82-« Plus mon épouse aime son mari, plus il corrige ses défauts ! »

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Mon trombinoscope matinal terminé, j'attends avec impatience et fébrilité, la venue de mon élève, le p'tit démon.

La visite de mes camarades de la section des langues étrangères, Xiao Fu en tête, le bougre a veillé plus d'une nuit avec le duo Shuo et Si Hu, m'a ragaillardi plus que je ne le pensais. Je dois être encore fragile... Je pouffe, mais tous ces témoignages sympathiques m'ont vraiment embaumé les vilaines cicatrices qui me démangent... Même mes parents sont passés me voir !

Je m'accorde quelques minutes pour me reposer, après le repas de midi et la pléiade d'une semaine riche en rebondissements. De la triple explosion atomique, sa triste réalité menaçante, même si je ne distingue pas ma préoccupation sur les traits de mes contemporains, au retour de Luo Yin au Tibet, non pas à la recherche du Yéti, mais de sa voie, en passant par l'arrestation de notre agresseur devant les nouveaux locaux de Hui Yin. Je ne peux m'empêcher d'un élan de compassion pour cette femme, debout au milieu de cette folie, de la mort d'un être cher... Brrr... Je... J'ai l'impression d'avoir été transporté dans une dimension parallèle... J'arrête là, ma relecture, une fatigue me réclame. J'imite ma promise et je... je sonne, oui, tiens, une soignante.

Ma dulcinée est crevée aussi et dort dans la pièce voisine, un peu plus... femme. Je vais épouser la plus étrange de mes rencontres, tant masculines que celles du doux sexe. Est-ce le résultat normal, la réponse aux relents de mes nuits cauchemardesques au fil des mois écoulés ? Une précipitation juvénile ? Une formalité nécessaire, existentielle pour nous deux ? Une chose est certaine, je l'aime et je peux, pour la première fois de vie, le ressentir sans ambages, car elle aussi.

Évidemment pas comme les deux zigotos, dont la relation est un volcan en perpétuel éruption, avec ses scories, ses nuées ardentes et ses coulées... Bordel, je m'égare. Allez au dodo, mon gros !

Une gentille infirmière m'aide et rectifie ma literie à l'horizontale. Je lui souris volontiers, leur dévouement est sans... sans bornes, d'après les dires de ma belle. Elle tire le rideau électrique et ferme la porte. J'entrevois la lourdeur de mes paupières, rasséréné, heureux. Oui, je suis bien malgré tout ça... Voilà... Je cale mon crâne dans l'oreiller... Mmmh... Je piaffe de plaisir...

-... Bordel, toujours à me critiquer sur ma façon de conduire, Monsieur je m'aiguillonne dans tous les espaces ? Luo Yin tenait la main de Tong Tian, un peu trop serrée et avait le rouge aux joues. Sous les remarques misogynes d'un Gu Hai décontracté, les paluches dans les poches, il incendiait sa moitié de jolis quolibets asexués.

... Des éclats de voix m'arrachent à ma contemplation évanescente.

-... Hein ?... Quoi ?... Bordel, déjà ? Je vérifie l'heure. Même pas trois plombes ? Les sons me parviennent plus nettement et je perçois les tonalités familières, d'un couple reconstitué. Le p'tit a fini ses cours...

Quatre coups discrets sur l'entrée.

-... Chuuut, perturbateur antiseptique ! Gu Hai, une phalange sur les lèvres, sourit avantageusement, fier de sa répartie. Luo Yin approuva d'une mimique admirative. Tong Tian angoissa à l'idée de renouer avec mon Maître.

La dispute permanente attisait des souvenirs passés, mais bizarrement, elle éloigne mes nœuds au ventre. J'ai surtout envie d'aller loin de ces frères désunis !

-C'est ouvert, Messieurs ! Je peine à m'adosser et me redonne un semblant de... de chevalier. Pas sûr de l'effet.

-Tu vois, il est trop tôt ? Gu Hai, les yeux en l'air, un bras vers moi, précède le trio. Tong Tian, avec un cadeau, c'est la saison occidentale et Solaire, me dévisage. Je le rassure d'un hochement du nez. Il n'attend pas les grands dadais et vient m'enlacer sans façon. Le duo bruyant demeure près du chevet.

Bai Luo Yin - Gu Hai -2- "Une Famille Chinoise."Où les histoires vivent. Découvrez maintenant