Chapitre 46

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Face au miroir, je me contemple. Une heure de préparation fut nécessaire pour m'habiller, me coiffer et me maquiller parfaitement. C'est la première fois qu'on s'occupait de moi pour des choses quotidiennes. Je fus déroutée quand une femme a commencé à me déshabiller pour pouvoir m'enfiler de cette tenue savamment choisie au préalable.
Là encore, plusieurs jours en amont, une équipe de stylistes et de conseillers en image sont venus chez nous pour m'aider à choisir ma tenue. Au terme de deux heures et demi de pourparlers durant lesquels j'ai fait face aux obligations et aux interdictions de style, nous avons pu nous mettre d'accord sur une jupe crayon noire, un chemisier ivoire aux emmanchures légèrement évasées, des bas noirs presque transparents et des escarpins noirs assez hauts. Les seuls bijoux qui m'ont été autorisés sont mon solitaire et mes boucles d'oreilles en diamants. Nous étions d'accord pour assortir cette tenue à un chignon bien serré mais finalement, après avoir été habillée, j'ai préféré laisser mes cheveux détachés après un brushing farouchement exécuté, bien entendu. Mon maquillage est léger bien que mes yeux soient très soulignés pour en faire ressortir la couleur bleue.

Je lisse ma jupe une dernière fois et j'ajuste mon collier face au regard inquisiteur du miroir. Ce que je vois en face de moi est ce qui sera vu par des milliards de gens à travers le monde. Je respire en soulevant fortement mes épaules. Seuls Arthur et mon père sont au courant. Je pense à ma mère et à sa famille, à mes collègues et mes supérieurs qui risquent d'être très surpris de me voir là. Je prends mon solitaire entre mes doigts pour le faire tourner nerveusement. J'inspire et expire profondément. J'ai du mal à calmer mon rythme cardiaque et à repousser les assauts de la nervosité. Mes mains glissent, mes jambes tremblent et je ne sais plus où je suis. La porte s'ouvre et mon regard qui commençait à tomber dans le vague se ravive pour toiser celui qui ose troubler ma réflexion à travers le miroir.
Alexander est habillé d'un magnifique costume taillé sur mesure par un artisan extrêmement doué de Saville Row. La chemise blanche ressort comme la seule couleur qu'il porte et illumine son visage. Ses chaussures ont été cirées et ses cheveux domptés pour créer des vagues dirigées vers l'arrière de sa tête, gominées et brillantes. Il sourit de toutes ses dents et ferme la porte derrière lui.

Alexander: Tu es magnifique.
Moi: Magnifiquement anxieuse oui !
Alexander: Ne t'inquiète pas. Tout se passera bien.

Il accourt à pas feutrés, la moquette absorbant le bruit de ses talons. Il vient se poster devant moi et prend mes mains dans les siennes.

Alexander: Regarde moi du haut de ton piédestal.

Je remarque tout juste que j'étais toujours sur cette espèce de promontoire sur lesquels on installe les gens qu'on habille et sur lesquels on retouche les vêtements. Je descends doucement en gardant les yeux fixés sur mes pieds. Je finis par lever les yeux jusqu'aux siens. Alexander reprend mon menton dans sa main et sourit tendrement.

Alexander: C'est mieux avec les cheveux détachés.
Moi: Ils voulaient me faire...
Alexander: Un chignon. Je sais. Les vieux hommes à moustache qui régissent la vie de la famille royale ne savent pas tenir leurs langues et pensent que les moindres faits et gestes de mon entourage m'intéressent.

Il passe avec délicatesse sa main dans mes cheveux, des frissons délicieux parcourent mon crâne et son sourire s'étire davantage. Il arrive petit à petit à détendre mes nerfs qui sont en pelote. Jamais je n'aurai cru pouvoir être plus stressée par une apparition publique que par une mission.

Alexander: J'ai quelque chose à te donner.

Il farfouille dans la poche intérieure de sa veste et en sort un écrin vert sapin décoré de dorures fines. Il l'ouvre pour faire apparaître un tissu velours crème qui retient un anneau en or jaune taillé finement de motifs floraux. Celui ci est serti de diamants aux reflets dorés, alignés, de plus en plus gros, jusqu'à la pierre principale qui surplombe le tout. Je ne peux empêcher ma mâchoire de s'ouvrir en voyant un tel bijou.

L'étoile et le lionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant