Chapitre 5

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Deux jours plus tard, je travaille dans ma chambre penchée sur les mails qui s'affichent sur mon écran d'ordinateur. J'ai mal au cou alors je me redresse pour étirer mes muscles en prenant soin de ne pas défaire mon simple chignon. J'ai quand même pris le temps de m'habiller, me coiffer et me maquiller simplement.
Il est onze heures quinze très exactement lorsque le téléphone de ma chambre se met à sonner, interrompant l'écriture de ma réponse au ministère par son bruit strident. En espérant que le bruit cesse de lui-même, j'attends mais après une courte pause le bruit revient et je soupire en tirant le combiné de sa base.

Moi: Oui allo ?
Gouvernante: Madame...
Moi: Mademoiselle.
Gouvernante: Mademoiselle, un appel de l'hôtel The May Fair pour vous.
Moi: Qui est-ce ?
Gouvernante: Le Duc de Cambridge, Mademoiselle.

Je sens comme une légère hésitation dans sa voix en donnant cette dernière information. Je respire une fois avant de répondre à la gouvernante qui attend au bout du fil.

Moi: Donnez le moi s'il vous plaît.
Gouvernante: Bien Mademoiselle.

Un léger craquement se fait entendre puis j'attends environ dix secondes avant d'entendre dans le combiné que j'ai gardé près de mon oreille, la voix profonde et grave d'Alexander.

Alexander: J'espère ne pas trop te déranger, Rose.
Moi: Tu ne me dérange pas, seulement je suis surprise de ton appel.
Alexander: J'avoue que j'ai beaucoup repensé à toi depuis notre rencontre chez les Middleton l'autre soir. Je voulais te proposer de me rendre visite cet après-midi.
Moi: Tu n'es vraiment pas comme tous les aristocrates britanniques.
Alexander: C'est à dire ?
Moi: Tu es direct, tu ne tournes pas autour du pot. J'apprécie cela.
Alexander: Alors je t'attends pour treize heures au May Fair, tu diras que tu veux te rendre à la suite du Duc de Cambridge.
Moi: Très bien.
Alexander: Oh et, mets de beaux sous-vêtements s'il te plaît. Savoir que tu en portes me feras plaisir.
Moi: Je ne te pensais tout de même pas si direct.

Je marque une pause, la sollicitation qui n'est pas dénuée d'un ton sensuel était totalement inattendue. Mais je ne la prends pas mal. Au contraire, cela fait longtemps que je ne me suis pas sentie... disons, courtisée comme ça.

Moi: Mais il me semble que je peux accéder à ta demande.
Alexander: Ce n'est pas une simple demande, c'est un désir. À vrai dire j'aimerais pouvoir te donner cet ordre.
Moi: Vraiment pas comme les autres. Je serai au rendez-vous. À tout à l'heure.

Je raccroche sans lui laisser le temps de renchérir. L'audace de cet homme troublant et définitivement inhabituel me surprend et ça me plaît, je dois l'avouer. Je ferme mon ordinateur et me lève directement du lit. J'ouvre les tiroirs pour en sortir une belle jupe crayon jaune, un chemisier satiné noir, un long manteau noir bordé de fourrure et des escarpins à brides en daim. Après avoir enfilé un porte-jarretelles et des dessous en dentelle noirs, je passe ma tenue et laisse mon manteau sur le lit, le temps de descendre prendre un déjeuner rapide.
Mes talons claquent sur le sol du couloir du premier étage avant de rejoindre celui des marches du grand escalier. Le bruit a sans doute alerté ma mère qui se met sur mon chemin dès lors que mon pied droit touche le sol du rez-de-chaussée. Parfaitement lisse et tout autant l'air renfrogné dans son tailleur pourpre, elle pose une main sur mon bras pour me stopper.

Maman: Rose, s'il te plaît.
Moi: Oui, mère ?
Maman: Ne fais pas claquer tes chaussures ainsi. J'ai à te parler.

Elle fait immédiatement volte face dans un geste théâtral qui signifie « suis-moi ». Je m'exécute et il se trouve qu'elle m'escorte à travers tout le couloir du premier étage jusqu'au salon d'hiver où est assise une femme touchant la soixantaine. Je la salue, pensant qu'elle est peut-être une amie de ma tante sans pour autant penser qu'en fait, nous allons nous assoir près d'elle. Ma mère me fait signe de vite poser mes fesses sur le fauteuil vert pâle. Je croise mes chevilles l'une derrière l'autre et j'attends en posant segment mes mains sur mes genoux.

L'étoile et le lionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant