Éloignement

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Les jours et les semaines passent. La date du couronnement est fixée au 5 février prochain, nous sommes déjà fin novembre et je me suis enfin décidé à étudier le protocole.
Je me sors plutôt bien de mes cours avec mes différents professeurs, je les rends fous et je n'apprends rien de bien nouveau. Alexander m'avait initiée et tout expliqué avant, et puis j'étais déjà noble donc mon éducation a été aussi barbante que ces cours.

Il y'a une ombre au tableau et pas des moindres. Alexander est toujours aussi adorable et attentionné mais pour ce qui est de nos « câlins » et notre désir, plus rien n'est comme avant. Il ne me désire presque plus puisque nos rapports sont de moins en moins longs et passionnels et de plus en plus espacés. Je peux très bien me passer de cela mais je sens qu'il s'éloigne et qu'il est machinal.
Il refuse d'en parler et le sujet m'énerve au plus haut point. Il reste aussi enfermé dans son bureau. Quand j'ai envie de lui faire une petite visite, il dit qu'il travaille et je le laisse. Il m'évite et je ne comprends pas pourquoi. Aussi, il vérifie toujours quel jour nous sommes. Pourquoi, je n'en sais rien non plus.

Mais heureusement, mon autre source de bonheur et de joie continuelle n'est pas si loin lorsqu'Alexander est occupé. J'ai appelé mon petit frère à venir me rejoindre pour que je puisses être plus gaie et rire un peu. En effet, Mary n'est plus à Buckingham, elle prend des vacances en Ecosse et Alexander s'est transformé en extension de bureau. Il me manquait et je n'avais pas envie de rester seule. Arthur ne devrait pas tarder à arriver d'ailleurs.
J'entends un klaxon retentir instantanément. Je me précipite à la fenêtre du salon où j'étais tranquillement assise à penser et j'aperçois une voiture jaune dans la cour avec un bonhomme qui me salue de la main. Excitée, je quitte la fenêtre pour courir au perron et l'accueillir.
Je lui saute dans les bras si fort qu'il a manqué de tomber en arrière. Nous rions de ces retrouvailles heureuses en nous prenant dans les bras.

Moi: Arthur ! Tu m'as manqué !
Arthur: Toi aussi, votre Majesté !
Moi: Tu ne vas pas rester dehors quand même, surtout avec ce froid. Aller rentres !

Je le guide et lève machinalement la tête pour regarder le ciel quand j'aperçois Alexander nous observer froidement à la fenêtre de son bureau. L'air de rien, je baisse ma tête et invite mon frère à entrer dans le palais. Je le guide jusqu'à la chambre que j'ai faite préparer pour lui.
Il écarquille grand ses yeux en voyant la richesse des matériaux. Il se laisse tomber sur le lit en souriant jusqu'aux oreilles.

Arthur: C'est magnifique ici ! Je vais vraiment dormir là ?
Moi: Haha, oui mais ne t'inquiète pas, tu n'es pas obligé de respecter ce fichu protocole.
Arthur: J'espère bien, et toi d'ailleurs, tu n'as rien de prévu dans le genre officiel ?
Moi: Non pas vraiment. J'ai seulement une visite d'un orphelinat demain. Tu voudras venir ?
Arthur: Avec plaisir ! On pourrait peut-être apporter des choses aux enfants ?
Moi: Je n'y avais pas pensé mais c'est une excellente idée. Je vais demander aux cuisines de préparer des biscuits à la cannelle et la vanille.
Arthur: Tu te souviens que nous faisions les nôtres nous-mêmes ?
Moi: Oui, c'est toujours possible...

Je le regarde avec un air malicieux et lui aussi. Nous pensons à la même chose et il ne nous faut que deux minutes pour nous retrouver couverts d'un tablier à mettre les mains dans les différents ingrédients. Les quantités nécessaires sont impressionnantes car il y'a beaucoup d'enfants mais c'est pour la bonne cause. Nous rions et jouons avec la farine alors que les cuisiniers nous observent avec perplexité.
Quelques heures plus tard, tout les petits gâteaux sont cuits et nous nous installons dans un petit salon du premier étage pour ranger les gâteaux dans des petits sachets en plastique. Nous parlons et plaisantons jusque tard dans la soirée. Nous avons d'ailleurs pris le dîner dans ce petit salon dans lequel le feu trône dans la cheminée.
Nous n'avons cependant pas vu Alexander de la journée. Arthur s'en est rendu compte et même si il a esquivé le sujet, il devient inévitable.

Arthur: Pourquoi ton mari n'a pas daigné venir me saluer ?
Moi: Il est très occupé en ce moment, il ne quitte plus son bureau.
Arthur: Hum, je vois.

Un silence s'installe et je regarde les flammes danser dans l'âtre. Soudain une voix grave retentit derrière moi. Je me retourne, les yeux remplis d'inquiétude et d'admiration à la fois.

Alexander: Qu'est-ce que vous faites ?
Moi: Arthur est arrivé ce matin, je l'ai invité pour quelques jours.
Arthur: Comment vas-tu Alexander ?
Alexander: Bien merci. Rose, tu comptes rester ici encore longtemps ?
Moi: Je ne sais pas mais nous n'allons pas tarder.
Alexander: D'accord, je t'attends dans notre chambre. Bonne nuit Arthur, à demain.
Arthur: Merci, à toi aussi Alexander.

Alexander s'en va et je baisse la tête. Arthur sourit malicieusement mais je ne comprends pas pourquoi cette fois.

Arthur: Va le rejoindre, je crois que tu as une bonne nuit en perspective.
Moi: Tu rêves. Il ne se passe plus rien entre nous, à part des conversations comme celle à laquelle tu viens d'assister.

Il ouvre grand ses yeux, éberlué par mes mots.

Arthur: Tu me fais marcher...
Moi: Non Arthur. Alex est devenu distant, greffé à son bureau, bien sûr il reste adorable mais il me délaisse. Le syndrome du couple marié n'a pas beaucoup attendu pour nous toucher...
Arthur: Mais non, ne dis pas de bêtises ! Il y'a forcément une raison...
Moi: Peut-être mais je ne la connaît pas. On en reparlera demain.
Arthur: Si tu veux, bonne nuit ma grande sœur.
Moi: Bonne nuit, merci d'être là.
Arthur: C'est normal, je serais toujours là. À demain.

Nous nous quittons au milieu de ce salon et je rejoins ma chambre, à moitié plongée dans le noir. Alexander est dans le lit, couvert de la couette et me tourne le dos. Je soupire de désespoir, Arthur a peut-être raison mais pour le moment notre amour s'essouffle.
Je me couche doucement et éteint la dernière lumière en tournant le dos à Alex. Cette situation m'attriste de plus en plus et j'ai l'impression que mon mari ne s'en rend même pas compte. Il faudra que nous en discutions.

L'étoile et le lionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant