Nouvelles

188 45 35
                                    

Une semaine passe encore ainsi, je travaille tous les jours à la cuisine à préparer le repas, puis je sers de temps en temps à table.

Au bout de huit jours, un garde me conduit de nouveau devant le roi. L'interprète n'est pas là, aussi je comprends qu'il ne jouera plus avec moi. Il ne tourne d'ailleurs pas autour du pot et me dit directement :

– Ton père a levé une armée. Il va arriver dans deux jours. Peut-être moins.

Je ne sais pas quoi penser. Mon père peut peut-être me libérer, mais ça fait une semaine que je vis avec eux, et je commence à comprendre qu'ils sont aussi civilisés que nous. Mais ce n'est pas mon peuple. Et je ne veux pas que mon père s'engage dans une guerre et risque des centaines de vies pour moi.

Alors je réponds :

– Laissez moi aller lui parler. Je peux le raisonner, il vous paiera.

– Pour que tu file avec lui directement ? Hors de question. Ne me prends pas pour un idiot. Tu resteras ici tant que je n'aurais pas eu ma rançon. Et si je ne l'ai pas j'aurais ta tête.

Je dégluti avec difficulté. Il a l'air particulièrement en colère. Cependant je dois insister.

– S'il vous plaît, laissez moi y aller. Accompagnée, même si vous voulez. Et je vous ramènerai l'or moi même.

– J'ai dit que c'était hors de question. S'il veut la guerre il peut venir la chercher, mais il perdra sa fille. Il est prévenu.

–Mais je...

– Ce n'est pas une question ! S'écria le roi en se levant brusquement de son trône. Je t'informe simplement de ce qu'il va se passer, tu n'es pas en mesure de négocier quoi que ce soit !

Je l'ai vraiment énervé. Et je ne suis pas stupide au point de continuer à insister. Alors je baisse la tête, résignée, et dit :

– Très bien. J'attendrais ici.

Il réfléchit une longue minute, durant laquelle je peux presque voir les rouages de son cerveau fonctionner. puis, bizarrement, il se ravise, et dit sèchement :

– Non. Demain, nous partons à l'aube à sa rencontre. Je ne le laisserai pas approcher de mon peuple. C'est tout ce que tu as à savoir. File.

Je me retourne après un léger salut de la tête et le garde me reconduit à ma cellule.

Toute la nuit, j'appréhende la rencontre du lendemain. Je n'arrive pas à fermer l'œil. Je me retourne sur ma paillasse en pensant à ce qu'il va se passer. Je tente de deviner la réaction de mon père quand il me verra avec un couteau sous la gorge. J'espère qu'il dominera sa haine envers les Yrrkshs.

Et puis j'ai peur. Peur que, sur un coup de tête, ou pour se défouler, le roi décide de me garder, ou pire, de me tuer pour se venger de la guerre d'autrefois.

Je sais qu'une longue journée de marche nous attend, que nous allons certainement les rejoindre dans la nuit, même. Mais ces peurs tournent dans mon esprit sans que je puisse les faire taire, et mon cerveau bouillonnant d'inquiétude refuse de déconnecter quelques heures.

La poursuite (en réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant