Choc

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Je suis réveillée par Cahne qui me secoue. Nous nous sommes couchés très tard et le soleil n'est pas encore levé, j'ai donc beaucoup de mal à émerger du sommeil.

Aujourd'hui, je dois travailler dans un champ avec une dizaine d'autres esclaves. Nous labourons la terre en prévision des semences qui auront lieu dans quelques semaines.

Nous sommes surveillés par trois hommes armés pendant que nous travaillons, et c'est l'un deux qui s'approche de moi vers le milieu de la matinée en me faisant signe de le suivre.

Je lance un regard interrogatif à celle que je connais le mieux depuis la veille, qui me répond d'un haussement d'épaule.

Je prends une grande inspiration et marche à la suite du garde, qui ne m'a pas attendue.

Je dois presque courir pour le rattraper et me maintenir à sa hauteur, c'est donc essoufflée que je m'arrête à côté de lui, devant une porte à laquelle il toque.

Il l'ouvre sans attendre de réponse et, sur son ordre, je passe devant lui pour entrer dans la pièce.

C'est une bibliothèque immense, avec deux étages de plafond. Une coursive court à peu près à mi-hauteur, et des échelles grimpent le long des murs pour permettre au lecteur d'atteindre les étagères supérieures.

Entre les étagères du milieu et sur la coursive, il y a des fauteuils et des tables partout, le tout éclairé par d'innombrables lampes qui émettent une lumière tamisée.

Un seul homme est présent dans la pièce, penché sur un livre qui a l'air très gros et un gobelet à la main. Il se retourne et se lève quand il entend le garde refermer la porte en partant.

J'avais reconnu l'homme qui m'a achetée, et je ne peux m'empêcher de baisser la tête quand il s'avance dans ma direction, ne sachant pas ce qu'il attend de moi.

Il parle d'une voix basse très calme :

– Tu sais pourquoi tu es ici ?

Je dégluti, mal à l'aise sous son regard perçant, avant de répondre :

– Non... monsieur. Je ne sais pas ce qui vous a pousser à m'acheter.

Il me tourne autour pendant que nous parlons, et j'ai beaucoup de mal à rester en place.

– En fait, m'explique-t-il, ceux qui t'ont revendue à moi ont été envoyés à la demande d'un ami.

Cela confirme mon hypothèse. Et je le ressens comme une sorte de trahison. Je voudrais cependant en avoir le cœur net, aussi je me risque à poser une autre question :

– Puis-je savoir... qui est cet ami s'il-vous -plaît ?

– Il t'aimait bien pourtant, tu sais ? S'il n'y avait pas eu l'incendie, il t'aurait gardée.

Là je suis perdue. Je pensais que cet homme parlait de Falek, mais visiblement c'est Denoran qui a fait ça, puisque le jeune ne m'a jamais vraiment appréciée. De plus en y réfléchissant, il est plus logique que Denoran soit ami avec cet homme puisqu'ils sont assez proches en âge.

Je ne peux réfléchir plus avant car mon interlocuteur a changé de sujet :

– Mais qui il est n'est pas le plus important. Maintenant que tu es ici, il y a certaines choses que tu dois savoir. Je n'ai pas eu le temps de m'occuper de toi hier, je vais donc mettre les choses au clair maintenant : tout vol de nourriture, manque de respect envers les gens libres ou tentative de quitter cet endroit sera sévèrement puni. Il est évidemment interdit de s'opposer à ces punitions, que ce soit pour toi ou pour un autre. De plus, si tu ne fais pas le travail qui t'a été assigné, ou si ce n'est pas satisfaisant, tu recommencera jusqu'à ce que la personne avec toi estime que tu as fait ce qu'on attendait de toi. Vous avez deux repas par jour, un le midi et un le soir. Tu ne dois pas communiquer outre mesure avec les autres, vous pouvez bien sûr parler si vous travailler ensemble, et discuter, mais si nous voyons que vous semblez préparer quelque chose vous serez séparés. Tu dois maintenant te demander quelles sont les châtiments encourus si ces règles ne sont pas respectées ?

La poursuite (en réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant