Chapitre 50

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Alexander avait réservé une suite à l'hôtel Ritz pour que je puisse me reposer avant de rentrer à Londres. Le temps qu'il faudra, avait-il dit. Nous étions ici incognito pour ne pas être dérangés, nous retrouver après avoir été séparés pendant un long mois. Lui au palais pour remplir ses obligations d'Altesse royale et moi à l'extrémité de l'Europe pour sécuriser toute une zone mise en péril par les convoitises odieuses de plusieurs groupes.
J'ai dormi dès notre arrivée dans la chambre, littéralement. Alexander a du me déshabiller pour que je puisse profiter d'un sommeil réparateur. J'ai traîné au lit, somnolente, jusqu'à presque midi. Après un repas bref dans notre chambre, nous avons pu profiter de Paris l'après-midi en prenant garde de nous cacher et de ne pas traîner devant les bâtiments. Nous sommes rentrés à l'hôtel le soir avec les quelques achats que nous avions faits, épuisés mais si heureux de nous être retrouvés. Mais à peine étions nous remontés dans notre suite que le téléphone de celle-ci se mit à sonner sans cesse, comme un invité imprévu et présomptueux. Alexander a fini par décrocher, c'était un journaliste à l'autre bout du fil. Il a raccroché tout de suite, en frappant le combiné violemment contre son socle. Il m'a regardée, blême, comme s'il avait vu un fantôme. Il s'est ensuite approché à grands pas de la fenêtre qui donnait sur la Place Vendôme pour observer l'extérieur. Le soleil déclinait à peine alors qu'une nuée d'hommes en noirs armés d'appareil photos avec d'impressionnants objectifs nous épiaient et essayaient de saisir notre sortie de l'hôtel. Alexander restait fixé à cette fenêtre, le fin rideau empoigné fermement dans sa main droite. Je ne comprenais pas alors je me suis approchée à mon tour. En bas, ils ont du voir quelque chose bouger puisqu'ils se sont tournés vers nous et nous ont aveuglés de leurs flash. Bien heureusement, nous étions trop hauts et bien protégés par la réflexion de la lumière, ils n'ont rien obtenu de bon puisque rien n'est paru dans les jours suivants.

Je m'étais alors écartée de la fenêtre et avais ensuite saisi le bras d'Alexander qui restait immobile. Dès que ses yeux ont rencontré les miens, il s'est laissé glisser sur le sol, les genoux repliés et les coudes croisés sur eux. On aurait dit un enfant terrorisé.

Moi: Qu'est-ce que tu as ?

Je m'étais accroupie pour être à son niveau et j'ai vu ses yeux embrumés. Son regard était si triste et désemparé que ça m'a fait ravalé tous mes mots.

Alexander: J'ai peur. Je peux te le dire maintenant. Je n'ai jamais cessé d'avoir peur. Cela s'était atténué avec le temps et l'organisation de mes sorties. Mais depuis que tu es là, je n'ai jamais été aussi inquiet.

Touchée par sa confidence, je sentais les larmes monter et j'ai voulu poser ma main sur son avant-bras mais il s'est reculé et m'a rejetée.

Alexander: J'ai besoin d'être seul.

Surprise et blessée par cette réaction de sa part, je me suis relevée et j'ai fait quelques tours anxieux dans le petit salon. Lui avait disparu pour s'installer, encore une fois recroquevillé, sur un siège, dans un coin de la pièce. Le voyant si perdu et ne me portant aucune attention, j'ai quitté la chambre. C'était la seule option que je voyais s'offrir à moi mais je la savais dangereuse. Si un ou plusieurs journalistes se cachaient dans cet hôtel, j'étais cuite. J'ai donc presque couru pour utiliser l'ascenseur privé toujours réservé aux invités prestigieux. Là dedans, il y'a toujours quelqu'un pour vous accompagner. Le jeune homme qui était là m'a regardée de la tête aux pieds alors que j'expirais d'un coup.

Garçon d'étage: Madame ?
Moi: Au salon privé je vous prie.
Garçon d'étage: Je suis navré Madame, mais cet ascenseur est réservé à nos visiteurs spéciaux.
Moi: Je suis la duchesse de Whitacker.

Il ne me remettait pas et fronçait légèrement le nez. Je l'ai donc fixé intensément pour lui répondre.

Moi: Future princesse du Royaume-Uni et du Commonwealth. Fiancée du prince héritier. Chambre 306.
Garçon d'étage: Je vous prie de m'excuser... Votre Altesse.
Moi: Votre Grâce suffira pour l'instant.

L'étoile et le lionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant