J'entre dans notre chambre, la chambre « nuptiale ».
Alexander est déjà couché torse nu dans le lit, il regarde dans le vide, une photo de notre mariage dans les mains. Je m'arrête dans l'entrée et il ne tarde pas à me remarquer.
Son regard s'affole et s'illumine, je vois qu'il est peiné. Il attend peut être que j'aille vers lui et lui dise ce que je ressens, mais ce n'est pas ce que j'ai envie de faire. Moi, je baisse la tête et avance jusqu'à la salle de bain attenante. Il me regarde faire un instant puis se lève pour venir me prendre dans ses bras, mon dos contre son torse.
Je souffle, heureuse de le sentir contre moi mais son contact ne panse pas les blessures toutes fraîches de mon coeur. Je remue mes épaules pour le forcer à se détacher de moi. Il me relâche, surpris et encore plus peiné, il paraît incompréhensif et je sais qu'il risque de s'énerver mais là maintenant, je n'en ai plus rien à faire.
Il sort de la pièce et moi je la ferme directement à clé. Ces gestes que nous faisons depuis cinq minutes sans prononcer la moindre parole sont un enchaînement triste témoignant de nos émotions intérieures, mais les miens sont d'autant plus accusateurs, frappants et attristants pour lui.
Je prends ma douche lentement, laissant l'eau couler sur mon corps fatigué. Je glisse ensuite dans un pyjama confortable et simple, en couvrant mes épaules d'un peignoir court en satin. Je me regarde dans le miroir et je suis prise d'une soudaine envie de pleurer. Ce que je vois ne sera plus la même chose dans un mois ni même dans deux mois, après l'abandon de mon métier je vais devoir endosser un rôle lourd.
Je me reprends et sors de la pièce en silence et avec lenteur. Je m'approche du lit où Alexander est assis sur le bord du côté droit. Il ne me regarde pas mais dès que je m'assois de mon côté, il se tourne et avance vers moi. Je lève les yeux vers les siens.
Ses cheveux noirs épais, sa peau douce épousant ses muscles bombés, ses yeux bleus si profonds pourraient bien me faire flancher et me faire me précipiter dans ses bras. Mais j'ai trop mal au coeur pour pouvoir montrer un geste d'amour.
Je vois dans son regard qu'il panique, il ne sait pas quoi faire, quoi dire. Ces regards que nous nous lançons ne servent qu'à nous faire un peu plus mal alors je romps le contact visuel et décide de tirer l'oreiller de mon côté.
Aussitôt, sa main attrape la mienne si fort que je lâche le coussin immédiatement. Son regard s'est durci mais je sais qu'il reste plus inquiet qu'énervé.Alexander: Qu'est-ce que tu fais ?
Moi: Je ne dors pas là.
Alexander: Pourquoi ? Ta place est ici, avec moi.Je ne réponds pas et continue de baisser un peu plus les yeux.
Alexander: Parles moi Rose, je peux tout entendre de toi.
Moi: Je ne dormirai pas ici Alexander.
Alexander: Mais ta place est... ta place est ici n'est-ce pas ?
Moi: Je, j'en doutes tout d'un coup.Ma révélation a l'effet d'un coup de tonnerre froid entre nous mais il ne me lâche pas pour autant.
Alexander: Pourquoi dis-tu cela ?
Moi: Je ne suis pas une poupée de salon qui accepte tout ce qu'on lui demande avec un sourire de Miss. Tu te rappelle quand tu m'as dit qu'un univers trop mondain finirait par me tuer, tu avais raison.
Alexander: Ce n'est pas ce qu'on te demande.
Moi: Tu sais très bien que tu me mens en disant cela. Je ne dors pas là.
Alexander: Combien de temps vas-tu encore être triste comme ça, vas-tu me parler comme ça ? Je suis ton mari, tu es ma femme et je t'aime.
Moi: Je ne dors pas ici jusqu'à ce que j'ai assez réfléchi. Plusieurs jours peut-être.
Alexander: Bon sang Rose, mais tu ne comprends pas que je n'y peux rien ?
Moi: Je le sais mais j'aurais espérer autre chose de ta part.
Alexander: Tu ne vas pas rester loin de moi longtemps ?
Moi: Autant de temps qu'il me faudra pour réfléchir et prendre une décision.Sa main se desserre tremblante et glisse jusqu'à accrocher doucement mes doigts. Sans me contrôler, je le laisse faire et laisse mes doigts s'entremêler dans les siens.
Il baisse la tête et pince ses lèvres, j'entends soudain qu'il pleure. Une larme tombe sur le drap et il relève la tête aussitôt, les yeux pleins de larmes. Il ne s'arrête pas, ne retient pas ses larmes.Alexander: Que dois-je faire, que dois-je faire pour te rendre heureuse ? Suis-je seulement capable de le faire ? Puis-je le faire ? Tu me fais mal, terriblement mal au cœur Rose, je me sens impuissant, je ne sais plus comment te rendre le sourire. Je t'en supplie, ne me laisse pas seul, ne me quitte pas !
Le voir ainsi bouleversé me fait mal au cœur, affreusement, tellement que je crois mourir sur le champ.
Moi: Et moi, je ne sais pas si ce que je suis suffira à faire de moi ta femme, la reine, celle que tout le monde attend que je sois. Je ne sais pas si je suis à la hauteur de ce que l'on me demande, si j'en suis digne. Apparement non car on me demande de changer ce que je suis après m'avoir soit disant acceptée.
Alexander: Rose, je t'aime, je t'aime comme un fou, je pourrais mourir pour toi. Je ne t'ai jamais lâchée depuis notre rencontre et je ne te lâcherais jamais. Je t'ai promis tout cela officiellement il y'a à peine quelques jours car dans mon cœur, je te l'avais déjà promis un milliard de fois en secret. Tu es largement digne de moi et de ce que l'on attend de toi. Personne ne doit te forcer mais comprends que militaire à temps plein est impossible pour une future reine.
Moi: Je sais tout ça, je ne l'ai pas perdu de vue, je sais que tu m'aimes et je t'aime autant voir plus. Je doute de l'avenir et de mes compétences en tant que future reine justement, il est possible cependant que mon temps de travail soit aménagé spécialement pour moi et je peux changer de fonction, être moins exposée si tu le désires et le protocole aussi. Mais quitter l'armée m'est impossible.
Alexander: C'est ce que nous allons faire si tu es d'accord alors, demain nous nous occuperons des papiers à envoyer à l'armée française et nous annoncerons à cette ribambelle de secrétaires et conseillers notre décision. Tu ne quitteras pas l'armée my Love.Je le regarde, pleine d'admiration pour lui. Il est fabuleux, plein de surprises. Je n'aurais jamais cru le voir pleurer un jour, surtout par ma faute. J'avais le cœur brisé mais maintenant je sens les plaies se panser petit à petit. Ma main se scelle solidement à la sienne tandis que nos regards suivent. J'avance mon autre main jusqu'à son visage parfait mouillé de toutes ses larmes. J'essuie délicatement les petites gouttes qui perlent sur ses joues et près de ses magnifiques yeux bleus.
Moi: Je suis désolée Alexander.
Alexander: Je te comprends, j'aurais agis comme toi. Je ne t'en veux pas.Je me jette alors dans ses bras. Il m'encercle de ses bras puissants, je me sens protégée ici, son odeur me réconforte et les battements de son cœur me rappelle qu'il m'aime et que je l'aime aussi.
Moi: Je t'aime à en mourir.
Alexander: Moi aussi je t'aime. Viens te coucher près de moi maintenant.Je lui obéis et le laisse m'entraîner sous le fin drap de coton. Ses bras m'encerclent toujours et je ferme les yeux sereine d'être là avec lui, entourée de tout cet amour. Il dépose des tas de baisers sur mes joues, mon front et mes lèvres. Je les lui rends, accompagnés de petites caresses sur son torse.
Alexander: Bonne nuit. Et n'oublie pas que je t'aime.
Moi: Je ne l'oublie pas, bonne nuit mon amour.Nous nous endormons paisibles, plus paisibles qu'il y'a cinq minutes. Heureusement, je n'aurais pas survécu loin de lui un jour de plus.
Média : Die for you - The Weeknd
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L'étoile et le lion
Teen FictionFrançaise et entravée par des principes familiaux, sa vie prend un tournant alors qu'elle traverse la Manche comme tant d'autres fois auparavant. Anglais et promis à un avenir lourd de responsabilités, il est bousculé par l'imprévu d'une mission ba...