucoup mieux.

Je la laisse là après lui avoir donner un sourire plein de gentillesse car j'ai de la tendresse pour elle. Je finis de monter les escaliers et je rejoins ainsi Alexander dans notre chambre.
Il est assis sur le bord du lit, les coudes sur les genoux, la tête appuyée dans ses mains. Je m'agenouille pour être à sa hauteur et caresse ses avant-bras pour le faire réagir. Il lève la tête, je vois à son expression qu'il est en colère mais il ne dit rien pour le moment.

Moi: Qu'est-ce que c'est que cette lettre ?
Alexander: Lis-la d'abord.

Il me la tend et je la lis après l'être assise sur la moquette douce. Plus je lis plus je comprends son comportement mais, je ne comprends pas ce que concrètement tout ce charabia va nous apporter.

Moi: Tu peux m'expliquer ? Je ne comprends pas grand chose.
Alexander: C'est une convocation, LA convocation. Celle qui m'ordonne sans appel de me rendre immédiatement à Clarence House pour y suivre une préparation au trône. Et toi avec moi.
Moi: Tu veux dire que ton père n'a plus... ?
Alexander: Il ne reste plus beaucoup de temps alors le Conseil anticipe. Nous devons déménager à Clarence House aujourd'hui.
Moi: Quoi ?!
Alexander: Oui, tout est déjà meublé, il ne manque plus que nos effets personnels.
Moi: Mais et notre château ?
Alexander: Il reste à nous, nous pourrons y revenir à titre de vacances.

Je suis totalement bouleversée et je sais que ça se voit. Alexander qui est lui-même très en colère, tente de me rassurer.

Alexander: Nous n'avons pas le choix. Mais à deux, cette tâche nous paraîtra bien plus agréable à surmonter, nous serons plus forts.
Moi: Bon, et bien il faut faire nos bagages.

Il sourit en voyant que je comprends, que je prends sur moi, que je le suis et que je prends le rôle qu'on m'a donné.
Tout va très vite en ce moment, le mariage, le titre, la convocation, la préparation... je suis un peu tirée de tout les côtés mais je sais que c'est comme ça dans ce monde et que je l'ai choisi en disant oui à Alexander en haut de la Tour Eiffel.
Les domestiques nous aident beaucoup à faire les bagages et nous finissions par quitter notre château au bout de deux heures à peine.

Les voitures nous escortent jusqu'à Clarence House où nous entrons dans la cour alors que des journalistes et des gens du peuple nous prennent déjà en photo à travers les vitres teintées. Les grilles se referment aussitôt après nous et nous pouvons enfin sortir des véhicules. Les domestiques nous attendent en ligne sur le parvis de la demeure et ils nous saluent.
Alexander s'avance et remplace déjà la gouvernante par Barbara et le majordome principal par notre Georges. Puis nous entrons. La maison est typiquement british et magnifique. Elle est chargée d'histoire et c'est un honneur d'habiter ici avec Alexander mais pas dans ces conditions.

Un homme vêtu d'un uniforme de majordome nous souhaite la bienvenue dès notre entrée et se présente.

Westmawell: Bonjour vos Altesses et bienvenue à Clarence House ! Nous sommes très heureux et honorés de vous accueillir. Je suis Monsieur Louis Westmawell et je suis votre secrétaire général. Je suis celui qui régit votre vie au sein de Clarence House. Je vais vous montrer vos appartements.

Média : lettre du conseil

L'étoile et le lionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant