Les vacances scolaires ont déjà commencé en France et moi je suis dans la luxueuse voiture gris métallisé familiale qui me ramène chez moi sous une légère pluie d'hiver. Après trois mois de missions à l'étranger. Ma famille n'a pas daigné accompagner Marcel pour venir me chercher au ministère et malgré les excuses qu'il m'a servies, je sais que mes parents n'avaient aucunement envie de se déplacer pour m'accueillir. Ce n'est rien, j'ai l'habitude.
Pendant le trajet, je regarde à travers la vitre teintée froide : le paysage a tellement changé depuis mon départ. Les arbres sont dépourvus des moindres feuilles, laissant apparaitre les branches fines et crochues. Le ciel de fin août que j'ai quitté s'est quand à lui assombri.Nous arrivons enfin devant l'immense manoir que mes parents possèdent près de Paris. La voiture passe le portail en fer forgé, entre dans l'allée gravillonnée et s'arrête non loin du perron. Marcel arrête le moteur et sort mon sac au motif militaire du coffre pour m'aider mais, je vois à son expression du visage que l'objet est plus lourd qu'il l'avait prévu. Je m'approche rapidement pour l'aider et soulève mon sac d'une main sous son regard étonné.
Je retrouve la maison aux allures de pavillon anglais et maison méditerranéenne dans laquelle j'ai toujours vécu. Les origines de mes deux parents sont mélangées en ce lieu ; on pourrait croire que le résultat est étrange mais pourtant, c'est tout à fait harmonieux. Je grimpe les petites marches blanches recouvertes d'un fin tapis de flocons agglutinés entre eux. Après avoir frappé à la porte trois fois et m'être retournée vers Marcel silencieusement pour lui demander si mes parents étaient bien à la maison, je pousse la porte et entre dans le vestibule en tenue d'apparat. Je m'essuies les pieds sur le tapis précieux en humant doucement l'air. D'un coup, mon frère apparaît derrière le mur du petit salon. Ses cheveux bruns très foncés sont impeccablement coiffés, disciplinant ses ondulations. Ses yeux bleus brillent sous la lumière douce du lustre et son costume bleu marine met parfaitement en valeur sa silhouette sportive et grande. Comme je suis heureuse de le retrouver ! Il ouvre ses bras et je me jette à l'intérieur. On s'enlace pendant qu'il fait des petits bisous sur mes cheveux découverts.
Arthur: Ah c'est bon de te voir de retour à la maison ma grande soeur !
Moi: Moi aussi je suis heureuse de te retrouver, tu n'as pas fait trop de bêtises j'espère ?Il place un doigt sur ses lèvres, me faisant signe de me taire. Je vois en tout cas qu'il n'a pas perdu de sa malice.
Mon sourire s'agrandit encore lorsque je vois en face de moi, mon père descendre l'escalier de marbre. Il me sourit aussi et m'accueille chaleureusement avec un câlin silencieux. Mon père Charles, est toujours en costume, ses cheveux poivre et sel très bien coiffés et sa montre bien alignée avec l'ourlet de sa chemise : la panoplie du noble anglais. Il garde pourtant l'oeil brillant, je sais que c'est de lui que nous tenons notre malice, mon frère et moi. La véritable classe anglaise émane constamment de lui mais malgré cet aspect rigide, notre père a toujours été détendu et amusant avec nous. Tout le contraire de ma mère, que je vois d'ailleurs suivre et arriver par l'escalier également.
Ses cheveux noirs sont coiffés en un chignon bas et un tailleur foncé comme à son habitude lorsqu'il n'y a aucune occasion particulière. Ses petits talons ne claquent pas et sa tête est anormalement haute. Elle s'approche de nous avec son petit air hautain que je déteste. Les mains posées sur sa jupe, elle me crache ces mots après m'avoir dévisagé de la tête aux pieds :Maman: Tu es revenue.
Moi: Oui, je n'allais pas rester au Liban toute ma vie.
Maman: Je croyais que l'armée était toute ta vie...
Moi: Tu sais très bien que...Elle lève encore plus la tête et écarquille ses yeux en fronçant les sourcils. Lorsque j'étais plus petite, cette grimace avait tendance à me faire rire.
Moi: Pardon. VOUS savez très bien que cela n'a rien à voir. La mission était difficile et je préfère rentrer, vous le savez très bien.
Maman: Peu importe. J'espère que tu ne comptes pas rester dans cet accoutrement ridicule car nous avons à parler ce soir.
Moi: Mère, ce n'est pas un déguisement c'est mon uniforme. L'uniforme de l'armée de votre pays, ce n'est en aucun cas ridicule. Et de quoi donc ?
Maman: Baisse d'un ton quand tu t'adresses à ta mère.
Moi: A vrai dire, je ne sais pas vraiment si vous êtes ma mère. Une mère même noble vient chercher sa fille quand elle rentre de mission et l'accueille avec chaleur. N'est-ce pas ce que vous avez essayer de m'apprendre ?
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L'étoile et le lion
Novela JuvenilFrançaise et entravée par des principes familiaux, sa vie prend un tournant alors qu'elle traverse la Manche comme tant d'autres fois auparavant. Anglais et promis à un avenir lourd de responsabilités, il est bousculé par l'imprévu d'une mission ba...