Nuit insupportable

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Nous sommes le trente-et-un janvier. Nous sommes à Balmoral pour quelques jours de repos, en compagnie de Mary. Un mois s'est écoulé depuis nos retrouvailles en France.
Si Alexander n'avait pas fait le nécessaire, le divorce aurait été prononcé maintenant. Mais ce n'est pas ce qui s'est passé. Bien heureusement.
Nous nous sommes retrouvés d'abord en France, d'une façon bien hors des normes d'Alexander puis en Angleterre, où nos corps se sont retrouvés physiquement, à en avoir mal. Tout se passe bien à présent et j'ai même l'impression qu'Alexander n'a pas envie d'attendre encore quelques mois pour avoir un enfant. On dirait qu'il veut en avoir un à chaque fois que nous faisons l'amour.

Mes pensées sont interrompues par une vive douleur, plus vive que celles que je ressens depuis ce matin. Je n'ai rien dit à Alexander, ne voulant pas l'inquiéter. C'est sans doutes le retour de mes règles qui me donne mal au ventre. Mais depuis que je me suis couchée, je ressens une douleur de plus en plus virulente. Je commence à me tordre dans le lit en essayant de ne pas réveiller mon mari qui dort sans ronfler à côté de moi. Je reste dans une position pour sûr étrange mais qui me soulage un instant. Je suis au bord du lit, prête à tomber si je gigote un peu plus. Je commence à calmer mon rythme cardiaque quand soudain, un spasme de douleur assaille mon ventre violemment. Si violemment que j'en tombe du lit. Ma chute ne fait pas trop de bruit sur la moquette épaisse qui couvre le sol.
Je me traîne alors tant que je peux sans gémir pour éviter de réveiller Alex, jusqu'à la salle de bain attenante. J'y arrive au bout d'efforts qui me paraissent interminables. Toujours à terre, j'allume la lumière et repousse la porte derrière moi. Je pousse un petit meuble devant le miroir pour pouvoir me hisser et m'assoir dessus. J'observe mon reflet.
Mon front ruisselle de petites goutes de sueur, mes yeux creusés par la fatigue et la douleur me donne une allure de malade et mon teint est terne. J'ai chaud, je suis en nage dans un pyjama pourtant très léger. Un autre spasme m'assaille. Je me met alors à farfouiller avec urgence dans les placards pour essayer de trouver un médicament. Des boîtes en carton de je ne sais même pas quoi, tombent sur le carrelage. Je me dépêche tant que ma douleur me le permet pour les ramasser et les enfermer de nouveaux dans les placards. Je n'ai rien trouvé d'assez fort pour soulager ma douleur. Je décide donc de sortir de la salle de bain. J'éteins la lumière et fais à nouveau des efforts fous pour atteindre la porte de notre chambre qui donne sur le couloir. Je veux aller chercher l'aide de Mary, sa chambre est au bout du couloir et j'ose espérer que je ne la dérangerait pas. Je n'ai pas envie de réveiller Alexander, c'est une histoire de femmes.
J'allais sortir de la chambre en actionnant enfin la poignée lorsque sa voix m'interrompt.

Alexander: Qu'est-ce que tu fais ?

Je me retourne péniblement et tombe à nouveau par terre. Il se précipite alors hors du lit après avoir allumé sa lampe de chevet, éclairant ainsi le portrait de nous deux qu'il garde toujours près de lui.

Alexander: Rose ! Qu'est-ce qui t'arrive ?

Il se met à genoux pour être à mon hauteur et me prend les bras, voyant bien que j'ai chaud. Je sens ma tête tourner et laisse ainsi le haut de mon corps tomber sur ses genoux dans un gémissement de douleur. J'ai mal.
Ses mains entourent mon visage et il m'appelle. Je ferme les yeux, essayant d'apaiser mon ressenti. Je le sens paniquer tout à coup, il se met alors à hurler le nom de sa grand-mère qui arrive au bout d'une bonne minute. Elle plaque les mains sur ses joues en me voyant dans cet état. J'ai encore les yeux assez ouverts pour voir se qui se passe et j'entends.

Mary: Que se passe-t-il ? Oh mon dieu !
Alexander: Je ne sais pas ce qui se passe grand-mère, elle a très mal.
Mary: Il faut aller chercher un médecin.
Alexander: Vas le chercher s'il te plaît. Vite je t'en supplie ! Elle souffre...
Mary: Très bien, j'y vais. Je fais ce que je peux, mon grand.

Elle s'en va sans sa démarche de reine et se met à courir jusque dans sa chambre. Je l'entends décrocher un téléphone et parler en haletant. Elle s'affole lorsque la personne qui doit être le docteur décroche. Elle lui demande de venir sur le champ. Le docteur soit accepter puisque sa voix se calme un peu et qu'elle raccroche pour revenir à mon chevet.

Mary: Le docteur n'est pas loin, il sera là dans quelques minutes. Mets la dans le lit sans la couvrir. Je vais chercher un gant humide pour tenter la soulager.

Alexander me porte dans ses bras et je vois son magnifique visage tendu par l'inquiétude. Je peux lui dire quelques mots :

Moi: Alex... j'ai mal.
Alexander: Je sais mon amour. Le docteur est en route. Je suis là ne t'inquiète pas.

On me dépose dans les draps qui sont trempés de toute la sueur que j'ai versée dans mon sommeil. Mary décide de les retirer pour les changer rapidement. Elle réveille d'une voix sonore sa femme de chambre personnelle pour l'aider. Alexander me reprend dans ses bras. J'apprécie de l'avoir près de moi mais ma douleur ne s'atténue pas, en tout cas elle n'augmente pas et c'est un point positif.

Une fois les draps changés, il m'allonge sur le lit et Calle ma tête avec des oreillers. Il m'essuie le front d'une serviette en éponge et Mary applique un gant humide et froid sur le haut de ma tête pour me soulager. J'ai déjà moins chaud.
Je sens mes yeux se fermer, mes paupières s'alourdir. Alexander me parle doucement en me tenant fermement la main gauche où j'ai remis mon alliance depuis à peine plus d'un mois. Je le sens trembler un peu, il s'inquiète. De mon côté, il est vrai que j'ai mal mais je ne ressens aucune inquiétude. Peut-être parce que ce n'est pas grand chose.

L'étoile et le lionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant