Bai Luo Yin - Gu Hai -2- "Une Famille Chinoise."

66-Gu Hai et le baladin céleste du Mont Huan.

« Toi,

Une fois de plus, je me glisse dans tes affaires, bien au chaud, entre tes beaux caleçons si évocateurs. Il me plaît de penser à une caresse sur l'arrondie du devant et son contenant... Ça te démange ?... Moi, tout le temps !... » Dans l'avion l'emmenant avec Jing Wei vers le Temple du Mont Huan, Gu Hai remua sur son siège. Ce démon pervers...

-Tout va bien ? Jing Wei sirotait un jus d'orange, un air divin l'auréolant et invitant quiconque le croisait, à le saluer, tant il irradiait la force d'un homme tranquille, sage.

-C'est ce... Gu Hai hocha le menton, un éclair accusateur vers les pages entre ses doigts.

-Ta femme ? Il sourit, inondant la proximité de milliards de particules de bien-être.

-... Il obliqua sa vue vers ce perturbateur. Toi... Non mais, t'es heureux d'aller prendre des coups ?

-Eh, oui, mon cher, un bonheur aplanit cent malheurs ! Jing Wei appela l'hôtesse par un geste de la main. Un autre, s'il vous plaît ?

-Oui, Monsieur ! Elle s'apprêta à quitter l'allée.

-Tu veux quelque chose ? Un instant seul, peut-être ?... Par instinct, il recula sa stature.

L'agent attendit la réponse.

-Non, merci, j'ai peur de me noyer dans tes liquides enivrants ! Gu Hai arbora un rictus satisfait. Il replongea dans sa lecture.

-Celui-là !... Il se tourna vers l'employée. Merci, Mademoiselle !...

-Monsieur !... Elle s'inclina et fila vers une autre demande.

«... Nous sommes à peine rentrés de ce séjour, si riche de nos rencontres, de nos émois... Tu pars déjà ! Pendant la préparation de tes bagages, je m'attèle à te choyer : un t-shirt mouchoir, tout comme il faut, pour tes nuits solitaires. Juste histoire de te rappeler de moi, du moins, de petit Yin Zi ! Gu Hai soupira son contentement. Quelques friandises de Tante Zhou, de Madame Wong et de Mee. Tu les distingueras facilement... Je crois que tu as une amoureuse là-bas... Leur joie de vivre, leur pétillant, leur verve, eux, ils me manquent. C'est fou !... Il eut un pincement dans la poitrine. Une drôlerie de ton autre moi, le p'tit démon. Il a joint une photo où il pose doctement avec son Maître, au Lycée, dans la section de Lu Yang, tous les deux entourés de camarades joyeux. Il est si... Il te ressemble dans son comportement, son raisonnement si mature pour son âge... Ses orbes s'embuèrent et Jing Wei glissa une paume complice sur l'accoudoir. Gu Hai la saisit. Enfin, s'ajoutent plusieurs petites bafouilles de tes amis, de nos familles et même de mon Cher ami. Ils sont tous un peu inquiets, sauf le beau mâle à tes côtés et ton père, évidemment. Quoique, j'ai entraperçu une pointe d'angoisse dans ses yeux, quand nous sommes passés les voir, pour un au revoir poignant... Pleure pas tout de suite, tu n'as pas mis un pied sur la banquise !... » Il retint les sanglots dans sa gorge et déglutit bruyamment. Il expira quelques souffles de relaxations et reprit son périple, dans les méandres manuscrites, chaleureuses, de Luo Yin. Il apprécia le tour d'horizon et les piques amicales, symboles d'une séparation consentie et presque assumée. Avec lui, faut s'attendre à tout !...

«... J'ai du mal à garder mon calme, tant je ne veux pas terminer ce courrier, annonce prémonitoire de ton escale martiale, avant le grand saut vers le Continent Blanc. Je t'aime Gu Hai et je crois ne pouvoir rien dire de plus éloquent, pour toi, pour moi... Ne m'oublies pas tout de suite, en compagnie des fabuleux manchots empereurs, de cette terre si particulière. Ils ne supporteront pas ton... ton... ton humanité envahissante, alors respecte leur domaine et leur couple ! Je te vois, tenter l'impossible, pour rabibocher un Monsieur Manchot et sa partenaire, en froid, pour un œuf cassé !... Il rit malgré lui. Bordel, j'invente des trucs pour ne pas affronter le vide, l'espace qui chaque minute à me lire, augmente les rivages séparant nos cœurs. Pour ne pas dépérir sans ta grosse queue en moi, je vais vivre quelques jours avec Yang Meng et You Qi. Comme les examens approchent, nous en profiterons pour être studieux... Je regarde les photos de la cérémonie du Lycée, en hommage à Jie Pin et ils ont honoré sa mémoire mieux que je ne l'aurais fait !... Combien de morts, de siècles, avant la fin de ces horreurs ?... Fais attention à toi, ça sera ma... mon seul conseil ! Salue tous ces braves, pas les ovipares polaires, tes frères d'armes, car ils seront la main tendue en mon absence... Je t'aime tant monstre... A bientôt, un chinois aux températures tropicales !... »