Tu ne seras pas mère !

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Je ne comprends rien. Mais alors rien du tout !
Il reste dans sa position, sans me regarder et sans parler alors je comprends que pour avoir quelques réponses, il faut lui tirer les vers du nez.

Moi: Qu'est-ce que tu veux dire ?
Alexander: Je, je ne peux pas te le dire.
Moi: Tu ne peux pas me le dire ? Je suis ta femme Alex.
Alexander: Oui et tu ne peux entendre ça.
Moi: Quoi ça ? Dis moi ce qui se passe.

Il ne bouge toujours pas. Je ne le trouve pas très bien et pas vraiment cohérent. C'était trop beau et surtout trop rapide pour être vrai, nos retrouvailles ne peuvent pas se passer aussi bien.
Il relève soudainement la tête de ses mains, je perçois alors son visage tendue et tiré par la réflexion, le manque de sommeil et son secret.

Alexander: Je suis désolée de t'avoir délaissée...
Moi: C'est bien de s'en rendre compte.

J'explose, il faut que tout ce que j'aurais voulu lui dire pendant ces longues semaines sortent de ma tête et de mon coeur. Je ne veux pas l'accabler mais la communication n'a jamais fait de mal à aucune relation, bien au contraire. Il faut qu'il comprenne.

Moi: Je sais que ta fonction t'impose énormément de travail et que cela te fatigue beaucoup, et pas seulement à cause du temps que tu y passes. Seulement, tu ne te réveilles pas et ne t'endors pas avec moi, tu ne manges pas avec moi, tu ne partages aucune discussion avec moi, tu n'as même pas pris le temps d'accueillir Arthur lorsqu'il est venu.
Alexander: C'est le travail qui...
Moi: Faux, tu m'évites, je ne sais pas pourquoi mais tu le fais. Tu ne me touchais presque plus.
Alexander: Pourquoi tu penses ça ?
Moi: Je te connais Alexander, tu n'as jamais fait ça mais je sais que tu m'évites. Pourquoi ?

Il ne réponds rien, il fuit mon regard. Son silence m'exaspère moins qu'il ne m'inquiète mais ça commence sérieusement à me taper sur les nerfs.

Moi: Parles moi.

Toujours rien. Je laisse quelques dizaines de secondes s'écouler, au cas où il aurait envie de tout me dévoiler. Mais rien. Je tape du poing.

Moi: Ton silence me fout les nerfs en l'air !

Il marmonne deux ou trois mots avant d'exploser.

Alexander: Je ne veux pas de cette vie !
Moi: Oui, je sais que c'est difficile pour toi et que...
Alexander: Non tu ne sais rien ! Être roi je m'y suis fait ou plutôt je me suis fait une raison mais qu'on me demande d'assurer la descendance... jamais !

Je commence à comprendre où il veut en venir mais j'ai peur de ce qu'il va me dire. Je le laisse continuer.

Moi: Ça peut attendre, nous avons encore du temps...
Alexander: Je ne veux pas d'enfant, je n'en voudrais jamais. Tout ça n'est que pure folie ou pure bêtise ! J'ai l'impression d'être enfermé dans une immense erreur !
Moi: Je suis là...
Alexander: Justement. Chaque morceau de toi m'appelle au plus profond de moi, je n'ai pas envie d'avoir d'enfant... c'est, c'est pour ça que je ne te touche plus. Tu ne seras pas mère. J'espère seulement qu'après hier, il n'arrivera rien.
Moi: Je commence à comprendre.

Le ton de ma voix s'est durci, parce que je n'ai pas envie de m'abaisser pour me rendre compte que je ne suis pas à ma place. Il le remarque et lève à nouveau les yeux vers moi. Ils sont pleins d'inquiétude.

Moi: Je suis l'erreur qui a engendré tout ça.
Alexander: Ce n'est pas ce que je dis...
Moi: Oh si ! Et tu sais que c'est ce que tu penses un peu, dans un coin de ta tête. Tu ne veux pas d'enfant même avec moi, si tu ne t'étais pas marié, rien ne serait arrivé.

Je le vois ouvrir la bouche pour protester mais je le stoppe directement dans geste de la main. Il se lève quand même et écoute.

Moi: Tu me délaisses et préfère travailler. Tu regrettes de m'aimer autant physiquement que dans la vie quotidienne.
Alexander: Ce n'est pas vrai.
Moi: Arrête Alexander ! Tu sais que c'est la vérité, tu le dis toi-même ! Ça ne sert à rien de prolonger les hostilités.

Je le regarde un instant en silence, ses yeux cherchent quelque chose dans les miens mais je tente de verrouiller mes pensées pour qu'il ne puisse pas entrer dedans. Je tourne soudainement les talons et me précipite d'un pas plus que rapide dans notre chambre, à l'autre bout du chalet. Il a fallu une seconde à Alexander pour réagir. Mais il n'était pas assez rapide pour m'empêcher de fermer la porte à clé.
Il frappe contre le bois de celle-ci alors que je presse pour refermer mes bagages et m'habiller. Des larmes me viennent, j'essaie de les retenir mais ses cris derrière la porte me déchire le coeur.

Alexander: Rose ! Ouvre cette porte je t'en supplie ! Je ne veux pas que tu crois cela, c'est faux !
Moi: Alexander laisse moi tranquille ! Et arrête de frapper cette porte tu ne peux t'en prendre qu'à toi même !

Il tape encore mais les coups ralentissent et perdent de leur intensité. Je n'entends plus rien et finit par sortir après m'être calmée un peu.
Alex est dans le canapé, affalé, à regarder le liquide du vin danser dans le verre qu'il s'est servi. Dès que je ferme bruyamment la porte, son regard devient plus vif et se tourne vers moi. Leurs bords rougis me laissent penser qu'il a pleuré. Puis son regard se porte sur mes bagages tout près de moi. Il se lève aussitôt mais ne bouges pas de devant ce canapé.

Alexander: Qu'est-ce que tu fais ?
Moi: Les vacances s'arrêtent là.

Je n'en dis pas plus et prends mes bagages en me dirigeant vers la sortie. Je suis interceptée presque immédiatement par mon mari ou plutôt ce qu'il en reste.

Alexander: Je n'ai pas bien entendu.
Moi: Ça s'arrête là, tout s'arrête là.
Alexander: Tu, tu me quittes ?

Son regard me supplie de ne rien confirmer et il n'ose pas me toucher pour me retenir, sachant que je peux exploser. Il bloque seulement le passage, j'essaie d'ailleurs de le contourner pour terminer ma route.

Moi: Ne rends rien de plus compliqué, je t'en conjure. Je pense que tu n'es pas fait pour t'engager si rapidement, ni maintenant. Et je penses même que nous ne sommes pas réellement faits pour être ensemble finalement...

Ces mots me font mal alors je lâche les larmes, elles coulent doucement sur mes joues. Il sourit tendrement comme pour me rassurer et essuie mes larmes de son pouce. Je le laisse faire mais ne tarde pas à me dégager pour sortir sans ajouter un seul mot.
Je ne peux pas continuer les frais. Je pensais que tout le malheur était derrière mais la vie en a décidé autrement.

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L'étoile et le lionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant