Chapitre 8

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C'est la veille de Noël et cela fait trois jours que je n'ai pas vu ni entendu Alexander. Pas une lettre, ni une apparition ni même un coup de téléphone impromptu. C'est tellement bizarre ce sentiment de manque alors que nous nous sommes vus seulement deux fois et il y'a peu de temps. Mais c'était une parenthèse, une rencontre fortuite et divertissante qui ne dure qu'un instant à l'échelle d'une vie, aussi appréciable soit-elle.
Je suis tirée de mes pensées lorsque mon frère toque à la porte. Je sors à peindre la douche et m'habille en hâte tout lui criant d'entrer tout en fermant les yeux. Lorsque je revient dans ma chambre, il est assis sur le siège de velours prune de ma chambre, les yeux fermés. Je souris largement et l'autorise à les rouvrir. Je finis de m'habiller avec cette robe compliquée que ma mère m'a forcée à acheter et que j'ai finalement choisie pour la soirée, sous le regard attentif de mon frère qui ne dit rien.

Arthur: Il sera là ce soir tu sais.
Moi: Pardon ?
Arthur: Alexander.

Mon sang ne fait qu'un tour. Pourquoi ne passe-t-il pas le réveillon de Noël dans sa famille, comme tout le monde ? Pourquoi cette réception déjà compliquée à appréhender s'avère finalement plus difficile que prévue.

Moi: Comment cela se fait-il ? Il ne passe pas Noël dans sa famille ?
Arthur: Je n'en sais rien, ce n'est pas moi son grand ami.

Mon petit frère affiche une moue suspicieuse. Je fais semblant de rien et continue à m'acharner pour tenter de fermer cette fichue robe à panier.

Arthur: Qu'est-ce que c'était ces papiers que tu devais aller chercher à l'ambassade l'autre soir ?
Moi: Des informations du ministère sur les chiffres. J'en avais besoin pour mes rapports mais comme ils sont classés, je ne les avais pas sur les fichiers de mon ordinateur.
Arthur: Je ne les vois pas sur ton bureau.

Dit-il en cherchant du regard des papiers avec le tampon de l'ambassade de France au Royaume-Uni. Je déteste mentir et c'est pour ça que je suis pitoyable à essayer.

Arthur: Je t'ai vue rentrer à deux heures du matin, avec une Bentley grise que tu ne conduisais pas. J'attendais que tu m'en parles toi-même mais apparement ma grande sœur adorée fait des cachoteries.
Moi: Attends, je peux t'expliquer.
Arthur: J'y compte bien.

Ajoute-t-il en croisant les bras, toujours enfoncé dans son fauteuil. Je plante mes mains sur ma taille pour me donner de la prestance alors que ma robe n'est toujours pas fermée.

Moi: Alexander m'avait donné rendez-vous à son hôtel et il m'a ramenée pour éviter que je prenne un taxi, voilà.
Arthur: Incroyable ! Et tu te l'es tapé ?

Je roule des yeux. Mon frère est un être enthousiaste et au vocabulaire familier. C'est une tendance qui lui vient de moi mais avec le travail et mon rang de duchesse, comme le répète assez souvent ma mère, j'ai du faire plus attention.

Moi: Non Arthur ! Nous avons discuter même si je ne te cache pas que j'ai finis par être assez tentée à l'idée d'un rapprochement physique.
Arthur: Ne t'en fais pas, je ne dirai à personne que tu as un amoureux.
Moi: Un amoureux ? Comme tu y vas ! Non, ce n'était qu'un rendez-vous et ce n'était qu'une discussion. Il n'est pas question d'autre chose.
Arthur: En tout cas, c'est sûr qu'il ne faut pas en parler à mère, elle se jetterait à corps perdu dans cette croisade pour te marier.
Moi: Comme si je ne partais pas en mission dans quelques jours. Bon, je n'y arrive vraiment pas avec cette robe. Aide-moi s'il te plaît.

Je lui trouve le dos pour lui montrer la pagaille que c'est. Il se lève et termine le laçage en faisant un joli noeud en bas. Il me prend la main et me fait tourner sur moi-même en m'observant.

L'étoile et le lionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant