33-La Voie du Tigre.

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Des volutes de fumées blanches s'échappaient le long du plafond rocheux, filant entre les racines rampantes des arbres de bois précieux, comme le teck, l'érable ou le taiwania, les plantes grimpantes, comme les lianes et perçait le rideau des gouttes d'une pluie torrentielle, pour s'envoler vers la canopée malmenée.

Bleu-5 était réfugié sous une alcôve minérale et essayait de trouver un peu de réconfort, auprès des quelques flammes timides de feux vacillants. Les discussions étaient feutrées, presque sourdes, tant régnaient l'incompréhension et le désarroi.

Dia Sun passait parmi les siens, s'enquérait de la santé physique et du moral de chacun. Dao Lee et Qiu Shen Nung la suivaient pour prodiguer quelques onguents contre les piqûres des insectes voraces, pommades contre les douleurs musculaires, breuvages réparateurs et encouragements.

Si la première partie de l'épreuve du jour, c'était plutôt bien déroulée pour l'ensemble des membres du commando, l'arrivée d'une traîne orageuse épouvantable, transforma le périple en épisode de survie.

En abordant les pentes du Mont Loi Pangnao, une violente dépression s'était abattue brusquement sur le nord du Myanmar, résidu du typhon Hato, sévissant dans le sud du pays depuis trois jours.

Toutes les équipes en manœuvres durent endurées, le temps de trouver un abri de fortune, les précipitations mêlées des branchages arrachés, des animaux décrochés de leurs appuis et autres débris. La forêt secouée par des vents à plus de 150 km/h, voire 180 km/h en rafales, montrait un visage torturé, déformé par les vagues soufflantes.

Les cris de la faune affolée par ces conditions se perdaient dans le lointain et angoissaient les humains peu accoutumés aux sons primitifs.

Le terrain, fort humide des précédentes averses, ressemblait à une patinoire. Les trous d'eaux piégeux se multipliaient au fur et à mesure de l'accumulation des grains.

Le peu de terre arable, viable, pour l'assise, la stabilité des grands arbres, dévalait la pente avec l'eau venant des hauteurs des monts et trouvait un passage entre les roches affleurantes, les troncs debout. Cette mixture de boue, de cailloux, de feuilles, de bois, arrachait les jeunes pousses et creusait le sol sur des centaines de mètres de long, avant de rejoindre un autre affluent noirâtre, rougeâtre ou orangé.

Des soldats furent pris au piège de cette soudaine émergence météorologique et ne purent échappés, pour certains, à un destin funeste. Plus d'un tiers des effectifs était touché et des dizaines de victimes étaient à déplorer. Dans les conditions des instructions, les malheureux étaient seuls face à leurs blessures et la mort.

Elle avait frappé plus d'une fois et continuait son décompte macabre. Les flots charriaient les corps entrelacés de son cortège de toutes origines, humaine, animale ou végétale.

Bleu-5 eut la vie sauve grâce à la bonne préparation topographique. Gu Hai avait noté dans le livre de route, les cavités dans lesquelles ils étaient depuis quelques minutes.

Après un tâtonnement, ils trouvèrent leur asile en découpant le pan végétal obstruant l'entrée des grottes.

C'était plus des renfoncements sous des escarpements rocailleux, creusés par l'érosion et les grands mammifères de la région. Ils offraient un toit et c'était là, l'essentiel.

-Chef, notre équipement n'est pas prévue pour ce genre de conditions extrêmes. Passe pour la pluie, presque normale ici, mais le vent, la chute de la végétation ou de bestioles de tous poils, les pièges du sol instable et la montée brusque des eaux d'un ruisseau, transformé en torrent dévastateur, arrachant tout sur son passage, non merci ! Dao Lee parlait avec Dia Sun, un peu à l'écart. Voyez nos frères, ils souffrent en silence. Il désigna Wang Chu, She Kun Ju, Ni Xia He et Ding Fen. Ce sont les plus touchés par les sangsues et autres insectes piquants.

Bai Luo Yin - Gu Hai -2- "Une Famille Chinoise."Où les histoires vivent. Découvrez maintenant