Chapitre 34

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Je n'ai pas envie de bouger de ce pas de porte. Mais en entendant cette phrase, mon instinct me dit de ne pas rester là.

Je comprends pourquoi cette pièce est aussi bien entretenue depuis tant d'années. La reine devait y passer beaucoup de temps, on sent en effet cette présence féminine importante et bienveillante. Alors je ramasse les journaux et sort de la pièce en bousculant légèrement Alexander qui me regarde faire, planté là devant la porte grande ouverte. Les bras chargés, je m'excuse pour ça et m'apprête à partir. Je ne me sens pas prête à lui parler, d'autant plus qu'il a l'air à fleur de peau après avoir cassé ce vase.

Alexander: Peux-tu rester là s'il te plaît ?

Sa phrase, aussi timide que ferme, me retient sans qu'il ait besoin de faire un geste et il entre dans la pièce sans même me regarder. Je le vois bouger lentement, comme s'il découvrait cet endroit.

Alexander: Cela fait tant d'années que je ne suis pas venu ici. Depuis qu'elle n'est plus là, en fait.

Cette confidence me décide définitivement à rester. Il est bouleversé et je le connais. Il ne peut rien se passer d'horrible, nous devons simplement parler. Mais parfois, ce sont les choses les plus simples qui demandent le plus de courage.

Alexander: Je n'aurai jamais pu croire que tu étais ici.

Il dit cela en s'asseyant tout doucement dans la large chaise disposée face au bureau, offrant ainsi une magnifique vue sur le parc. On dirait qu'il a peur de la casser. Il n'a pas l'air en colère ni blasé.

Moi: Je ne savais pas, je suis désolée.
Alexander: Tu n'as pas à t'excuser. C'est à moi de le faire.

Sa voix se brise en mille morceaux. Je sens des sanglots monter dans ma gorge, comme ça doit être son cas à entendre ses cordes vocales aussi entravées. J'avance à mon tour dans la pièce, ignorant les tulipes, l'eau et les bris de verre étalés sur le sol. Derrière lui, j'attends qu'il parle.

Alexander: Je suis désolé de te condamner à tant de pressions. Je suis désolé de te transmettre mes angoisses, de te blesser avec ça. Tout ce que je touche devient...

Je lâche ces fichus torchons sur le sol, ils ne m'ont rien appris et sont le symbole du plus gros obstacle à notre bonheur complet. Je me jette dans son dos pour l'entourer de mes bras. Il pose ses mains sur moi alors que j'entoure son torse. Il baisse la tête et embrasse une de mes mains.

Moi: Ne dis pas ça. Ce n'est pas vrai.
Alexander: Ma mère, mon frère... mon enfance. Cette monarchie, ce titre sont une vrai malédiction.
Moi: Alex, ce n'est pas de ta faute tout ça. Moi aussi, j'aurai préféré naître dans une famille normale qui ne me pointerait pas du doigt pour ce que je ne suis pas, qui s'aimerait et qui s'entraiderait. Nous ne pouvons rien y faire alors faisons avec. Tu es quelqu'un de merveilleux, loin de toutes ces choses qu'on t'impose et même temps si compétent dans ton travail.

Il serre plus fort mes bras, je sens qu'il lutte pour rester fort et ne pas trop montrer ses sentiments. Mais je veux qu'il se libère de ces pensées obscures qui l'empêchent d'avancer et de prendre confiance en lui. C'est aussi bizarre qu'il est le prince héritier d'une des plus anciennes monarchies de notre temps.

Moi: Quant à moi, je t'ai choisi toi. Ce qu'il y'a autour, souviens-toi tu me l'as dit, ce n'est qu'artifices. Nous sommes ensemble, comme un couple normal, juste un peu plus regardés.

Il hoche la tête frénétiquement et ne réponds pas. Je sens qu'il déglutit souvent, ce moment si émouvant me remplit de sentiments divers.

Moi: Maintenant dis moi ce qui s'est passé ce matin, s'il te plaît. Je veux comprendre.
Alexander: Oh mon amour... La nuit après la cérémonie, j'ai rêvé qu'on te harcelait de questions, qu'on te courrait après et que les flash t'aveuglaient. J'étais tellement stressé qu'une de ces maisons d'édition malfaisantes ne révèle ton passé difficile avec lui. Je ne voulais pas qu'ils racontent n'importe quoi, qu'ils te fassent du mal en ressortant de vieux mauvais souvenirs intimes... je ne voulais qu'une chose, vérifier les journaux. J'attendais avec impatience qu'ils arrivent sur notre table. Mais quand j'ai vu qu'il n'y avait rien, toute la pression est retombée. Je m'en voulais tellement d'avoir été aussi oppressant avec toi que je suis parti.

L'étoile et le lionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant