Adaptation

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Les jours passent et se ressemblent, devenant des semaines.

J'apprends à connaître Aren et Gastin, mais aussi Denoran et son fils.

Aren est très gentille, elle a une philosophie de vie très spéciale, axée surtout sur l'harmonie et la liberté. Quand je lui ai demandé si la situation n'était pas trop dure elle m'a dit que tant que son esprit serait libre elle pourrait s'accommoder de tout.

Elle m'a dit venir d'une grande île très lointaine, mais sans me dire son nom. Cela ne me dirait sûrement rien de toute façon, m'a-t-elle dit avec un regard malicieux. J'ai dû me contenter de ces informations.

Gastin en revanche est né ici. Il a toujours vécu sur l'exploitation, sa mère est morte en couche mais Denoran a décidé de s'en occuper tout de même. Il l'a confié à Aren qui venait d'arriver à ce moment-là, à quelques semaines près.

J'apprends également que, si Denoran est plutôt bienveillant avec nous, son fils est bien plus ambigu. J'ai surprit plusieurs regards qui m'ont mise très mal à l'aise, et il a fait plusieurs allusions malsaines. Cependant ce n'est jamais allé plus loin, et s'il est bien plus sévère que son père, il ne sanctionne jamais sans raison.

Nous nous efforçons donc de remplir toutes nos tâches du mieux possible quand Denoran s'absente, car nous savons que les sanctions seront plus dures. D'ailleurs Falek ne cesse de se disputer avec son père à ce sujet. Il le trouve trop laxiste avec nous, et dit que le travail n'avance pas. Nous faisons pourtant tout ce qui est prévu chaque jour, quitte à terminer très tard le soir.

Je me fais doucement à cette vie, mais je ne peux pas être heureuse. Déjà simplement par mon statut d'esclave, mais aussi et surtout parce que ma sœur, Erwin et ma mère me manquent, tout comme mon climat plus doux d'origine, et les longues chevauchées avec Dune.

Mais le pire est de savoir Larina ici, sur cette île, et de n'avoir aucune nouvelle, je ne sais même pas si elle est en vie. J'ai tenté de poser la question à Denoran, mais il m'a dit qu'il ne savait pas et qu'il n'avait pas de moyen de savoir car les vendeurs avaient quitté de la ville juste après qu'il m'ait achetée.

Je sens petit à petit les jours que j'ai passée attachée au poteau s'éloigner et mon corps récupérer de cette privation. Notre travail n'est pas si facile, et nous n'avons que deux repas par jour, mais je vois quand même mon état s'améliorer. Je sens également mes muscles travailler petit à petit, même si le changement est très subtil. Mon endurance augmente, je ne suis plus harassée après une longue journée, et je me contente de moins de sommeil. De moins de nourriture également.

Je commence également à créer des liens avec les animaux de l'exploitation. Les autres ayant très vite compris que j'avais une affection particulière pour les chevaux me laissent m'en occuper la plupart du temps, et j'aide aussi pour les fardunosts. Je découvre le caractère de chacun, et cela m'aide à combler un tant soit peu le vide des pertes que j'ai subies. Il m'arrive cependant souvent de laisser échapper quelques larmes le soir sur ma paillasse en pensant à mes parents et à ma sœur.

Et à Erwin. Nous sommes nés à quelques jours d'intervalle, et dès que nous avons été en âge de le concevoir nous sommes devenus amis. Ce sentiment s'est assez vite transformé en amour avec l'arrivée de l'adolescence, et nous avons décidé de nous promettre l'un à l'autre dès que nous serons en âge de le faire. C'est ainsi qu'à nos vingt ans, nous avons tenu cet engagement. Nous devons donc vivre au moins trois ans ensemble avant de nous marier.

Je chasse ces pensées nostalgiques de mon esprit pour me concentrer sur ma tâche : ramasser des légumes. La chaleur de l'été me fait transpirer à grosses gouttes mais je m'y suis habituée.

Une fois mon panier plein, je le fais passer à Aren dans la cuisine pour qu'elle en fasse une salade, et je vais réparer la clôture du parc des fardunosts, qui a un défaut depuis que l'un d'eux, la veille, a tenté de la franchir après avoir été surprit par l'envol soudain de nombreux oiseaux, sûrement dû au passage d'un prédateur.

La ferme est très isolée, nous ne voyons donc personne, et Denoran n'a jamais de visites. C'est toujours lui qui se rend au village pour faire le plein des provisions que nous ne produisons pas et vendre notre excédent.

Une fois ma tâche achevée, je vais me désaltérer au puits qui est situé au milieu de la cour, et quand ma soif est étanchée, je vais faire la tournée des box pour nourrir les chevaux. Nous n'avons évidemment pas le droit de les monter, mais me retrouver auprès de ces animaux compréhensifs me fait du bien quand je suis triste, ou quand je repenses à mon ancienne vie. Avec le grain, je donne une caresse à chacun, c'est surtout grâce à ça que j'ai réussi à avoir un début de relation avec eux. Je ne me contente pas de leur donner à manger.

Le soleil est en train de se coucher, il va falloir servir le repas. Je rentre donc dans la maison et me lave les mains à la cuisine avant de dresser la table. Je suis aidée par Gastin, pendant qu'Aren termine sa préparation, puis nous avertissons les deux hommes que le repas est prêt.

Nous faisons le service et une fois que nos maîtres ont terminé nous débarrassons, lavons et nous pouvons enfin manger à notre tour. Nous sommes tous fatigués et le cœur n'est pas vraiment à la discussion, aussi nous terminons rapidement et une fois que tout est rangé nous allons nous coucher.

Sauf que pour une raison inconnue, ce soir, je n'arrive pas à trouver le sommeil. Je me tourne un long moment sur ma paillasse avant de me lever sans bruit et de sortir. Je me rappelle soudain que nous ne sommes pas censés quitter le bâtiment après le repas du soir, ce qui me fait m'arrêter au milieu du couloir. Puis je me dis que de toute façon je n'ai pas l'intention de m'enfuir, et après un rapide coup d'œil dans la cage d'escalier je sais que Denoran et son fils dorment, ou du moins qu'ils sont couchés puisque aucune lumière ne filtre de leurs chambres respectives.

Je décide donc de m'accorder une petite promenade à l'extérieur, juste derrière le parc des fardunosts. C'est encore dans la propriété, il s'agit des dernières parcelles du potager. Elles sont cependant quasiment à l'abandon, bien que nous allions de temps en temps couper les mauvaises herbes et cueillir ce qui peut l'être.

Respirer l'air frais de la nuit me fait du bien, je me sens plus calme en admirant les étoiles au dessus de ma tête, à la fois si proches et si lointaines. Je marche le nez en l'air, sans faire attention à la direction, quand je bute sur quelque chose, ce qui me fait m'étaler à plat ventre. J'étouffe un juron en me redressant en position assise.

Derrière moi, des piaillements retentissent, dont je ne peux savoir s'ils sont agressifs ou apeurés.

Je me retourne lentement avant de me figer de stupeur. Par la déesse mais qu'est-ce que cette créature fait là ?

Voilà, encore un chapitre posté ! Ne me tuez pas pour la fin, la suite arrive très bientôt et vous saurez tout ! Sinon c'est toujours les mêmes choses hein vous finissez par savoir (question/avis/remarques en commentaires, votes, tout ça tout ça). Et moi je vous dis à bientôt !

La poursuite (en réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant