Bai Luo Yin - Gu Hai -2- "Une Famille Chinoise."

36-Dix-huit minutes et trente cinq secondes.

Dans le jardin de la Maison Gu, deux humains et un chien étaient anxieux. Le plus sage de tous, A Lang, allongé sur l'empierrement de la terrasse, le museau entre ses deux pattes avant, observait les jambes en rythme de Luo Yin et du p'tit démon.

Les deux garçons attendaient fébrilement l'appel de Gu Hai, assis sur des chaises en bois.

Le ciel chargé de gros nuages gris annonçait les précipitations abondantes de l'intersaison, avant l'hiver. Un vent léger et froid invitait à se couvrir.

Luo Yin enveloppa la tasse fumante de son thé.

-Grand frère, il appel quand ? J'ai encore envie... Tong Tian serra ses cuisses, une main sur son entrejambe.

-Tu peux y aller. Luo Yin caressa le dos d'A Lang. Nous le ferons patienter.

L'animal, tous ses sens en alerte, ressentait la tension du moment. Il ferma les paupières et envoya des milliards de particules de réconfort à son autre moi. Tout va bien, mon humain. Je suis là...

Ses doigts se mêlant au pelage blanc,  Luo Yin éprouva une vague de chaleur.

-Il va nous parler ? Luo Yin s'interrogea. A Lang aboya en relevant sa truffe. Oui, je sais mon chien, mais, c'est plus fort que moi. Il peut arriver tellement de choses avant... A Lang lui lécha sa paume. Luo Yin se baissa et enserra l'encolure d'A Lang. Les deux êtres échangèrent leurs sentiments. Merci, mon ami. Allons marcher un peu pour dissiper cette pression.

Ils coururent vers le fonds de l'espace vert, près d'un taillis. Tong Tian revint et se joignit au duo. Ils s'amusèrent quelques minutes.

Deux agents de l'équipe Foxtrot finissaient leur énième ronde. Une voiture de police, avec deux fonctionnaires, stationnait devant l'accès aux garages.

Jiang Yuan, à une fenêtre de la grande salle, salua les hommes et les gratifia d'un large sourire. Elle poursuivit sa discussion avec Bai Han Qi.

Les deux parents de Luo Yin avaient repris contact, ressouder un lien perdu pendant des années, pour le bien de Luo Yin, mais surtout, pour leur paix intérieure. Chacun avait fait un bout du chemin distendu et ensemble, ils se voyaient comme des adultes ayant un enfant et un passé commun.

-Plus je regarde notre fils, plus il te ressemble Bai Han Qi. Jiang Yuan retourna dans le salon, autour de la table basse. Elle resservit du thé.

-Physiquement peut-être. Quoique, je crois voir mon père parfois dans ses mimiques... Mais, là-haut, il pointa son front, c'est ton intelligence et pour ça, il descendit sur sa poitrine, c'est certainement ma mère. Il est si... si à l'écoute du cœur de ses semblables. Bai Han Qi avala une gorgée d'un Long Jing (Thé vert très prisé).

-Oui... Jiang Yuan s'interrompit au bruit du pas d'un commando, venant de la salle radio. La Chef Xin Qian arriva avec un téléphone satellite crypté.

-Madame, communication dans deux minutes. Elle passa l'appareil.

-Merci, Chef. Vous prendriez bien un peu de thé ? Elle remplit une tasse. Bai Han Qi s'inclina devant la nouvelle venue. C'est le père de Luo Yin.

-Bien... Xin Qian rendit le respect. Merci. Elle prit le breuvage chaud.

-Je vais le donner à Luo Yin. Restez ici. Bai Han Qi ouvrit la porte-fenêtre et appela son fils. Les femmes eurent une mine complice.

Luo Yin prit le combiné.

-Deux minutes encore... Bai Han Qi regagna le canapé.