Alexander

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Je suis dans ma chambre à Clarence House et je finis de revêtir mon premier costume de mariage. Cela faisait longtemps que je n'avais pas porté la tenue militaire de la Royal Air Force bien que je ne sois finalement entré dans la British Army, la tenue d'apparat est étrange à porter. Les bottes lacées en cuir, la veste rouge, la ceinture, tout a été fabriqué à Savile Row, spécialement pour mon mariage. Je me regarde une dernière fois dans le miroir en tirant sur ma veste puis me retourne face à Arthur.

Moi: Alors ?
Arthur: Rose sera incapable de détacher son regard de toi. Quelle élégance !
Moi: Je préférais qu'elle soit incapable de retirer ses mains.

Arthur laisse échapper un rire amuse et je souris nerveusement tandis que la porte de ma chambre s'ouvre. Mon père entre dans avoir frappé, vêtu de son costume royal. Il observe un instant Arthur et finit par ouvrir la bouche.

Edward: Armée française ?
Arthur: Oui Votre Majesté.
Edward: Quel grade ?
Arthur: Sergent-chef  Votre Majesté, c'est ma sœur qui m'a gradé.
Edward: Votre sœur ?

Arthur a l'air complètement perdu et regarde alors dans ma direction. Je hausse les épaules pour m'excuser au nom de mon père etArthur reprend péniblement.

Arthur: La mariée, je suis le frère de Rose, Arthur de Whitacker.

Mon père lève les sourcils et revient face à moi. C'est à mon tour de prendre des remarques à l'allure innocente mais bien choisies pour me déstabiliser. Mais il en est hors de question aujourd'hui.

Edward: Apprécies-tu Clarence House ?
Moi: Nous ne nous installons pas mais c'est agréable. Rose s'habitue peu à peu à cet environnement.
Edward: Ce qui me fait venir aux raisons de ma visite. Pouvez-vous nous laisser un instant ?

Arthur acquiesce et sort calmement de la pièce, il va sans doutes prévenir Rose mais ce n'est pas un problème. Plus elle en sait, plus elle se prépare à tout et plus tout se passe bien.

Edward: Comme tu le sais, sans mon approbation, ce mariage restera invalide aux yeux de la nation. Et tout enfant porté par Rose sera déclaré illégitime.

Il a choisi ce jour pour venir me faire chanter avec ses menaces et m'emmerder avec le protocole. Je sers les dents et une boule de colère me monte dans la gorge.

Moi: Je n'ai pas prévu d'avoir d'enfant, alors ça ne devrait pas poser de problème. J'ai bien retenu la leçon, les enfants sont un fardeau à porter pour la monarchie et encore plus pour leurs parents.

Mon père ouvre de grands yeux. Une expression choquée traverse son visage et d'aussi loin que je me souvienne, c'est la première fois que je le vois aussi surpris.

Edward: J'imagine qu'elle connaît ta décision.
Moi: Nous en avons déjà parlé.

Mes réponses sont fermes et calculées. Je ne connais pas sa véritable motivation alors je me méfie et reste immobile, campé sur mes positions. Quitte à dire n'importe quoi s'il le faut.

Edward: Alors je suppose que la question de légitimité n'a aucune importance pour toi.
Moi: Strictement aucune.
Edward: Tu as été très catégorique quand tu m'as confirmé ta décision d'épouser Mademoiselle de Whitacker. Je m'attendais à se que tu ne renonces pas au trône malgré que tu aies déjà fait connaître ton mépris pour ton droit de naissance.
Moi: Vous savez que je ne ferais jamais cela, pour pouvoir la protéger et honorer Maman. Elle aurait aimé Rose.

Mon père me fixe, je ne comptes pas accepter le moindre compromis de sa part. Il finit par rompre le contact entre nous pour s'avancer et saisir la photo que j'ai déposée hier sur ma table de nuit. Une photo de Rose et moi.

Edward: J'ai pensé à ta mère hier. Elle prenait ses responsabilités de reine très à coeur, elle faisait toujours attention à tout. Ton frère a été un grand bonheur mais lorsque tu es né, elle s'est focalisée sur toi. Je n'avais pas ma place, je ne savais pas comment me comporter avec toi quand tu étais petit. Mais quand je t'ai tenu pour la première fois et que tes yeux se sont ouverts, j'avais l'impression de la voir elle. Et en grandissant, tu n'as cessé de lui ressembler plus encore.

Je comprends peu à peu où il veut en venir mais je ne bouges pas et me tais.

Edward: La dynastie perdurera avec ou sans toi Alexander.
Moi: Ah oui ? Et grâce à qui alors ? Elle mourra et puis c'est tout.
Edward: J'ai aussi réfléchi à ce qu'elle aurait pensé de cette journée. Elle aurait apprécié Rose et elle aurait aimé être là aujourd'hui.
Moi: Si seulement vous partagiez cet état d'esprit.
Edward: J'ai passé beaucoup de temps à réfléchir. Tu as choisi ton épouse et c'est ta décision mais moi seul peux choisir quelle direction prendra la monarchie. Tu as cru pendant des années que j'appréciais mon rôle de monarque mais à tort. Du sang a été versé au fil du temps par des hommes qui voulaient ce trone et les meilleurs d'entre nous l'ont accepté à contre coeur, c'est pour cela que tu me succédera.

Je ne comprends plus où nous mène cette conversation mais j'écoute quand même attentivement.

Moi: Et si je n'en ai pas envie ?
Edward: Tu le feras avec certitude, les hommes bien ne se défilent pas devant leur devoir.

Il ne bouge plus et moi encore moins. Nous sommes à égalité dans cette bataille et j'attends un geste de sa part. Il ne se fait pas attendre puisque mon père tire une enveloppe de sa poche. Je la saisis et brise le sceau puis parcourt les documents avant de lever les yeux vers lui.

Edward: Si tu penses à refuser, sache que j'ai déjà accompli les formalités nécessaires. Le mandat est officiel. L'un accorde à Rose un titre de princesse d'Angleterre en plus du sien et l'autre approuve votre mariage.
Moi: Pourquoi ?
Edward: Parce qu'elle l'aurait voulu...

Sur ces mots, il prend congé. Je me précipite dans le couloir et j'arrive devant sa porte mais je me stoppe net, pensant que Rose ne savait pas que nous allions nous marier illégalement. J'entends un éclat de rire s'échapper de sa chambre, je me rends compte qu'elle s'est réellement battue pour cette journée et pour moi.
Je quitte le couloir à bout de souffle et récupère mes gants et ma casquette dans ma chambre avant de sortir dehors pour monter dans ma voiture. Dans quelques heures nous serons mari et femme. Plus tard, je lui dirait qu'elle porte mon nom et mon titre. Plus tard, je la coucherai et lui ferais l'amour, elle sera mon épouse.
Mais là, je glisse les papiers dans ma poche intérieure gauche, sur le coeur et sur mon tatouage. C'est un lieu qui lui appartient déjà.

Média : Rose et Alexander sur la photo de sa table de chevet.

L'étoile et le lionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant