Nous nous sommes déplacés ce matin là à Buckingham Palace en tenues de deuil. Les domestiques de Clarence House ont tenu à nous accompagner. Les premiers adieux au roi ont été faits après le passage du prêtre qui a béni le corps du défunt roi. Les drapeaux ont été mis en berne et le pays s'est totalement arrêté.
La mort du roi a été annoncé par Lord Winston au premier ministre qui a ensuite annoncé la nouvelle au pays et aux états gouvernés par le Royaume-Uni par la BBC. Le monde entier en a profité pour en faire ses gros titres, surtout les journaux à scandales qui se sont passés le mot pour placer « une tragique maladie secrète ».
Alexander n'a pas pleuré un seul instant durant ce deuil de douze jours. Le corps fut exposé au palais de Westminster pendant 23 heures dans la journée pour que le maximum de monde puisse rendre un dernier hommage au roi.Les matchs de football, hockey sur glace, polo et criquet ont été suspendus durant ces douze jours sacrés pour tout un peuple. Lors du match de l'Angleterre pour les huitièmes de finale de coupe du monde de football, le public et les joueurs ont observé une minute de silence avant le fameux « God save the King ».
Des milliers de bouquets de fleurs magnifiques accompagnés de cartes personnelles sont venus du monde entier pour nous et pour la cérémonie. Neuf jours après le décès d'Edward, la cérémonie d'enterrement avait lieu en l'abbaye de Westminster à laquelle plus de 2000 invités ont répondu présents pour soutenir la famille et témoigner leur attachement au roi.
Le protocole veut que lorsque le cercueil entre dans l'enceinte sacrée, le pays entier s'arrête de vivre. Les magasins ont fermé, les gares se sont stoppées complètement, certains vols ont été annulés, les bus ne circulaient plus et les gens se sont amassés en silence autour de Westminster.
Après cette magnifique cérémonie à laquelle Alexander et moi étions les seuls « enfants » à présenter, le cercueil fut emmené à la nécropole royale de l'abbaye. L'enterrement s'est passé en petit comité. Seuls les membres proches du roi ont pu assister à l'acte. J'ai d'ailleurs vu Amélia à la cérémonie mais elle est partie avant qu'Alexander ne la voit et je pense que c'est mieux pour elle. Je pense à son sort : elle n'a plus d'amant fortuné à qui soutirer de l'argent en prétendant être l'amie de la famille depuis toujours.Les trois jours suivants ont suivi toujours dans le repos quasi-total de la population du Royaume-Uni. La télévision a passé beaucoup de biopics sur la vie du roi Edward. Si j'avais été en France à ce moment là, j'aurais sans doutes penser autre chose en regardant ces émissions. Mais je connais l'envers de tout ça, de ces représentations, de cette apparence parfaite. La radio a passé des morceaux musicaux tristes choisis avec soin par une équipe monarchique que je ne connaissais pas encore.
J'aurais pu être dans mon appartement à Paris que mon frère m'a déniché, seule mais ce n'est pas le cas. J'habite à Londres et finalement c'est mon frère qui habite à Paris. Alexander a eu besoin d'attention même si il était moins locasse, je devinais bien ce qu'il pouvait ressentir et ce dont il avait besoin.
Nous avions donc passé des tas de moments enfermés dans la bibliothèque à lire assis l'un à côté de l'autre en se tenant la main, sur la terrasse à simplement profiter du soleil en sirotant un jus d'orange ou encore dans notre chambre à faire l'amour.
Le deuil n'a pas atteint notre amour, il l'a renforcé et le désir avec lui. Cela peut paraître contradictoire mais c'était la vérité.J'ai beaucoup pensé aux derniers mots du roi. Savait-il qu'il était si proche de la fin ? Peut-être. En tout cas, je suis heureuse et profondément soulagée que nous nous soyons quittés réconciliés et avec des ressentis plus positifs. Ses excuses étaient aussi pour Alexander, seulement elles étaient peut-être plus difficiles à prononcer franchement.
Mais après ces douze jours, la vie a repris son cours et avec elle le flot de nouvelles administratives et protocolaires que le décès du roi a entraîné. Nous avons reçu des tonnes de lettres et de papiers à signer ou lire.
Jusqu'à jour où le Conseil nous envoie LA lettre, celle qu'Alexander ne voulait jamais recevoir de sa vie. Il a d'ailleurs refusé catégoriquement de l'ouvrir ni de lire en premier. Il était temps d'assumer notre destin et de se préparer sérieusement à prendre les rênes du pays.
Un matin, Lord Winston est arrivé chez nous, peu de temps après avoir reçu cette fameuse lettre en vérité. Après avoir servi le thé, il lui a fallu nous expliquer les prochaines semaines.Lord Winston: Il est temps pour vous de vous comporter déjà comme les souverains de ce royaume.
Alexander: Vous connaissez mon point de vue.
Lord Winston: Votre êtes un homme bien votre Altesse, vous assumerez votre naissance et vos devoirs je le sais. Vous n'êtes pas seul, le conseil et votre femme sont auprès de vous.Un silence s'était imposé durant de longues et interminables minutes.
Lord Winston: Avez-vous fini l'apprentissage du protocole votre Altesse ?
Moi: Et bien... pas vraiment.
Lord Winston: Vous aussi vous avez un rôle, tout aussi important que celui de votre mari. Il est donc nécessaire de connaître les codes et usages. Mais vos professeurs à Buckingham vous expliqueront cela mieux que moi.
Moi: Excusez-moi, des professeurs ?
Lord Winston: Pour vous préparer au mieux, des professeurs seront là pour vous accompagner dans les préparatifs et vos apprentissages. Son Altesse le prince Alexander n'en a guère besoin, il est préparé depuis sa naissance.
Alexander: Et j'ai l'impression que je suis né hier.Cette phrase parfaitement spontanée fait sourire Lord Winston et celui-ci n'a pas tardé à s'en aller en nous disant que nous serions vite prévenus pour la suite des événements qui visent à nous préparer au couronnement et à sa suite.
Média : fleurs blanches de cérémonie d'enterrement d'Edward
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L'étoile et le lion
Fiksi RemajaFrançaise et entravée par des principes familiaux, sa vie prend un tournant alors qu'elle traverse la Manche comme tant d'autres fois auparavant. Anglais et promis à un avenir lourd de responsabilités, il est bousculé par l'imprévu d'une mission ba...