Traque

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Je suis réveillée par le son d'un cor. Un cor que je ne connais pas mais qui, à ses sonorités, me fait penser à un cor d'Yrrksh. Cela m'inquiète. Ils ne sont pas censé se trouver ici, si près de la capitale. La sonnerie se rapproche. Dune commence à tirer sur sa longe, et je le prends en main pour le calmer. J'hésite à partir. Mais pour aller où ? Ils sont entre ma destination et moi, et puis je peux me tromper. C'est d'ailleurs sûrement le cas. Ce n'est absolument pas logique d'entendre ce son dans cette partie du pays.

Encore une fois, le cor retenti. Tout proche. Je ne réfléchis plus, et saute sur le dos de mon cheval sans prendre le temps de le seller ou de le brider. Au fond je n'en ai pas besoin, et c'est beaucoup plus rapide ainsi. Je pars au galop, dans la direction opposée au son. Je ne sais pas exactement où je vais, mais je n'ai pas le temps d'y penser. Cette fois je n'ai plus de doutes sur l'origine de la menace, et je dois prévenir tout le monde.

Dune fonce à travers la Grande Forêt, qui était ma dernière étape avant d'arriver chez moi. Le cor sonne encore, un peu plus loin, mais il est hors de question que je m'arrète. Je vois un torrent que j'ai traversé peu avant de m'arrêter et me prépare à le sauter, il est suffisamment étroit pour que ce soit possible. Je me mets en équilibre comme je peux sans étriers et attends pour ne pas gêner mon cheval dans son saut. Je dois les avoir perdus pour un moment, s'ils ne regardent pas trop leurs pieds. Je ralenti un peu, passe sur un trot énergique. Je suis toujours plus rapide qu'eux pour l'instant, mais je ne vais pas pouvoir continuer à ce rythme très longtemps si je ne veux pas tuer mon cheval à l'effort.

Je tiens encore deux heures ainsi, ma fatigue oubliée grâce à l'adrénaline et mon cheval toujours en forme. Cependant je sais que bientôt il faudra faire une pause. Dune n'est pas loin de s'arrêter de lui même, je le sais. Et moi je vais tomber de sommeil, car j'ai dû dormir environ trois heures avant d'être réveillée.

Je traverse encore une rivière, à gué cette fois, et pars sur la gauche. J'espère les contourner pour rejoindre la ville et donner l'alerte. Sauf que ça ne se passe pas exactement comme prévus.

Je n'y avais pas fait attention, mais la sonnerie qui me permettait de repérer le danger n'a pas retenti depuis un moment, et quand l'Yrrksh sort des buissons à une vingtaine de mètres devant moi, Dune se cabre en hennissant et fait demi-tour sur place. Aucun cavalier au monde n'aurait pu tenir en selle, à cru comme cela, et je me retrouve par terre. Ma seule échappatoire est le torrent que je longe. Je ne prends pas le temps de réfléchir et saute dans l'eau. J'ai de la chance, car l'Yrrksh semble surpris de me voir, ce qui m'a permis de lui échapper.

J'entends seulement l'Yrrksh pousser un cri de rage avant de me faire emporter par le courant. Le choc de l'eau froide et la masse de liquide qui se jette sur moi ne me laissent aucune chance dans les premières secondes. Je manque de me noyer. Plusieurs fois. Il s'en faut également de peu que je finisse écrasée sur des rochers un nombre incalculable de fois. Les rares instants où j'arrive à remonter à la surface pour prendre un peu d'air et me repérer, je me rends compte que je ne suis pas plus proche qu'avant de la berge. Je commence vraiment à paniquer. Mais je finis, après de très longues minutes de combat acharné contre la rivière par rejoindre la rive. Je reste un moment allongée là, haletante, tenant de reprendre mon souffle.

J'ai été entrainée sur plusieurs kilomètres, peut-être même plusieurs dizaines, et je sais qu'ils ne retrouveront pas ma trace de sitôt. Mais je ne peux pas m'attarder éternellement quand même. Maintenant, je dois à tous prix m'éloigner du torrent, en essayant de laisser le moins de trace possible.

Je me remets en route péniblement, incapable de courir. Pour l'instant.

La poursuite (en réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant