Périple

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Quand je reviens à moi, je n'ai aucune idée de combien de temps je suis restée inconsciente.

Il fait totalement noir, mais au roulis régulier de la pièce dans laquelle je me trouve je devine que je suis sur un bateau.

Après quelques secondes, une fois que mes yeux sont habitués, le peu de lumière qui filtre d'une trappe au plafond m'indique que nous sommes dans la cale.

Je repère une silhouette allongée à quelques mètres de moi, et je me rends compte quand j'essaye de me lever que j'ai les mains liées dans le dos, et les pieds entravés.

Cela me rappelle de très mauvais souvenirs que je chasse rapidement. Je dois me concentrer sur la situation actuelle. Je me tortille pour me lever et m'avance vers le corps allongé. C'est ma sœur. Je tombe plus que je ne descends sur mes genoux pour m'assurer qu'elle va bien.

Voir sa poitrine se soulever régulièrement me rassure immédiatement, elle est simplement encore inconsciente.

Je me relève tant bien que mal à la recherche des autres, et après avoir tenté de faire dans le noir le tour de la cale, je me rends à l'évidence : nous sommes seules.

Je ne sais pas ce qu'il est arrivé à ma mère ni à mon amour, et ça m'inquiète. J'espère qu'ils vont bien, et qu'ils n'ont pas été embarqués avec nous. Je prie également pour qu'ils soient rentrés au château dès que l'assassin a été attrapé.

Je m'assois près de ma sœur, n'ayant rien d'autre à faire qu'attendre. La faim commence à me tirailler l'estomac, et ce dernier émet des bruits de plus en plus forts.

Au bout d'un long moment, la trappe s'ouvre et l'un des soldats qui nous accompagnait descend l'escalier.

C'est là que je comprends. Je comprends que mon père ne délirait pas, et je comprends aussi que je suis dans les ennuis jusqu'au cou. Je ne sais pas quelle attitude adopter, j'attends donc qu'il agisse en premier. Je tente tout de même de me redresser, et après y être parvenue je me place entre Larina et lui.

Quand il voit que je suis réveillée, il s'approche de moi, et avant qu'il ne dise quoi que ce soit, je demande :

– Qu'est-ce que ça signifie ? Où allons-nous ? Pourquoi nous retenez-vous ?

– Le Shmitiya nous a ordonné de vous écarter de l'île pour quelques temps. Nous suivons les ordres. Désolé.

Son ton indique qu'il ne l'est pas vraiment. Je sais qui il considère comme Shmitiya, mais je préfère jouer l'ignorance pour l'instant.

– Mais je suis la Shmitiyou...

– Votre oncle a prouvé qu'il serait meilleur et qu'il a plus de droits que vous. Arrêtez de poser des questions, maintenant. Je vais aller informer le commandant que vous êtes réveillée. Votre sœur ne devrait plus tarder à faire de même.

Il me tourne le dos et remonte sans m'accorder un mot de plus et je me retrouve à nouveau dans le noir.

Le peu de lumière qui est sorti de la trappe et sa couleur me font comprendre que nous sommes au lever du soleil. Je suis donc restée inconsciente au moins un jour entier puisque quand nous sommes arrivés au port le soleil était tout proche de se lever et que les soldats n'auraient pas pu lever l'ancre aussi rapidement.

Après seulement quelques minutes, Larina se réveille. Je suis immédiatement à ses côtés. Elle regarde autour d'elle, et ses yeux s'éclairent quand elle me reconnaît. Elle a la voix pâteuse quand elle me demande :

– On est où Jana... ?

– Écoute moi bien petite sœur, je sais que ça va être dur à croire mais tu dois me faire confiance : nous avons été trahies. Par Oncle Werner. Il veut devenir le nouveau Shmitiya. C'est pour ça qu'il a ordonné à Jaren et aux autres de nous emmener loin de chez nous.

La poursuite (en réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant