La chaleur des braises odorantes peinait à déborder du périmètre incandescent. Nguntre était lovée tout près des dernières sources calorifiques, le produit du mélange des bouses de Vishnu avec des lichens, des mousses.
Pour prolonger la combustion, elle avait sacrifiée tous les lambeaux tissés inutiles, jetés par son compagnon quadrupède avant le départ vers l'inconnu.
-Combien de... de... ?... Elle vérifia les stries sur la paroi voisine. Hum... Onze, douze...
Dans la grotte, mon tombeau penseront certains, j'ai pu me fabriquer une atèle pour ma jambe blessée, avec la lanière d'un sac et les manches d'ustensiles de cuisine, les renforts pour le support des charges sur le dos de ce brave... C'est pas esthétique, mais ça me soulage... Elle tâta les écorchures sur le haut de la cuisse gauche, le cataplasme confectionné avec de la boue, un peu de combustible animal et un chiffon, remua les doigts de pieds et effectua des mouvements pour ne pas s'engourdir, s'ankyloser dans la position semi allongée.
-Une nuit de... de gagner... La pénombre tardait à s'évanouir dans les profondeurs de la montagne et par la petite ouverture du plancher effondré. Elle prépara une ration des granulés de Vishnu.
Pour Nguntre, les longues heures dans l'obscurité étaient avant tout une confrontation avec toutes sortes de peurs, de pensées confuses au fil du sablier, de mon parcours de vie en solitaire...
Dans l'ambiance ténébreuse, le rougeoiement timide du brûlis ne rassurait pas face au clapotis du ruissellement sur le minéral, dans les flaques, face aux chutes de pierres liées ou pas aux mouvements tectoniques et face encore, aux émanations sonores indescriptibles, sûrement de la faune hibernant. Pareillement pour mes gargouillis de faim... Le tout était amplifié et résonnait jusqu'aux oreilles sur le qui vive, d'un cerveau fébrile. Et... Et même si je ne crois pas aux légendes, aux folklores sur d'éventuels habitants velus et tout blanc, je ne peux restreindre, réfréner mon imagination, si ce n'est au prix d'une concentration méditative intense quand la douleur ne me lance pas !...
['Dark charade' (2016-2018), montage numérique de Perzarus.]
Sur la décade écoulée, elle avait dormi moins de la moitié d'un sommeil essentiel, réparateur et cumulait une fatigue dommageable pour la logique, si un accident advenait...
Les meilleures plages de repos s'annonçaient après les deux pauses repas quotidiennes. Elle parvenait à somnoler, à sommeiller, plus de trois tours de cadran continus, comme si mon estomac commandait tout le reste !...
Aux conditions climatiques, le froid incessant à l'assaut de ma chair affaiblie, l'humidité permanente qui bizarrement maintenait les piques gelés en dehors de mon alcôve, le vent s'infiltrant entre les murs au-dessus de ma tête, composant de longues tirades angoissantes, les odeurs de mon feu minable, le confinement du lieu et ma propre puanteur, s'ajoutait la pesanteur psychologique du mot fin, pour ne pas prononcer mort, agonie et autres pourfendeurs de mon existence fragile ! Vous avez beau côtoyer les cimes, vous n'en restez pas moins humain et humaine, je le suis ! L'épuisement me guette et je ne donne pas cher de ma peau si... si...
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Bai Luo Yin - Gu Hai -2- "Une Famille Chinoise."
Ficción GeneralNous retrouvons Luo Yin et Gu Hai, après le départ de ce dernier pour l'armée. Luo Yin au Lycée et face à sa sexualité, son entourage familial et amical, tous attentifs. Gu Hai tenter par son environnement. You Qi et Yang Meng en couple, dans une...